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Bielsa : « On oublie parfois que le foot, c’est la création de l’émotion »

Marcelo Bielsa

Marcelo Bielsa - AFP

C’est un Marcelo Bielsa bavard et presque philosophe qui s’est présenté devant la presse ce mercredi. L’entraîneur de l’OM a notamment exposé sa vision du football moderne, pas forcément en adéquation avec ses attentes, ou encore sa méthode, qui a inspiré Pep Guardiola et Diego Simeone.

L’hésitation de Stambouli à rejoindre l’OM

« Je ne ferai aucun commentaire sur aucun joueur publiquement, ou sur le poste auquel il pourrait évoluer. Si un joueur a envie de rejoindre de l’OM, il le fera par rapport à la dimension du club. Mon avis est peut-être un peu démodé mais pour moi un entraîneur n’a pas à convaincre un joueur de venir, cela doit venir du joueur lui-même. C’est comme ça que je vois les choses. »

Le style Bielsa

« Je ne peux pas dire que j’ai inventé quelque chose, mais j’ai observé ce que font les grands joueurs dans leurs actions. Et j’ai essayé de convertir cela en messages à faire passer aux joueurs avec lesquels je travaille. J’essaye de montrer comment on peut produire du beau jeu et être efficace et je me base sur le talent des grands joueurs. On donne peut-être une dimension démesurée aux entraîneurs. Finalement, c’est un récit : on prend exemple sur les grands joueurs et on essaye de calquer ce qu’ils font pour nos joueurs. Ce sont des scenarios que l’on tente de reproduire. »

Plaisir contre froid professionnalisme

« Finalement, ce qui nous unit, c’est la joie de partager l’expression de gestes techniques superbes, surtout quand les joueurs sont de l’équipe que l’on soutient. Malheureusement, au niveau de l’émotivité, ça a été déformé. Le succès écrase tout le reste, au détriment du facteur esthétique. C’est ce qui a éteint un peu la pureté originelle du football. Une simple anecdote à titre d’exemple : pour match de Montpellier (0-2), mon plus grand sentiment était cette envie à l’échauffement de vouloir à tout prix satisfaire 55 000 spectateurs et de ne pas les décevoir. Au final, il y a eu cette déception de ne pas avoir satisfait ces personnes, ce qui était une prétention légitime.

Cela n’a rien à voir avec le professionnalisme. On est dans l’exercice tout bête des tâches quotidiennes parce que c’est la routine, mais on oublie parfois que le foot, c’est la création de l’émotion, captiver des gens qui ne demandent qu’à s’enflammer, surtout à Marseille. Ça a été douloureux contre Montpellier de ne pas y être arrivé. On travaille parce qu’on croit que c’est le remède, mais on oublie qu’il y a une immense partie de plaisir autour du ballon rond et c’est souvent incompatible avec le froid professionnalisme auquel dont on doit se soumettre. C’est comme un "dégusteur" qui déguste des vins : c’est son métier, ça s’arrête là. »

Un modèle pour Guardiola et Simeone

« Sans vouloir faire dans la fausse modestie, mais force est de constater qu’ils ont obtenu bien plus de titres que moi, donc leur reconnaissance envers moi est quelque peu exagérée. Il ne faut pas retenir que leurs titres. Ce qui les représente, c’est leur expression, comment ils voient les choses en tant qu’entraîneurs. Et on parle de deux entraîneurs aux styles opposés. Ils ont réussi à faire de grandes choses, ce sont de grands entraîneurs et je ne crois pas pouvoir tenir la comparaison. Ils ont un style à eux, quelque chose auquel ils pensent. Et leurs joueurs arrivent à reproduire cette réflexion sur le terrain. »

Propos recueillis par Florent Germain