Bouchet : "Margarita n’est ni investie, ni passionnée"

- - AFP
La gestion de l’OM par MLD et Vincent Labrune
"Moi, je pense qu’il y a une logique dans le football, quand tu as tout fait pour finir 15e, tu finis 15e. Les dirigeants de l’OM depuis un an, un an et demi, ils font tout pour finir 15e. Je me suis même posé la question il y a deux ou trois mois, de savoir s’ils le faisaient exprès ou pas ! Intuitivement, je l’ai senti."
Les règles de gestion d’un club
"Le foot, ça n’est pas compliqué, il y a des règles de base. Comme elles ne sont pas respectées là… Ces règles de base ne vous permettent pas de gagner, d’être champion, ça se saurait. Mais elles vous permettent de ne pas couler en général. Moi, je n’ai pas cru à Bielsa déjà au départ, car dans un club, je ne crois pas à l’homme providentiel. Encore moins à l’OM d’ailleurs. Ensuite, il y a une règle de base en Europe, il faut que le club ait de la stabilité, de la stabilité au niveau des joueurs, de l’entraîneur, des dirigeants. Il y a eu trop de changements ces dernières années."
Comment constituer un organigramme ?
"Déjà, il faut commencer par l’actionnaire. Il doit être là, il doit être présent, il doit trouver une façon de fonctionner avec le club, pas forcément au quotidien, mais régulièrement. Quand l’Olympique Lyonnais est 10e par exemple, vous ne vous posez pas la question de la stabilité de l’ensemble. Vous vous dites Aulas, il est là ! Ensuite, cet actionnaire-là, il peut déléguer éventuellement la présidence, mais à ce moment-là il faut quelqu’un de compétent à chaque secteur, le meilleur à chaque poste. Un manager général ou directeur sportif, peu importe, appelez-le comme vous voulez, qui est en charge toute l’année du recrutement, pas seulement l’été. Après il vous faut quelqu’un, et c’est plus facile à trouver, qui dirige un peu la machine opérationnelle, tant le marketing que les droits TV, les contrats et la façon dont fonctionne le stade. J’ajouterais enfin qu’il faut quelqu’un qui gère les relations extérieures, c’est-à-dire les supporters, la grande famille olympienne."
Quelle stratégie à adopter ?
"Ce qui a sauvé Lyon cette saison, c’est d’avoir une stratégie depuis dix ans qui est la même. C’est quoi le projet de l’OM sur les dix prochaines années, on ne sait pas ? Faire de la formation ou pas ? Depuis qu’on a sorti Mathieu Flamini et Samir Nasri à mon époque, il n’y a pas un joueur qui est sorti. Ca fait 12 ans ! Et quand vous voyez aujourd’hui à l’Olympique Lyonnais ou même au PSG, combien de joueurs ils sont capables de sortir sur une seule année…"
Un système de socios à Marseille ?
Je pense que le fonctionnement socios type Barça-Real ne peut pas fonctionner à Marseille. En revanche, une solution mixte, hybride, dans laquelle des gens, des supporters participent à l’élaboration du club, à qui vous laissez un espace d’expression, oui. Ma vision des choses est qu’un club, quel qu’il soit, ne peut pas fonctionner hors-sol. Or l’OM, depuis quelques années, fonctionne hors-sol, donc mal, c’est-à-dire loin de ses racines, avec Marseille, avec la Provence, mais aussi avec la communauté olympienne."
Sur la vente du club
"Je lisais ce matin dans la bouche d’un des pressentis à la présidence, Margarita n’est ni investie ni passionnée. C’est une réalité ! Dans une entreprise, vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir une personne non investie. De mon temps, je vous rappelle que lorsque j’arrive en 2002, il y a 58 millions d’euros de déficit, c’était calamiteux. Il y avait des mouvements de 60 joueurs dans la saison, donc autant vous dire que ça n’intéressait personne de reprendre l’OM. En plus, il y avait encore Robert Louis-Dreyfus, donc c’était une autre époque. Je sais que depuis trois ou quatre ans, deux ou trois investisseurs sérieux qui se sont intéressés au club. Il y en a qui ont échoué parce que Marseille, trop sulfureux. On préfère regarder un autre dossier en Angleterre, voire en France. Et je pense aussi que l’équipe dirigeante actuelle n’a pas vu ça d’un très bon œil (l’attrait d’investisseur, ndlr). Mettre un actionnaire en place, c’était finalement se mettre en péril pour Margarita, qui restait tranquillement à Zurich. Je suis sûr qu’un ou deux bons dossiers ont été recalés."
Le bilan de Vincent Labrune
"Je ferais un bilan assez négatif, parce qu’au niveau de l’actifs joueurs, aujourd’hui, c’est zéro. Celui laissé par Pape Diouf et un peu Jean-Claude Dassier était quand même conséquent. Pas de stratégie pour le club. La discussion avec les supporters, forcée par les pouvoirs publics, est pour le coup plutôt une bonne action. Le grand tort de Vincent, c’est de n’avoir pas posé d’organigramme, et d’avoir voulu tout faire. Comment voulez-vous qu’un homme seul s’occupe de tout ?"