Concurrence et émulation: comment Rudi Garcia a boosté l'OM

Rudi Garcia (OM) - AFP
La victoire avec panache de l’OM dimanche contre Saint-Etienne (3-0) et cette série de trois mois sans défaite en Ligue 1, valident les choix de Rudi Garcia et surtout sa gestion de l’effectif. Trois hommes alignés dans le onze de départ, dimanche, illustrent cette concurrence et cette émulation qui expliquent en partie la période faste de l’OM : Bouna Sarr, Maxime Lopez et Valère Germain.
La titularisation de Sarr à droite de la défense aura été l’une des petites surprises de la compo marseillaise. Hiroki Sakai apparaissait comme un titulaire indiscutable sur ce côté, mais Rudi Garcia a voulu envoyé un signal positif à Sarr, en lui prouvant qu’il n’était pas uniquement une doublure et que chaque performance réussie pouvait appeler dans la foulée une nouvelle titularisation.
Dans un match pourtant bien triste jeudi contre Salzbourg, l’ancien Messin aura été l’une des rares satisfactions de l’OM. Rudi Garcia, qui ne s’était pas privé de souligner la bonne performance de son joueur à un poste où lui-même l’a lancé en début de saison, a estimé que Sarr méritait de garder sa place et de bousculer un peu la hiérarchie côté droit. "Je me bats tous les jours à l’entrainement et je donne tout pour donner du fil à retordre au coach et le faire douter dans ses choix", confiait Sarr après la qualification en Ligue Europa. Un signal pour le groupe marseillais dans son ensemble et une preuve que la concurrence bat son plein.
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Pour Lopez, un passage obligé
Même constat pour Maxime Lopez, aligné aux côtés de Luiz Gustavo contre les Verts. Lopez et Sanson étaient considérés comme les grands perdants du changement de système de jeu et du passage en 4-2-3-1. Sanson a regagné sa place, Lopez est sur le point de se frayer un chemin vers le onze de Rudi Garcia, en concurrence avec Zambo Anguissa. Les profils sont évidemment bien différents : plus d’impact physique pour Zambo, plus de justesse technique et de jeu vers l’avant pour Lopez.
Mais Rudi Garcia, là aussi, veut instaurer l’idée que seul celui qui le méritera, par ses performances en match ou son implication à l’entrainement, jouera. Garcia a beaucoup apprécié la capacité de Maxime Lopez à ne rien lâcher lors de cette phase un peu plus délicate. Le coach de l’OM, qui a la main ferme avec les jeunes joueurs de son effectif, considère que cette période était un passage obligé pour un joueur d’à peine 20 ans, malgré son éclosion au grand jour et les promesses de la saison passée.
L’état d’esprit de Lopez, qui promettait en privé "être déterminé à faire une grande saison", a donc plu à Garcia. "Maxime a été un peu « piqué » par son manque de temps de jeu mais Garcia a toujours gardé un discours positif avec lui", confirme un proche du milieu de terrain marseillais. Merci aussi à la Ligue Europa, qui aura permis au coach marseillais de concerner la quasi-intégralité de son groupe. Même si la qualification a été acquise dans la douleur, Garcia récolte aujourd’hui les fruits d’un turn-over malin et mené avec intelligence, "car il n’est pas possible de dire que tout le monde est important et ne pas le montrer dans mes compositions d’équipe", répète souvent l’entraineur de l’OM.
Mitroglou a eu sa chance
La gestion du poste de buteur a causé plus de soucis à Rudi Garcia, ces dernières semaines. L’entraineur olympien a d’abord dû montrer les crocs à plusieurs reprises face à la presse, pour défendre ses attaquants, notamment Kostas Mitroglou. Face au manque de réussite, de rythme et de confiance de son attaquant grec, Rudi Garcia a décidé la semaine dernière de redistribuer les cartes à la pointe de son attaque. Avec l’enchainement des matchs en Ligue Europa, la stat’ était presque passée inaperçue : depuis la défaite contre Rennes le 10 septembre, et avant d’être aligné d’entrée à Montpellier, Valère Germain n’avait pas débuté un match de Ligue 1 depuis dix rencontres consécutives ! Mitroglou venait lui d’enchaîner sept titularisations en championnat.
"Rudi a estimé que Mitroglou avait eu sa chance et qu’il fallait désormais permettre à Germain d’enchainer un peu plus, et pas seulement en Ligue Europa", confirme un proche du vestiaire et du staff de l’OM. "Germain n’a jamais râlé. Il a bossé, et rongé son frein sans faire de bruit. Mais un attaquant est toujours un peu fragile quand il ne joue pas beaucoup. Rudi a senti qu’il fallait le relancer, c’était le moment."
A Rudi Garcia de trouver les mots et la méthode, désormais, pour garder sous pression Clinton Njie et Kostas Mitroglou. Leurs coéquipiers récemment mis en retrait pourront en témoigner : dans ce domaine, Garcia sait y faire.