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Cayzac : « Il régnait une ambiance de guerre civile »

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Dirigeant historique du PSG dont il a pris la présidence entre 2006 et 2008, Alain Cayzac évoque ses souvenirs alors que Paris et Marseille se retrouvent dimanche soir au Parc des Princes (21h), en match de clôture de la 31e journée de Ligue 1.

Alain, avez-vous une souvenir marquant de ces rencontres entre Paris et Marseille ?

Je n’en n’ai pas un mais cinquante ! J’en ai de très bons quand on va à Marseille (saison 2004/2005) et qu’on gagne deux fois à deux trois jours d’intervalle (2-3 en 16e de finale de la Coupe de la Ligue, et 2-3 en championnat). Avec Ronaldinho, on gagne 3-0 (saison 2002/2003). Il y a aussi des mauvais souvenirs comme cette tête de Basile Boli (3-1) juste après la victoire de Marseille en Ligue des champions (1993). Les mauvais souvenirs, c’est aussi le climat empoisonné autour des matches. Il y régnait une ambiance de guerre civile. On se déplaçait avec une vingtaine de cars de CRS. Ce n’est, en aucun cas, un match comme les autres.

Comment un président gère-t-il les derniers moments avant un tel choc ?

Aujourd’hui, il n’y a plus de supporteurs adverses, c’est assez différent de ce que j’ai pu connaitre. Il n’y a plus le souci de gérer des problèmes de sécurité entre des équipes qui sont, sinon ennemies, des adversaires de légende. Le rôle d’un président était de ne pas mettre de l’huile sur le feu. Il fallait être responsable. C’est ce qu’on a fait avec Pape Diouf (président de 2005 à 2009).

Peut-on s’attendre à un PSG-OM différent avec les Qataris ?

Ce ne sont pas des novices, ils connaissent le Parc, Leonardo a assisté à des PSG-OM. Il y aura toujours la même passion qui va leur faire aimer encore plus le Paris Saint-Germain.

Le défenseur de l’OM, Rod Fanni, a déclaré qu’OM-PSG, c’était l’argent face à la passion… Qu’en pensez-vous ?

C’est une connerie et pourtant, Rod Fanni est un type très bien. C’est la confrontation entre deux clubs où il y a beaucoup de passion. C’est passion contre passion. Ça ne peut être résumé entre le petit et le gros. Ce serait même insultant pour Marseille.

Le PSG connait actuellement des soubresauts, à l’image des bouderies de Nene. Comment gère-t-on ce genre de difficultés quand on est président ?

Des crises comme ça, j’en redemande ! J’aurais aimé être le président d’une équipe qui est 2e ex-æquo, en passe de se qualifier pour la Ligue des champions et qui a enchainé 17 victoires de suite (14 en Ligue 1, ndlr)… Les problèmes de joueurs, ce n’est rien. Plus il y a de bons joueurs, plus il y a de tensions. Ça arrive à Milan, à Manchester City c’est Balotelli qui peut faire des siennes… Ce qui m’importe vraiment, c’est qu’on soit dans les deux premiers. Le club prendra son envol en Ligue des champions.

Le rôle de la présidence a-t-il changé avec les Qataris qui ont instauré un directeur sportif avec Leonardo ?

Oui, on s’occupait de tout. Que ce soit moi, Laurent Perpère, Francis Graille ou d’autres présidents plus récents, on était appelé par l’entraîneur qui nous demandait d’intervenir en parlant aux joueurs. Aujourd’hui, c’est le travail du directeur sportif, d’autant que Leonardo a une présence et qu’il connait le club.

Les crises n’ont-elles pas contribué à la légende de ces deux clubs emblématiques du football français ?

Tout à fait, ça fait partie de l’histoire. Je n’ai jamais reproché aux médias de monter ces incidents en épingle. Simplement, chacun son rôle. Les responsables du club doivent éviter de tomber dans le panneau et d’en rajouter. Chacun fait son boulot.

Propos recueillis par Loïc Briley