Daniel Riolo : "Ibra Gate..."

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J’ai honte. Honte d’être obligé de réagir car ne pas le faire, fait office d’opinion forcément mal interprétée. Honte de réagir à une énorme polémique (qui durera deux jours maxi) qui enfle sur Twitter. Twitter, ce tribunal citoyen, ce caniveau de la pensée, qui finalement nous dirige, nous oblige. Honte aussi d’avoir justement sur Twitter réagit vite, trop vite aux propos d’Ibrahimovic hier à Bordeaux. Il avait insulté la France, ça devenait une affaire d’Etat. Propos volés, traduction finalement hésitante, excuses publiques pour mots privés. La machine s’emballe. Je tombe dedans.
C’est le PSG, c’est Zlatan, comment y échapper ? On glisse dans la lutte des classes, le riche contre les pauvres et si t’es riche tu fermes ta gueule parce que quelque part t’es malhonnête. L’honneur de la France est en jeu et s’il n’est pas content, qu’il se casse ! Marine Le Pen s’est évidemment saisi du dossier. Le Ministre Patrick Kanner doit s’exprimer. Finalement pour l’insulte à la France, on n’est plus vraiment certain. Les relations diplomatiques entre la France et la Suède sont sauves. La Une du Parisien pue déjà le moisi, les envolées lyriques d’éditorialistes tels Pascal Praud ne sont plus que des pets au vent…
"Ibra mérite d'être sanctionné mais..."
Il reste quoi ? Un joueur, une star qui pète un câble et s’en prend à l’arbitrage. C’est grave ? Oui, pourquoi pas, à condition de donner une juste dimension au sujet.
J’ai récemment écrit un billet sur Ibra : « Ibra, tais toi ! ». Et ceux qui me suivent savent ce que je pense de ce personnage, boursoufflé, caricature de lui-même, sorte de racaille ultime du foot moderne. J’en parlais déjà avant qu’il ne signe au PSG…
Mais derrière la polémique, derrière cette commission d’éthique ou de discipline, je ne sais plus, qui va se réunir en urgence jeudi, il y aura quoi ? Une sanction ? Oui, pourquoi pas. Je défends les arbitres depuis toujours dans un monde qui n’a de cesse de les traîner dans la boue. Dans ce monde dont la culture se résume à un « arbitre enculé », j’ai toujours condamné les propos injurieux des joueurs, entraîneurs et présidents. Alors assurément, Ibra mérite d’être sanctionné. Mais son procès ne peut pas être à charge. Il ne peut pas prendre pour tout le monde. Et s’il doit faire office d’exemple, alors justement que ce cas serve d’exemple pour la suite.
L'exemple, c'est Bielsa !
Chaque semaine, joueurs, coaches, présidents insultent les arbitres. Jean-Michel Aulas est l’un de nos meilleurs présidents, son travail à l’OL est admirable. Mais il est aussi au top dans la remise en cause des arbitres. Bien calé en tribune présidentielle et avec d’autres mots, il rejoint ceux qui en tribune hurlent des « arbitre enculé » !!
Si on sanctionne sévèrement Ibra, mais que ça s’arrête là, la star du PSG n’aura-t-elle pas raison de penser qu’elle joue dans un football de merde ? Le dérapage d’Ibra n’est-il pas une excroissance des faits qui ont poussé Leonardo à quitter ce football ? Si on tape sur Ibra et qu’on en reste là, n’aura-t-il pas raison de croire que son club n’est pas jugé comme les autres ? Ne sera-t-il pas libre de croire que le football français ne mérite pas le PSG ?
J’ai bien peur pourtant que la médiocrité qui commande notre football depuis de longues années se vautre dans cette polémique et qu’elle en fasse un événement sans lendemain. En attendant de connaître la fin du barnum, je vais réécouter la conférence de presse de Marcelo Bielsa suite au match OM/OL. Si on cherche un exemple, il est là !