« Azpi » a bien grandi

Cesar Azpilicueta - -
Question intégration, il y a des signes qui ne trompent pas. Comme la maîtrise d’une langue qui n’est pas la vôtre. Lorsqu’on entend parler Cesar Azpilicueta, l’accent de Pampelune chante toujours dans sa voix. Mais son français est clair, plus que correct, bref beaucoup plus convenable que d’autres pensionnaires étrangers de la Ligue 1. L’intéressé n’a pas seulement amélioré son usage de la langue de Molière. Depuis un mois, il a aussi hissé son niveau de jeu, pour se rapprocher enfin de celui qu’il affichait à Osasuna. Celui qui avait séduit un an et demi plus tôt Didier Deschamps, au point de pousser l’OM, alors en quête d’un remplaçant à Laurent Bonnart, à débourser 7,5 millions d’euros pour sa venue. Entre ces dates charnières, c’est une véritable traversée du désert qu’a connu « Azpi ».
Contre-attaquant prometteur, défenseur plutôt véloce et attentif, le jeune Espagnol égare toutes ses qualités en débarquant sur la Canebière. Ses débuts sont catastrophiques. Le joueur est en souffrance chaque week-end en championnat et lorsque vient enfin la lumière, patatras, « Azpi » se rompt le ligament croisé antérieur du genou gauche fin novembre 2010. Le latéral, qui venait de qualifier son club en demi-finales de la Coupe de la Ligue, de donner un but décisif à André Ayew à Toulouse et de livrer son meilleur match en Ligue des Champions contre le Spartak Moscou, voit son élan stoppé net. De quoi avoir envie de rentrer chez soi. « C’est vrai que quand vous connaissez des moments difficiles, vous pouvez penser à partir, reconnait-il. Mais je n’y ai jamais pensé. J’ai continué à travailler, avec la confiance et c’est ce qui m’a permis de faire de meilleures choses. »
« On porte un maillot qui nous oblige à toujours lutter »
Rien ne pouvait garantir qu’Azpilicueta se mettrait un jour au diapason de la Ligue 1. D’autant que le recrutement de Rod Fanni lui promettait une difficulté supplémentaire. « Sa signature était normale après ma blessure. J’avais parfaitement conscience de la situation » explique l’Espagnol. Mais, après une mise en route encore compliquée cet été, il est enfin monté en puissance. Comme Amalfitano ou Nkoulou, « Azpi » brille. Et rassure. Devant Paris, à Dortmund, il tient avec autorité son couloir. Après le temps des critiques, vient celui des éloges. « Ce n’est agréable pour personne d’être critiqué, confie-t-il. Mais si on vous critique, c’est qu’on attend mieux de vous et qu’on vous estime capable de le faire. »
Ce mieux individuel est aujourd’hui un des nombreux vecteurs du renouveau olympien. Déterminé à revenir au plus haut niveau – ce qu’il a fait en intégrant les Espoirs espagnols champions d’Europe l’été dernier – Azpilicueta l’est autant à transmettre son enthousiasme au reste de son groupe. « On a les moyens de revenir dans la course aux trois premières places, estime-t-il. Mais c’est vrai qu’on a beaucoup de retard et ça va être difficile. Ces derniers temps, on fait les choses beaucoup mieux. On doit prendre les matchs les uns après les autres et on verra où ça nous mène. On porte un maillot qui nous oblige à toujours lutter, on ne va pas lâcher. » L’OM peut prendre exemple sur son latéral droit. Ne pas lâcher ne lui a pas trop mal réussi.