Cayzac : « Paul Le Guen n’est pas assez mûr »

Les deux hommes n'ont pas entretenu une relation si pacifique au PSG. - -
Invité de Luis Attaque, Alain Cayzac, président du PSG entre 2006 et 2008, est revenu sur son expérience à la tête du club parisien. Sans rancœur, il témoigne sur son rôle de président, ses rapports avec Paul Le Guen et sur le futur du PSG.
Alain Cayzac, pourquoi avez-vous écrit ce livre ?
Je tiens à dire que je n'ai pas de rancœur. Je ne suis pas aigri. Je n'ai pas non plus écrit ce livre pour tirer un trait. C'est un livre témoignage, celui d'une aventure humaine, et le témoignage de la vie d'un président de club. J'ai vécu beaucoup de choses fortes à la tête du PSG, notamment lors de la première année. Avec la mort de notre supporter, le club aurait pu y laisser sa peau. J'ai bien fait d'être là à ce moment. Aujourd'hui, je veux envoyer des ondes positives.
Pourtant, vous égratignez pas mal de personnes : Paul Le Guen, Walter Butler, Pauleta...
Je n'ai pas écrit ce livre pour tailler les gens. Je ne cherche pas à mettre les gens plus bas que terre. Je parle des hommes que j'ai connus : Pauleta, sa face cachée, Paul Le Guen, les choses que j'aime et celles que j'aime moins dans sa personnalité.
Pouvez-vous revenir sur les circonstances de votre départ, et sur l'attitude de Paul Le Guen à ce moment ?
Je n'avais pas le choix, je devais partir. L'actionnaire a pris une décision. On ne pouvait pas rester tous les deux avec Le Guen. C'était l'un ou l'autre.
Mais on a l'impression qu'il ne s'est pas autant engagé que vous l'avez fait pour lui...
C'est Paul Le Guen. On peut mettre ça sur le compte de la pudeur. Mais parfois, je me demandais si ce n'était pas moi l'entraîneur et lui le président. Je suis un passionné, alors qu'il ne communique pas beaucoup. J'ai dû aller au charbon. On avait des bons rapports, mais il n'y avait pas beaucoup d'affect. C'est vrai qu'au moment de mon départ, je n'ai pas entendu grand chose de sa part. Dans les moments difficiles, on est sensible à ces petits messages de soutien.
Dans votre livre, vous expliquez notamment qu'il vous a déçu. Qu'il n'avait pas le profil d'un manager...
Je crois que c'est un bon entraîneur, un bon tacticien. Il a été très courageux à la fin de la première saison. Quand je l'ai recruté, je pensais qu'il deviendrait manager général et président du PSG trois ans après. Avec du recul, je pense qu'il n'est pas assez mûr. Il a un peu de mal à communiquer, à s'entourer de gens très différents. J'aime les joueurs comme Diané, Gallardo, qui gardent la balle. Paul préfère un autre profil de joueurs. J'ai commis l'erreur de lui laisser trop de responsabilités, notamment dans le recrutement, lors de la deuxième année.
Pensez-vous que Paul Le Guen soit menacé aujourd'hui ?
Le début de saison est correct, il n'y a pas de raison qu'il soit menacé. Le PSG est seulement à trois points de la troisième place.
Vous taclez également un des anciens actionnaires du PSG, Walter Butler. Vous dites « Walter m'a tuer ». Pourquoi ?
Très vite après le début de ma présidence, Walter Butler souhaitait s'impliquer plus dans le club. Moi, je souhaitais garder ma place de président. Il a donc mis Michel Moulin dans le circuit. Quand quelqu'un souhaite vous débarquer, vous n'êtes pas content, c'est normal. Moi j'ai milité pour qu'il y ait un actionnaire majoritaire. J'ai réussi à ce que Sébastien Bazin, de Colony Capital, ait la majorité.
Justement, aujourd'hui, quelle est la position de Sébastien Bazin et de Colony Capital, le principal actionnaire du club ?
Je suis proche de Sébastien Bazin, malgré notre désaccord à la fin de saison 2008. Il ne partira pas avant que le club n'ait réussi. Il est encore là entre trois et cinq ans. Il va faire tout son possible pour que le club recommence à gagner et redevienne rentable. Personnellement, mon seul rôle aujourd'hui, c'est la pérennité du club. Quand Colony s'en ira, il faut que ce soit des gens biens qui viennent.