Courbis et Fernandez font pétiller PSG-OM (II)

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Luis Fernandez : Dans mes grands souvenirs, il y a une victoire sur Marseille (26 octobre 2002, 3-0) où Ronaldinho avait une envie énorme. Il s’était préparé pour ce genre de match, il savait l’importance du derby pour les supporters… Au retour au Vélodrome (5 mars 2003, 0-3), la même saison, Jérôme Leroy fait semblant de centrer, Runje anticipe, but. Il regarde Runje dans les buts et marque, il a voulu la mettre là… Fantastique. Dans la préparation psychologique et mentale, on n’a pas besoin de parler aux joueurs pour ce genre de match. On regarde les forces en présence, l’équipe, les joueurs mais on le sent, ça ne se jouera pas à grand-chose.
Rolland Courbis : Je ne suis d’accord qu’à moitié. On n’a pas besoin de leur parler au niveau de la motivation mais plutôt pour canaliser une hyper-motivation qui ferait mal jouer, qui ferait déjouer. En voulant trop en faire, on rate son match.
L. F. : On a envie d’un match qui soulève les passions, tant que ça reste dans le jeu. Ce qui me désole, c’est cette violence.
R. C. : C’est bien de voir ce match avec les deux équipes biens classées (l’OM est 3e, le PSG 7e, ndlr), je trouve que c’est beaucoup plus amusant. Il y a deux ans de ça, Paul Le Guen est entraîneur, Paris est dans une bonne période et l’OM gagne pourtant 3-1 au Parc (15 mars 2009). Si le PSG gagne, Paris est premier et peut jouer le titre… Eh bien là tu as l’exemple même de non-maîtrise de l’événement. Ce match a été perdu par tout le monde au club, staff et joueurs, avant même d’avoir été joué !
L. F. : Quand tu perds un match comme ça, derrière tu ne sais pas comment réagir. Tu as l’impression d’un blocage, les joueurs peuvent être paralysés pour la suite. Tandis que s’ils le gagnent, c’est la fête. Les matchs suivants, tu le vois tout de suite. En tant qu’entraîneur, j’ai eu en face de moi Albert Emon, un très bon ami à moi. Je n’avais pas une motivation particulière par rapport à Emon, la motivation c’était de mettre une équipe en place, essayer de jouer le mieux possible et gagner car les supporters le demandent. Si tu as la chance d’avoir la bonne équipe à ce moment-là, d’avoir un Ronaldinho qui te sort un grand match, quand tu te mets à gagner, tu es heureux. C’est ainsi que je me retrouve un peu à danser en regardant les supporters (26 octobre 2002, ndlr) et les Marseillais l’ont pris pour eux. Mais je n’y peux rien ! Et puis au match retour je m’en souviens, ils m’en ont donné des sucettes, j’ai fait le plein (allusion aux sucettes que l’ex-entraîneur du PSG avait toujours à la bouche, les supporters de l’OM avaient répondu par des jets de sucettes et une banderole grivoise, ndlr)...