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Bordeaux 2010 : une piquette

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Sacrés champions de France en mai 2009, les Girondins de Bordeaux sont entrés de façon indigne dans la nouvelle décennie. Une année au purgatoire, sans Europe ni âme, des départs cruciaux et un bilan, sinon noir, au moins bleu marine.

Dernière mi-temps 2010. Lens mène à Chaban-Delmas (0-2) et le vestiaire résonne encore de la colère pourtant sourde de Jean Tigana : « Si on perd ce match, je m’en vais », aurait-il asséné à ses joueurs. Petit miracle d’époque, Gouffran arrache l’égalisation dans les arrêts de jeu, à dix contre onze. L’un des rares épisodes souriants d’une année cauchemardesque du côté du Haillan, où les départs de Laurent Blanc et de deux de ses joueurs symboles de sa réussite récente ont fait plonger le club dans le doute… et au classement.

Les chiffres sont éloquents. A pareille époque l’an passé, le champion de France survolait la L1, comptant jusqu’à 15 points d’avance sur ses rivaux. 43 points au compteur à la trêve, c’est seize unités de mieux que l’entame de l’ère Tigana. C’est aussi six points de plus que la seconde partie de saison sous les ordres de Blanc, un chiffre qui dit l’indigne phase retour des Girondins. Perturbés par les rumeurs de départ, bientôt confirmées, du coach, de Gourcuff et de Chamakh, les Bordelais n’arrachent même pas l’Europe, eux qui à l’hiver jouaient les quarts de finale de la Ligue des champions face à Lyon.

Kevin Gameiro en renfort ?

Sans ses piliers mais avec Jean Tigana aux commandes, le jeu comme le bilan chiffré se dégrade trop vite. Le nul arraché face à Lens a évité une crise sportive qui couve depuis déjà de longs mois. « Vivement 2011! a confié Jean-Louis Triaud, le président du club. On cherche des réponses depuis le début de l’année. Cette équipe vaut mieux que ce qu’elle montre, mais elle le montre par intermittence. J’avais envie de siffler avec eux (le public, ndlr), mais de là où j’étais ça se voyait un peu trop. Je ne peux pas leur donner tort de ne pas être contents », s’est lâché Jean-Louis Triaud après la dernière rencontre d’une année à oublier.

Décevant 8e de L1 à l’amorce de la phase retour avec sept résultats nuls sur les neuf derniers matches, cela fait douze mois que la machine girondine tourne au ralenti. Le public s’exaspère, les joueurs ne se révoltent pas, Tigana doute chaque jour un peu plus… L’ambiance pesante du Haillan pourrait s’adoucir avec dans la hotte du mercato, au minimum, un attaquant. Le nom du Lorientais Kevin Gameiro revient avec insistance, sans trop d’espoir malgré tout. Mais un seul homme ne suffira pas à remonter la pente. C’est un collectif, une équipe, un club tout entier qui doit se reconstruire et retrouver son allant de l’ère Blanc. Pour cela, il faudra tirer les leçons de 2010… avant de l’oublier au plus vite.

Silvère Beau