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Deschamps-Kombouaré, destins croisés

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Après avoir vu grandir Deschamps et Kombouaré au centre de formation du FC Nantes dans les années 80, Robert Budzynski, ancien directeur sportif des Canaris, porte un regard d’expert sur l’évolution de leur carrière. Témoignage.

Dimanche, sur la pelouse du Stade-Vélodrome, Robert Budzynski aura forcément un petit pincement au cœur lorsque Didier Deschamps et Antoine Kombouaré se serreront la main. A 71 ans, l’ancien joueur et directeur sportif du FC Nantes a vu grandir les deux entraîneurs les plus médiatiques du championnat de France. C’est même lui qui, en 1982, repéra un jeune milieu de terrain basque âgé de 14 ans… Formés à la Jonelière, Deschamps et Kombouaré ont presque tout appris au contact de Jean-Claude Suaudeau, l’un des entraîneurs-formateurs les plus influents du football français. Mais que reste-t-il de cet héritage ?
Pour Robert Budzynski, les deux techniciens « sont différents de « Coco » (Suaudeau) même s’ils ressentent les choses de la même manière. »
L’ancien milieu de terrain hyperactif et le rugueux défenseur ont joué ensemble de 1986 à 1989. Sa brillante carrière achevée, Deschamps a naturellement basculé vers le poste d’entraîneur : « On a vite compris que Didier avait une autre dimension, se souvient « Bud ». Au centre de formation, c’était le patron bien avant d’être le capitaine. Il avait des qualités hors normes. Celui qui m’a le plus surpris, c’est Antoine. Il a réussi à imposer une personnalité à la fois dure et exigeante. »

« Deschamps est plus pressé »

C’est que, depuis les années nantaises, le football a bien changé. Pour Deschamps comme pour Kombouaré, il ne reste finalement plus grand-chose des préceptes établis par Jean-Claude Suaudeau et José Arribas, son illustre prédécesseur. « Ils continuent à raisonner collectif, beau jeu, mais d’autres éléments sont venus se greffer, dont l’obligation de résultats à tout prix, constate Budzynski. J’en ai parlé avec Jean-Claude Suaudeau il y a une semaine, il y a un sentiment de fierté et en même temps, une déception. Car on sent très bien à travers Deschamps plus que Kombouaré, que le résultat devient fondamental. Le raisonnement n’est que dans cette optique. Didier est plus pressé. Antoine marchera davantage en termes de développement de jeu collectif. Didier pensera surtout à l’efficacité. Aux joueurs. Il fera tout pour avoir un élément hors-norme même s’il n’a pas réussi à l’avoir cet année.»
Si les capacités du technicien marseillais ne surprennent pas l’ancien dirigeant des Canaris, la faculté d’adaptation du Kanak après l’arrivée des investisseurs qataris l’a en revanche bluffé : « Je suis très étonné qu’il ne panique pas plus que ça, assure-t-il. Il a trouvé la distance par rapport à une véritable invasion. C’est terrible de voir arriver des capacités aussi énormes. Il s’y retrouve comme un poisson dans l’eau. Il a trouvé les limites de ce qu’il pouvait faire. Il a perçu qu’il ne pouvait pas lutter contre l’argent dans le football. Même si je n’ai pas de préférence entre Didier et Antoine, je pense qu’Antoine va aller jusqu’au titre. » Chacun son tour, finalement.