Bordeaux forte tête

Les deux attaquants bordelais ont fait parler la poudre pour leurs couleurs - -
Que les supporters bordelais se rassurent. Si, selon les banderoles que certains ultras du virage sud du stade Jacques Chaban-Delmas, Lyon est « protégé », Marseille « adulé » et Bordeaux « volé », leur club de cœur n’a pas subi de défaillance particulière venant du corps arbitral mardi. Les joueurs au scapulaire n’ont cette fois pas laissé l’opportunité à la critique, au débat litigieux et à l’erreur humaine le soin de venir troubler leur performance d’un soir face au Havre. Mardi soir face aux Normands, Bordeaux a disputé un match plein, sans fausse note et maîtrisé un adversaire trop vite résigné pour craindre le remake du match nul concédé à Nice (2-2) lors de la précédente journée.
Pourtant, côté girondin, on aurait très pu céder à la panique. Pas compte-tenu d’une possible faiblesse collective des Bordelais sur le pré ou d’une domination territoriale adverse. Non, rien de tout cela. Bordeaux aurait pu tout simplement connaître quelques sueurs froides en raison d’une entame de match réussie sur le plan de l’envie mais pas concrétisée sur le plan de l'efficacité. Si d’entrée, le groupe de Laurent Blanc a pris les commandes de la partie, il lui a fallu du temps avant de faire fructifier sa main mise sur le ballon au tableau d’affichage.
Du temps oui. Une demi-heure très exactement et une frappe victorieuse de Bellion, mis sur orbite par Cavenaghi, avec au passage la complicité de Jérémy Hénin. Avant cela ? De belles cartouches pour les attaquants bordelais, des cartouches manquées notamment par l’Argentin Fernando Cavenaghi. L’ancien joueur de River Plate est tout proche sur une demi-volée aux 18 mètres de tromper Revault (5e) et bute de la tête de façon surprenante sur le portier havrais, seul au point de penalty, sur un excellent centre de Trémoulinas (16e).
Bordeaux fait preuve de patience
Sur son banc de touche, Laurent Blanc s’impatiente. Cavenaghi de nouveau sur une frappe écrasée (16e) et Wendel notamment dans le domaine aérien (21e) ne rassurent pas le technicien girondin, perplexe devant la maîtrise insolente de ces hommes. D’insolente, cette emprise sur le match manque pourtant de se transformer en auto flagellation quelques minutes plus tard. Jouant crânement leur chance, les hommes de Jean-Marc Nobilo profitent des risques pris par l’armada bordelaise pour semer le danger dans le dos de la défense locale. Les jeunes Jean-Pascal Fontaine et Olivier Davidas prennent petit à petit le dessus sur leur vis-à-vis respectifs (Jurietti, Trémoulinas).
Henrique concède le corner sur un centre tendu de Fontaine (9e). Ce dernier récidive et manque de s’offrir un face-à-face avec Ramé… mais son contrôle dans la surface de vérité est trop long (24e), quand ce n’est pas Davidas qui tente sa chance de l’extérieur de la surface, son tir filant à côté du poteau gauche adverse (12e). Le Havre commence à semer le doute dans les rangs bordelais mais Jean-Marc Nobilo n’est pas dupe. Face à un ténor du championnat, il faut marquer au fer chaque initiative offensive et concrétiser pour pouvoir instiller le doute dans les esprits sous peine de connaître un terrible retour de bâton.
La tornade Bellion frappe deux fois
Pour ne pas avoir su prendre sa chance lors d’un de ses rares temps forts de la partie, le HAC paie rapidement au prix fort son manque de réalisme offensif. Si les Bordelais, à l’image de Gourcuff (29e), persistent dans leur approximation technique, Bellion ne se loupe pas, face à Revault, pour délivrer les siens (30e, 1-0). L’ancien meilleur canonnier de la maison au scapulaire fera encore parler la poudre, en seconde période cette fois, sur un service de Gouffran (48e, 2-0).
On se dit alors que Bordeaux va dérouler… sans craindre un quelconque retour de la part des Normands. L’impression va vite être confirmée par les Girondins eux-mêmes. Bien déterminé à ne pas laisser filer l’occasion de signer une sixième victoire en L1 cette saison, Cavenaghi, à la peine en première période, se retrouve au bal des fêteurs au terme d’un contre rondement mené et relayé par Chamakh (78e). Deux minutes plus tard, Christophe Revault, le portier havrais, pose un genou à terre lorsque Wendel offre un nouveau moment de bonheur au public de Chaban Delmas, parachevant le succès des siens d’un quatrième et dernier coup de tonnerre (80e, 4-0).
Frustrés il y a peine trois jours, les joueurs au scapulaire ont cette fois retrouvé le sourire. Et un standing plus conforme à la qualité actuelle de leur jeu. Leaders provisoires, en attendant bien évidemment les matches de mercredi, les Bordelais mettent la pression sur l’Olympique Lyonnais, à égalité de points avec les Girondins mais avec une différence de buts moindre (+8 contre +6) et une animation offensive largement en-deçà de celle affichée par leur dauphin en 2007-08. Mieux, Laurent Blanc est en train de retrouver au meilleur de leur forme des cadres supposés (Wendel, Bellion) ou des valeurs sûres en devenir (Gouffran). Et à ce stade de la saison, avec des matches programmés tous les trois jours, ça n’a pas de prix.
La réaction de Laurent Blanc (entraîneur de Bordeaux): « Je suis satisfait, notamment de la 2e mi-temps. En 1ère, il y avait quelques réajustements à faire, on était trop scindés en deux et même si on avait la maîtrise, on était trop loin les uns des autres. En 2e, on a rectifié le tir et les joueurs ont pris plus de plaisir, ont joué plus en bloc et ont été beaucoup plus performants. Il y a beaucoup d'enseignements positifs ce soir, outre le fait de marquer quatre buts, on a marqué sur des actions de jeu, c'est une belle récompense. Etre leader ? On prend cela avec plaisir, je ne vais pas vous dire le contraire. Ce qu'il y a de positif ce soir, outre la victoire, c'est le fait qu'on n'ait pas pris de but. On a été solide, on a maîtrisé le match. Ce sont des bases qu'il nous faut conserver pour essayer de progresser dans ce domaine. »
La réaction de David Bellion (buteur des Girondins de Bordeaux ) : « On a quand même mis un coup de pression aux autres équipes en s’emparant de la première place. Ça va marquer les gens, c’est bien pour la confiance même si, c’est vrai qu’on a joué en avance. Etre dans les trois premiers, c’est bien et ça nous permet surtout de rester dans le sillage de Lyon. »