Deschamps : « Je ne suis pas fou ! »

Didier Deschamps - -
Didier, comment gérez-vous le passage entre le choc face à Manchester United et le déplacement autrement moins prestigieux à Nancy dimanche ?
C’est de la décompression. J’ai été joueur, il y a besoin de cette décompression. Après, il faut savoir se remettre cette pression-là, remettre en marche le moteur, la tête et les jambes. C’est naturel et logique. On ne peut pas rester avec l’adrénaline tout en haut pendant trois ou quatre jours. Il y a eu le pic mercredi. Là, forcément, pour prendre une image, on est au creux de la vague. Il faut faire remonter tout ça.
Comment avez-vous pris les critiques qui ont touché votre équipe après ce match nul (0-0) mercredi ?
Il ne faut pas occulter le fait qu’on a joué Manchester United, quart de finaliste de la Ligue des champions en 2010, éliminé par le finaliste, le Bayern Munich. En 2009, ils étaient finalistes, battus par Barcelone. Et il y a trois ans, ils étaient champions d’Europe. Où étions-nous pendant ces trois dernières années ? C’est bien beau de dire qu’on pouvait gagner 3-0, qu’il fallait attaquer. Je ne suis pas fou. Je suis conscient qu’on a été performant dans un domaine, en défense, pour ne pas laisser d’opportunité à cet adversaire, et moins en attaque. On aurait pu mettre un peu plus de percussion ou de précision en position de centre. Je rajouterai que ça faisait quand même très longtemps qu’il n’y avait pas eu un 8e de finale au Stade Vélodrome (depuis 1993, même si la formule était différente, ndlr).
Pourriez-vous regretter de ne pas avoir joué davantage l’attaque, quitte à vous incliner lourdement ?
Ça, c’est le monde des Bisounours. C’est jouer à la Playstation. Le football de haut niveau, c’est autre chose. Ça veut dire quoi, mettre six attaquants ? On peut aller dans l’absurdité totale. Moi, je ne veux pas. Si on joue une compétition, c’est pour aller le plus loin possible. Notre objectif, c’était d’être en huitièmes. Je ne vais pas dire aux joueurs « On y est, alors maintenant peu importe qu’on en prenne trois ou quatre, on ira visiter Manchester au match retour ». L’idée, c’est de jouer notre chance à fond !
Vous aviez fait remarquer seuls de trois de vos joueurs avaient déjà évolué à ce stade de la compétition. Pensez-vous que votre groupe a acquis une expérience mercredi qui sera utile pour la fin de saison ?
C’est évidemment lors de confrontations contre de grandes équipes que le potentiel confiance doit augmenter. On doit être capable de rester aussi performant et de la transférer sur le championnat. Ce n’est pas toujours évident. Mais l’équipe se construit à travers de ces grands rendez-vous.
Comment analysez-vous l’échange entre Jean-Michel Aulas et Claude Puel à propos de la situation de ce dernier à Lyon ?
Ce n’est pas mon problème. Je dois déjà régler ce qui se passe à l’OM. Je n’aime pas trop quand il y a d’autres entraîneurs qui parlent de nous. Je ne vais pas me mettre à parler d’eux. Le métier d’entraîneur est compliqué et usant, peu importe où on soit. La durée de vie d’un entraîneur en Ligue 1, je crois qu’elle est de 18 mois. C’est moins à Marseille. Chaque jour qui passe, je suis gagnant (rires). A l’étranger, le seul exemple contradictoire, c’est l’Angleterre parce qu’il y a un mode de fonctionnement différent. L’entraîneur est aussi manageur. Ça change pas mal de choses dans le rapport entre les joueurs et l’entraîneur.