Di Meco – Ginola : « On ne voulait rater OM-PSG pour rien au monde »

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Messieurs, pouvez-vous nous raconter quelle était l’atmosphère des sulfureux PSG-OM au début des années 90…
Ginola : A l’approche du match, on savait déjà que ça allait être compliqué. En tant qu’attaquant, on sait qu’on va tomber sur des joueurs comme Di Meco, Boli ou Mozer…
Di Meco : Que des poètes !
Ginola : Voilà, des poètes disparus (rires) ! Est-ce que j’évitais d’aller sur le côté d’Eric ? Non, dans ces cas-là, on n’évite rien du tout.
Di Meco : Il n’avait pas peur, David ! Les coups, il les prenait mais il n’avait pas peur.
David, vous n’avez jamais gagné un match contre l’OM avec le PSG…
Ginola : Je dis souvent qu’il reste un regret l’année de notre titre en 1993-94. On gagne le titre sans battre l’OM. Il reste un petit goût d’inachevé.
Di Meco : Pour nous, à l’OM, c’était la bonne période. Mais j’ai perdu des OM-PSG puisque j’en ai joués avant la grande rivalité.
David, avez-vous toujours des marques sur vos chevilles après tous les coups reçus…
Di Meco : Mais non, ça va !
Ginola : Je pense que les Marseillais avaient des consignes. Il y avait la rivalité mais durant la semaine, il y avait aussi la préparation mentale. La descente du tunnel ou entrer au Vélodrome quand tu étais parisien, étaient quelque chose de très, très compliqué. Aujourd’hui, je ne sais pas si les joueurs ressentent vraiment l’importance de ces matches-là. Cela reste un truc de supporters. Eux, ils sont restés. Mais les joueurs ne sont plus dans la même mouvance.
Di Meco : « Si je veux dégoûter mon fils du foot, je lui montre PSG-OM 1992 »
Entre Marseillais et Parisiens, ce n’était pas la grande entente. Les tensions ont même rejailli sur l’équipe de France…
Di Meco : Il y a eu un moment où c’était un petit peu tendu. Mais en 1994, quand je suis revenu en équipe de France, on était en plein dedans. Et pourtant, il y avait une super ambiance chez les Bleus. On restait des heures après les repas à discuter et à déconner.
OM-PSG, ce n’était pas des grands matches…
Di Meco : J’ai revu il y a peu de temps le PSG-OM de 1992 (0-1). C’était le pire. A la mi-temps, il y avait autant de fautes qu’à la fin d’un match musclé. C’était une horreur. Si j’avais envie de dégoûter mon fils du foot, je lui passe ce match-là. Après, il peut passer aux fléchettes.
Ginola : En fait, on était conditionné. Tu entrais sur le terrain en sachant que ce ne serait pas un super match. Que ce serait hyper haché et qu’à chaque fois que tu sortirais d’un dribble, tu prendrais un « attentat ». Finalement, on ne pouvait pas s’exprimer. Mais paradoxalement, on ne voulait le rater pour rien au monde.
Di Meco : Ce match, on s’en foutait de bien le jouer, on voulait avant tout le gagner. Et s’il fallait leur faire mal, on leur faisait mal. Il y avait des joueurs de grande classe au PSG et nous, on ne voulait pas se faire promener. La rivalité était telle, que dans le tunnel, personne ne se déplaçait pour dire bonjour alors qu’on se connaissait tous. On ne se regardait même pas !
Ginola : C’est ce qui me désolait le plus ! Souvent, j’allais voir Basile Boli à la fin des matches : « Base’, tu me fais quoi ? Tu me fais un attentat dès la première minute, à quoi tu joues ? »
Di Méco : C’est ça le bonjour !
Ginola : Si on avait eu plus souvent cette attitude, on aurait gagné plus de clasico.