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Blanc : « Il y a beaucoup de donneurs de leçons dans le football... »

Laurent Blanc

Laurent Blanc - AFP

Touché par les critiques sur son équipe et sa personne après le match nul du PSG sur la pelouse de l’Ajax (1-1), Laurent Blanc n’a pas caché son agacement ce samedi à l’occasion de la conférence de presse de veille de match contre Lyon (21h). L’entraîneur parisien livre ses vérités. Verbatim.

Blanc, entraîneur en danger ?

« Un entraîneur, à Paris comme ailleurs, est dépendant des résultats. S’il y a des résultats négatifs, le premier fusible qui sautera, c’est l’entraîneur. Je le sais, il n’y a rien de surprenant. La pression, on l’a. Si nous gagnons à Lyon, il y aura la même pression trois jours après à Caen et ainsi de suite toute l’année. Il y a une pression supplémentaire sur les entraîneurs quand il n’y a pas de bons résultats. Après, quand vous dites que vous sentez que c’est « plus tendu »… Si vous voulez remettre tout en cause et entretenir tout ça, c’est vrai que ça va faire monter la pression. Et ça va me faire monter la pression à moi aussi. Je ne lis pas les journaux mais je les vois. Tout ça fait beaucoup parler, discuter… A Paris encore plus qu’ailleurs, il faut gagner. Même un nul est considéré comme une défaite. »

Un malaise au PSG ou pas ?

« Moi, je ne ressens pas de malaise. D’autres vous diront certainement le contraire. Je sens surtout une équipe déçue de ne pas avoir gagné et maîtrisé le match contre l’Ajax. Je ressens beaucoup de déception et j’en ai discuté avec pas mal de joueurs. On se pose des questions, c’est normal, logique, car c’est la première fois qu’on est autant chahuté dans le jeu en Ligue des champions. Ça ne veut pas dire forcément qu’il y a un malaise. Sinon, dès qu’on ne réussit pas un match, il y a un malaise. Il y a juste des questions qui se posent, pour le staff aussi. Mais vous ne pouvez pas gagner tous vos matches. Le malaise est-il lié au départ de Claude Makelele ? On peut chercher plein de raisons. Encore faut-il que ce malaise dont vous parlez existe… »

Une crise de résultat ?

« Personne n’est satisfait en ce moment car on n’arrive pas à gagner. Mais les repères sont là, il faut juste les retrouver mais il y a encore quelques ingrédients qui nous empêchent de jouer comme on aimait jouer l’année dernière. Tactiquement, physiquement, on n’est pas au top. On l’a vu contre l’Ajax. On s’attendait à avoir des difficultés en ce début de saison. Quand j’ai dit que le match de l’Ajax allait nous servir, je ne suis pas fou. On aurait aimé le gagner et on n’est pas satisfait. Mais les joueurs ont compris certaines choses, qu’on n’était pas au niveau et qu’il fallait le retrouver, se réveiller. La saison dernière, on n’avait pas bien commencé non plus. Ce n’était pas extraordinaire en termes de points et de jeu. Mais au final, on a fait une très belle saison. A l’issue de celle en cours, j’espère qu’on pourra comparer les deux. D’où vient notre absence de victoires en ce moment ? C’est un tout. On est moins efficaces. Mais dans l’analyse des matches pas gagnés, à part contre Evian où on ne méritait pas mieux que le 0-0, on les a tous menés au score. Donc on pose des problèmes aux adversaires et il le faut pas tout remettre en cause. A chaque fois, on a eu des possibilités de tuer ces matches et on ne l’a pas fait. Ne pas être au top physiquement nous empêche peut-être de prendre la bonne décision dans le dernier geste. »

Une tactique à changer ?

« Il y a beaucoup de donneurs de leçons sur ce plan dans le football. Tout le monde se focalise sur le système. Vous avez le droit de vous poser des questions mais vous allez un peu vite. Vous remettez en cause un système qui a fait ses preuves. N’oubliez pas ce qu’on a fait l’année dernière... A Paris, après une défaite ou un nul, on remet tout en cause, les joueurs, l’entraîneur, le système. C’est plus facile de que de construire. Nous, on avance, on se pose des questions. Mais peut-être moins que vous. Ce qu’il y a de plus important, c’est le collectif, l’équipe. On parle trop du système. Quel qu’il soit, on pourrait appliquer notre philosophie. Le système convient à tous les joueurs sauf un. Qui ? Vous le savez bien (Edinson Cavani, ndlr). Mais il fait beaucoup d’efforts alors que ce n’est pas sa position favorite, comme contre l’Ajax. Dans une équipe, tout le monde n’est pas satisfait mais il faut parfois se contenter de jouer. A mon sens, c’est un faux débat. »

Une concurrence seine au milieu de terrain ?

« Quand il y a 6-7 joueurs pour trois postes, il y a de la concurrence. Les trois que tu vas choisir vont être contents et les autres non. Le débat doit exister. Après, quand ton équipe joue souvent, la concurrence doit être là car il y a des risques de blessures, de suspensions… Mais quand tu joues une seule fois par semaine, avec l’obligation de résultats, l’entraîneur met la meilleure équipe pour gagner, à Paris comme ailleurs. »

La rédaction avec M.Bo.