Deschamps : « J’ai renvoyé l’ascenseur à Marseille »

Didier Deschamps - -
Didier Deschamps, enfin vous pouvez le dire…
Oui, on est champion ! (Sourire)
Quel est votre sentiment ?
C'est évidemment une énorme satisfaction. Même si je suis encore dans la retenue par rapport à mes joueurs, pour qui il est plus naturel de se lâcher. Mais oui, c'est quelque chose d’extraordinaire ! Le mérite en revient surtout aux joueurs, car sans eux un entraîneur n’existe pas. C'est une aventure humaine extraordinaire, pas facile, mais on en est récompensé avec cette belle victoire. Être champions ainsi, à deux journées de la fin : chapeau ! Car ce n'était pas évident. Je suis très fier d'être là et d'avoir pu donner du plaisir ainsi, à un stade en ébullition, c'était fabuleux. Je vais apprécier ce titre avec mes amis et ma famille qui ont dû me supporter tout au long de l’année. Et ce n’est pas facile non plus, je peux vous l’assurer.
Vous ne vous lâchez pas plus que ça ?
Je ne vais pas danser sur la table. Je suis un très mauvais danseur (rires). Il faut prendre un peu de recul. J’ai connu ça en tant que joueur, et c’est une joie différente. En tant qu’entraîneur, elle est certainement un peu plus contenue car on pense à tout le monde, à tout le staff. C’est une grosse satisfaction d’avoir pu remporter ce doublé (avec la Coupe de la Ligue, ndlr). C’est une année exceptionnelle pour nous tous.
On a vu dans les tribunes une banderole disant : "Deschamps, comme joueur ou comme entraîneur, tu fais notre bonheur". Qu’en pensez-vous ?
Si je porte bonheur ? Non, on m'a parlé de cette banderole, mais je ne l'ai pas vue. Un des aspects qui m'a fait accepter ce challenge, c'est les moments extraordinaires que j'ai connus ici en tant que joueur. Je dis toujours que l’affectif ne doit pas rentrer en compte dans les décisions professionnelles, mais j'ai fais un choix affectif quand je suis allé entraîner la Juventus. Il y avait ce sentiment là aussi en venant à Marseille. Je me sentais le devoir de « renvoyer l'ascenseur » à ce club qui m’a beaucoup apporté. Et je pense que j'ai fait le bon choix.
Rennes a tout de même failli gâcher la fête…
C’est une équipe de qualité, mais c’est surtout l’enjeu qui nous a tétanisés. On a eu le petit bras au moment de conclure. A la mi-temps, j’ai dit : « Stop ! » Il fallait se lâcher. Si on devait perdre ce match, qu’on le perde mais en se lâchant. On aurait toujours été dans la meilleure position. Il ne fallait pas avoir de regrets, et on a fait une deuxième mi-temps bien meilleure.
« Je n’ai jamais douté »
Avez-vous douté cette saison ?
Non jamais. J’ai toujours cru dans le potentiel de mon équipe, dans le choix des joueurs et des hommes. On a fait une bonne première moitié de saison, mis à part ce match contre Auxerre qui plombe un peu tout. Du coup, j’ai passé l’une des pires vacances de Noël de ma vie. Après, il y a un match charnière : c’est l’élimination contre Benfica (en Ligue Europa, ndlr) qui nous permet sûrement d’être champion de France aujourd’hui. Trois jours après, on bat Lyon avec un peu plus de confiance. Le calendrier, avec nos deux matches en retard, a fait qu’on est resté longtemps caché au classement. Et puis, on a fait la différence sur ces cinq matches en quatorze jours pour ne plus lâcher le leadership jusqu’au bout.
Vous avez été champion de France avec Marseille comme joueur, et maintenant comme entraîneur. Mais vous avez aussi gagné la Ligue des champions avec l’OM en tant que joueur… De nouvelles ambitions en tant qu’entraîneur ?
Non, il faut être réaliste. J’ai dit qu’il serait important pour l’OM de redorer son blason sur la scène internationale, mais ça veut déjà dire sortir des poules. Pour avoir de l’ambition, il faut avoir des moyens et pour l’instant, je ne sais pas ceux que j’aurai. Même si considère que mon équipe est déjà compétitive, la saison prochaine sera encore plus difficile, et il faut donc renforcer cette équipe. On va prendre le temps de bien y réfléchir. Une personne d’expérience m’a dit : « C’est dans les plus grosses victoires qu’on fait les plus grosses conneries. » On va donc déjà essayer de ne pas faire n’importe quoi. Après, on verra…
C’est votre plus beau titre en tant qu’entraîneur ?
C’est ma sixième année en tant qu’entraîneur. Je ne vais pas me la raconter, enfin si, un peu quand même (sourire). J’ai été champion de Serie B avec la Juventus, j’ai remporté deux Coupes de la Ligue (Monaco 2003 et Marseille 2010) et maintenant le titre de champion. J’ai aussi disputé une finale de Ligue des champions (avec Monaco en 2004, ndlr). Donc oui, c’est l’un des plus grands moments car un championnat dure de longs mois et c’est une récompense longue à venir.