Bordeaux : Sagnol, l’entraîneur qui comprend le « verlan »

Willy Sagnol - AFP
Jamais un nouvel entraîneur n’avait débuté son mandat à la tête des Girondins de Bordeaux par trois succès. A 37 ans, Willy Sagnol n’a pas perdu de temps pour s’offrir un premier record après seulement trois semaines de compétition. C’est donc en leader que les Girondins recevront Bastia, dimanche (14h), pour poursuivre cette série inespérée. Et si les Bordelais ont bénéficié d’un brin de chance à Nice la semaine dernière avec quelques décisions arbitrales à leur avantage, cet enchainement ne doit rien au hasard. Pour les joueurs, les clés de ce début de saison parfait résident dans la faculté de l’ancien international à s’adapter à la nouvelle génération.
Un credo confirmé par Sagnol : « Quand je suis arrivé à Munich, en tant que joueur, à l’âge de 23 ans, j’ai passé mes six premiers mois à dire tous les jours : ‘‘Pourquoi vous faites comme ça dans ce pays ? Chez nous, on fait ça et c’est mieux’’. Jusqu’au jour où je me suis fait attraper par mes dirigeants qui m’ont dit : ‘‘Tu sais, ce ne sont pas 80 millions d’Allemands qui vont changer pour un Français qui arrive’’. Je pars du même principe avec les joueurs, où les nouvelles générations sont différentes de nos générations. Ce n’est pas à eux de s’adapter à ce qu’on faisait avant. C’est à nous de nous adapter à ce qu’ils font maintenant. Sinon, il y a choc culturel et générationnel. Et après, ça devient difficile de travailler. C’est à nous, les anciens, de faire l’effort d’essayer de comprendre un peu mieux leurs envies, leurs besoins et leur culture. »
Carrasso : « Les jeunes connaissent le joueur Sagnol »
Un discours qui peut surprendre dans un championnat où la jeunesse et ses comportements doivent souvent assumer les manques de résultats. Mais au fond, cela n’a rien d’étonnant de la part d’un joueur qui avait lancé « Ta gueule l’ancien » en réponse à Marcel Desailly qui s’interrogeait sur les performances des Bleus lors du Mondial 2006. Huit ans plus tard, le coaching de Sagnol ne varie pas de ses paroles. Et le fait d’être le plus jeune entraîneur de L1 n’est pas étranger à la bonne entente avec ses joueurs.
« Pour moi, Willy Sagnol, ça reste un vieux joueur mais un jeune entraineur, illustre Cédric Carrasso. Il est dans une génération qui a connu le très haut niveau et surtout les gros clubs étrangers. Et qui a une communication beaucoup plus facile aussi puisque tous les jeunes joueurs connaissent le joueur Sagnol. Cette génération d’entraineurs, tous ces jeunes les connaissent sur le terrain. Ce sont des gens crédibles pour ces jeunes joueurs. C’est super important. »
« Le discours est beaucoup plus facile à avaler quand ça vient d’une personne qui comprend le ‘‘verlan’’ et les expressions que certains jeunes ont, appuie Julien Faubert, l’un des autres anciens de l’effectif. C’est beaucoup plus facile à intégrer pour des jeunes générations qui arrivent et qui commencent au haut niveau. Je ne pense pas qu’il parle le verlan, mais je pense qu’il a l’habitude de l’entendre. » Et pour le moment, ça marche.