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Deschamps et l’OM dans l’impasse

Didier Deschamps et Guy Stéphan

Didier Deschamps et Guy Stéphan - -

En s’inclinant à domicile face au Bayern Munich mercredi (0-2), l’OM a sans doute dit au-revoir à la Ligue des champions. La dernière déception en date d’une saison en passe de devenir catastrophique.

Un jour, Didier Deschamps regardera dans le rétro. Il racontera ses joies, ses fiertés et ses blessures. Ces mois de février et mars 2012 resteront-ils comme les pires de sa carrière ? Le visage du gagneur, du joueur puis entraineur au caractère rare, prend des rides en accéléré depuis que l’OM plonge sans toucher le fond et rebondir. Cinq semaines en enfer (huit défaites, un nul) et certains des supporters qui fêtaient sur le Vieux Port en 2010 les titres que ramenaient ‘‘DD’’, basculent dans la frustration et la colère. Injuste, au regard de son palmarès ? Ou inéluctable, chaque jour qui passe le rapprochant de la rupture ?

Au début du mois de décembre, quand l’OM arrachait à Dortmund (3-2) sa qualification pour les 8e de finale de la Ligue des champions, Didier Deschamps paraissait pourtant intouchable. Loin, très loin, du débat suscité ces derniers jours par la titularisation d’Elinton Andrade à la place de Gennaro Bracigliano face au Bayern Munich (0-2). La faute de main du gardien numéro 3, sur la frappe de Mario Gomez, sert aujourd’hui d’argument pour critiquer ‘‘DD’’. « Il s’est trompé » estime Grégory Coupet, membre du Carré Magique de Luis Attaque sur RMC. Mais l’ancien Nancéien, malgré ses 150 matchs de Ligue 1, s’était manqué face à Quevilly en Coupe de France (3-2 ap).

Labrune : « Il n’y a rien de plus fort que l’OM »

« Je suis plus pour mettre titulaire un gardien qui doit se rattraper qu’un troisième gardien qu’on avait complètement oublié » répond Ali Benarbia. Didier Deschamps ne saurait pourtant être responsable de l’expulsion de Steve Mandanda contre l’Inter, alors que l’OM venait d’égaliser dans le temps additionnel et d’obtenir de facto sa qualification pour les quarts de finale. Comme il ne pourrait lui être attribuées les limites d’un effectif beaucoup trop restreint pour assumer de front les quatre compétitions dans lesquelles l’OM était encore engagé il y a dix jours. Un problème du ressort de l’actionnaire, lequel est guidé par l’obligation de réduire la masse salariale.

Ce qui nourrit le mécontentement à l’encontre de Didier Deschamps est ailleurs. C’est un cumul, avec la 9e place en L1, la qualification en Ligue des champions qui s’est évaporée, la pauvreté du jeu proposé, l’absence de leaders, les erreurs de casting… Des attaques auxquelles n’échappe pas le reste de l’exécutif. « L’OM, c’est une institution. Personne ne la mettra à terre. Ni les journalistes, ni les supporters, ni les anciens présidents. Il n’y a rien de plus fort que l’OM » a clamé Vincent Labrune mercredi soir, avant de demander à tout le club de « se battre jusqu’au bout ». Mais remporter la Coupe de la Ligue face à Lyon (14 avril), l’ultime objectif, ne sauvera pas la saison. Les étés sont toujours chauds, à Marseille. Le prochain ne devrait pas faire exception.

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Toujours une clause à 3M€ |||

En juin dernier, Didier Deschamps prolongeait son contrat avec l’OM jusqu’en 2014. Avec le soutien affiché de Margarita Louis-Dreyfus, l’actionnaire majoritaire, et l’intention de s’inscrire dans la durée pour peut-être accompagner l’OM dans le nouveau Vélodrome. Au regard de la série noire que vit le club marseillais depuis sa dernière victoire le 22 février contre l’Inter Milan (1-0), des questions se posent sur la probabilité que le Basque aille au bout de son engagement. Comme à son habitude, il fera le bilan au printemps. L’année dernière, après des approches de Liverpool et de l’AS Rome, il avait décidé de poursuivre à l’OM. S’il n’a pas de clause spécifique « équipe de France » pouvant le libérer, sa clause de départ, fixée à 3 millions d’euros, est toujours en vigueur.

A l’inverse, rompre le contrat de son entraineur couterait une petite fortune à l’OM étant donné les 250 000 euros bruts que l’ancien Turinois perçoit. Officiellement, Vincent Labrune n’a d’ailleurs pas l’intention de se séparer de Didier Deschamps, qui a rafraichi le palmarès de l’OM avec surtout le titre de champion de France en 2010. Mais le champion du monde (1998) et d’Europe (2000), capitaine de l’OM vainqueur de la Ligue des champions en 1993, pourrait aussi partir de lui-même. En tenant trois ans à la tête de l’OM, il réalise déjà une prouesse puisque seuls quatre entraineurs sont restés au moins autant depuis les années 30 (Joseph Eisenhoffer 1935-1938, Henri Roessler 1950-1954, Lucien Troupel 1959-1962, Roland Gransart 1981-1984). L’usure aura-t-elle raison de Didier Deschamps ? Réponse dans quelques semaines.

LP avec F.Ge.

LP