
Bastia / Geronimi : « On veut nous tuer »

Pierre-Marie Geronimi - -
Pierre-Marie Geronimi, comment réagissez-vous à la suspension à titre conservatoire de Furiani ?
Peut-on avoir une réaction face à une telle décision ? Je ne sais pas… C’est une totale stupéfaction. On est abasourdi par ce type de décision. On disait que le fait de jouer à huis-clos contre l’OM était injuste et très sévère. Là, il y a tellement de sentiments qui se mêlent... Il est difficile d’avoir une réaction. En plus, on risque de dire des choses qu’on regretterait après.
Vous ne vous attendiez pas à cette décision ?
Comment pouvait-on s’attendre à une telle décision ? On a quitté le stade hier soir (mercredi) sur des rapports d’officiels qui ne mentionnaient rien de spécial, mis à part, c’est vrai, un pétard qui a fait du bruit avant le match. Dans l’enceinte du stade, il ne s’est absolument rien passé. On est en train de nous reprocher des choses qui se sont passées en dehors du stade, où le club n’a pas la possibilité d’intervenir. C’est la voie publique. On ne comprend vraiment pas. S’il s’était passé quelque chose à 20 ou 25 kilomètres du stade, on en serait aussi responsable ? C’est incompréhensible. Je ne vois pas comment on va pouvoir nous expliquer, alors qu’on va intenter des recours dès demain matin (vendredi), que ce qu’il se passe en dehors du stade est de notre fait.
La Ligue indique que c’est « à l’initiative du club » que des supporters se sont rassemblés sur le parking…
C’est faux, ultra-faux ! Les autorités civiles et policières de Haute-Corse pourront en témoigner et le confirmer. Dès que la sanction du huis-clos a été annoncée, plusieurs centaines de supporters nous ont appelés et nous ont fait part du fait qu’ils seraient autour du stade. Comme il y a deux ou trois ans contre Strasbourg, comme récemment à Saint-Etienne parce qu’une tribune était à huis-clos. Par souci de commodité et de confort, nous avons fait part aux autorités de la possibilité de mettre à disposition des supporters un écran géant. Il n’y a eu aucune objection. Comment peut-on venir nous reprocher d’avoir mis un écran géant et d’avoir organisé quelque chose ? Nous n’avons rien organisé. C’était tout simplement un rassemblement spontané de supporters qui voulaient encourager leur équipe, même en restant à l’extérieur du stade.
Contestez-vous le jugement de la Ligue, qui écrit dans son communiqué « qu’il règne une grande insécurité pouvant à tout moment entraîner la mise en danger des spectateurs et des acteurs du jeu » ?
Comment pouvait-on mettre en danger la sécurité des spectateurs et l’intégrité des joueurs alors que le match était à huis-clos, qu’il n’y avait personne dans les tribunes ? C’est à se demander comment on peut écrire des inepties et des énormités pareilles. Ce n’est pas possible. Dès qu’on aura saisi les différentes commissions ou juridictions, civiles ou autres, ce sont des mots qui vont passer à la moulinette. C’est quand même extraordinaire. La réalité, on le dit depuis quelque temps, on ose le dire et peut-être qu’on le paye, c’est qu’il y a un président de la commission de discipline (Pascal Garibian, ndlr) qui a entrepris depuis bien longtemps de nous démolir. Il ne nous aime pas. Il ne veut plus entendre parler du Sporting Club de Bastia. Semaine après semaine, mois après mois, il trouve tout ce qu’il peut pour nous faire mettre un genou à terre. Mais nous ne mettrons pas les deux genoux à terre.
Vous avez le sentiment d’être dans le viseur…
L’année dernière, nous avons été le seul club à jouer un match à domicile à l’extérieur. Nous avons reçu Arles-Avignon à Créteil (3-0, en Ligue 2, le 28 octobre 2011). Cette année, nous avons été le seul club à avoir une tribune à huis-clos puis le stade entier à huis-clos. Maintenant, on nous suspend à titre conservatoire. Jusqu’à quand, on ne sait pas. C’est de l’acharnement. On veut nous tuer. Si on ne veut plus du Sporting Club de Bastia en Ligue 1, en Ligue 2, en National ou de façon plus générale dans le championnat de France, il suffit de nous le dire. De dire « on ne veut plus aller en Corse, à Bastia, à Ajaccio ». C’est le message qu’on nous envoie en permanence, en particulier le président de la commission de discipline.
Que comptez-vous faire ?
On va se réunir, attendre la notification de la décision. On ira en commission d’appel. Il faut suivre les règles. Après, il y aura d’autres recours, le CNOSF, les tribunaux… On ne peut pas se laisser massacrer, laisser un club plus que centenaire prendre des coups. Ce sont des coups bas. On est sur de la traîtrise, de la lâcheté. Les valeurs du Sporting, ce sont les valeurs des Corses et de la Corse. Ces mots-là, les Corses ne veulent pas en entendre parler.
Où allez-vous jouer face à Nancy le 22 décembre ?
Si la décision est appliquée, on ne pourra pas jouer à la maison. Demain (vendredi), on part à Montpellier. Il y a le week-end. On va se retrouver lundi à Bastia. On nous demande donc d’organiser, en quatre ou cinq jours, un match de Ligue 1. On ne sait pas où, on ne sait pas comment. Il va falloir que ces messieurs de la commission de discipline nous disent où on va pouvoir jouer, de quelle manière on va pouvoir y aller. On n’est pas des magiciens. Si on avait voulu qu’on déclare forfait contre Nancy, on ne s’y serait pas pris autrement. On va voir. Mais on fera tout pour que ce match se joue à Furiani.