Auxerre va le payer cher

Les CRS ont dû évacuer la tribune Leclerc de l'Abbé-Deschamps - -
41 minutes d’interruption !
C’est en tout le nombre de minutes durant lesquelles la rencontre a été arrêtée par M. Ennjimi. Par deux fois, l’arbitre a dû interrompre le match le plus suivi de la 38e journée. Celui qui, avec le duel à distance du PSG à Lorient (21), devait désigner le champion de France 2011/2012. Furieux après la relégation de leur équipe, les Ultras auxerrois situés dans la tribune Leclerc ont gâché la soirée. Pendant un quart d’heure, le kop a empêché toute personne de s’y installer. Ensuite, les fans sont entrés dans la tribune en criant : « Direction démission ». Mais aussi en dépliant une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Vous êtes la honte de ces 32 dernières années ». Le tout en faisant exploser des pétards. Le seconde période venait de reprendre quand la cage de Geoffrey Jourden a été la cible de jets de tomates, papier toilette et autres balles de tennis. L’arbitre a fait évacuer le terrain pendant 19 minutes. Un fumigène lancé en direction du gardien du MHSC a poussé M. Ennjimi à de nouveau interrompre la partie, alors que les deux équipes étaient à égalité (1-1). La préfecture de police décidait alors l’évacuation des perturbateurs. Vingt-deux minutes plus tard, le match pouvait enfin reprendre. Il est 23h07. Dans les vestiaires du Moustoir, les Parisiens regardent et espèrent un deuxième but auxerrois. A 23h13, le second but d’Utaka douche les derniers espoirs d’Ancelotti et de son équipe. Montpellier est sacré, mais au bout de la nuit, et après 41 minutes d’interruption.
Les autorités savaient
Comment les Ultras de l’AJA ont-il pu introduire dans l’enceinte de l’Abbé-Deschamps du papier toilette, des tomates, des balles de tennis, des fumigènes et des fusées ? Galvanisé par la présence du tout nouveau ministre de l’Intérieur, Manuel Vals ? Les 300 membres du kop ont introduit les projectiles la veille du match et sont allés les récupérer pendant le premier quart d'heure durant lequel la tribune était vide. C'est le scenario auquel ont conclu les autorités, excluant l'incompétence ou la coopération du service d'ordre et des stadiers. La Préfecture savait pourtant que les agités de l'AJA préparaient un coup d'éclat. La rencontre, pourtant sans enjeu pour des Bourguignons déjà relégués, avait été classée à risque par les autorités de police qui avaient renforcé le dispositif des forces mobiles. Les Ultras n’en n’étaient pas à leur premier coup. En janvier contre Nancy (1-3) et en mars contre Evian (0-2), ils avaient défié les forces de l’ordre. « La priorité a été donnée à l’évacuation de la tribune des supporteurs ultras auxerrois, qui s’est déroulée sans incident », a affirmé la préfecture, refusant toute polémique. Les 300 Ultras se fondaient dans les 2000 occupants de la tribune Leclerc. Une situation qui explique le temps demandé pour l'évacuation. « Soit on est dans la crainte et on ferme le stade ou la tribune, soit on sait qui on peut regarder en face, et c’est ce qui a prévalu, relativisait le président de l’AJA, Gérard Bourgoin, lundi. Il n’y a pas eu de blessés, c’est un épiphénomène. On n’efface pas 33 ans de civisme par 40 minutes d’explosion irréfléchie. »
Bourgoin dans le viseur
Le président de l’AJA était l’homme à abattre pour les Ultras auxerrois hier soir à l’Abbé-Deschamps. « Direction démission », « Vous êtes la honte de ces 32 dernières années », « La L2 à l’Abbé, Thiriez en rêvait, Bourgoin l’a fait »… Les messages des banderoles du kop de la tribune Leclerc, quatre au total, étaient explicites : l’homme d’affaires, président de l’AJA depuis mai 2011, devait payer pour la relégation du club bourguignon après plus de trois décennies parmi l’élite. « Je ne suis pas un cerf au milieu de l’étang avec des chiens qui mordent autour », déclare pourtant l’intéressé. Je suis conforté dans la plupart de mes décisions sportives. Si j’avais senti la moindre contestation, il n’aurait pas fallu compter sur moi. » Gérard Bourgoin est critiqué pour ses choix d’entraineurs, Laurent Fournier, puis depuis 18 mars et la défaite face à l’ETG, Jean-Guy Wallemme. Récemment, le patron de l’AJA par ailleurs volailler a aussi annoncé que son club allait diviser par deux son budget (de 44 M€ à 20 M€) en passant au mode « auberge de jeunesse »… Guillaume Warmuz, autre Sang et Or, est appelé comme entraîneur des gardiens pour la saison prochaine en L2. « Sur Fournier, on peut dire qu’il y a eu une erreur de casting. C’est un véritable échec, dont je porte la responsabilité. Je porterai la responsabilité demain si le choix que je viens de faire en la personne de Jean-Guy Wallemme, de Kamel Djabour et Guillaume Warmuz (adjoints), ne réussit pas. »
L’AJA peut prendre cher
Le président de la Ligue ne pouvait pas être plus clair. Les débordements des Ultras auxerrois ont été examinés par la commission de discipline de la LFP dès ce lundi qui, après avoir demandé des rapports complémentaires, statuera jeudi à 18h. Dès lundi, la préfecture de police de l’Yonne visionnait les images de la tribune Leclerc. Frédéric Thiriez a d’ores et déjà condamné un « comportement irresponsable du kop d’Auxerre », tout en espérant que des « sanctions seront prises ». La Ligue s’est évitée une victoire de Montpellier sur tapis vert, si le match avait dû être arrêté. Une décision qui aurait pu faire l’objet d’un recours de la part du PSG. Il n’empêche. L’AJA, déjà reléguée, est sous la menace de sanctions qui peuvent aller de la simple amende au huis clos, à la suspension de terrain ou au retrait de points. Des incidents qui risquent de peser sur la reprise, prévue le 18 ou le 19 juin. « On risque de très grosses sanctions, j’espère que ce sera des peines sursitaires », prie Bourgoin.