DIRECT. Procès Atal: Youcef Atal condamné pour provocation à la haine

Youcef Atal condamné
Le tribunal estime que sont caractérisés avec certitude les liens entre la vidéo de ce prédicateur et le territoire français.
Reconnu coupable, le joueur de l'OGC Nice est condamné à 8 mois de prison avec sursis simple. Amende de 45 000 euros. Avec publication de la condamnation dans Nice Matin et Le Monde aux frais du condamné.
Youcef Atal a 10 jours pour faire appel.
Toutes les parties civiles ont eu 1.500 euros, sauf la LFP et le Crif Sud Est, qui ont eu 1 euro.
M.Tilliette
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La réaction de l'avocat du Crif Sud-Est, première association à avoir porté plainte contre Atal
David Rebibou, avocat du Crif Sud-Est, a réagi à la condamnation de Youcef Atal. "C'est une satisfaction car le Crif Sud-Est a été la première association a déposé plainte. Elle estimait que chacun de ses membres était visé par le prêche de ce prédicateur et que cela mettait en danger chaque citoyen de confession juive."
"Ce que nous souhaitions, c'est que le joueur soit déclaré coupable parce qu'il est responsable, comme tout un chacun, de ce qu'il diffuse, de la propagation de la haine qui a été opérée", a ajouté Me Rebibou.
La réaction de Philippe Vardon, conseiller Reconquête à la ville de Nice
La réaction de Philippe Vardon, conseiller municipal (Reconquête) à la ville de Nice: "Youcef Atal est un récidiviste. Il avait liké un message islamiste sur les réseaux sociaux appelant à châtier ceux qui insultaient Allah au lendemain de l'attaque contre la Basilique de Nice, après le meurtre de Samuel Paty. Cela fait trois ans, en réalité, que Youcef Atal aurait dû être condamné, qu'il aurait dû quitter notre ville et quitter notre pays, cessser de porter les couleurs de Nice. Je me félicite de cette condamnation, elle aurait dû intervenir avant. Il ne jouera plus à Nice, c'est très bien, il ne jouera plus en France, c'est bien. Qu'il reprenne un avion pour l'Algérie et qu'on n'entende plus parler de lui."
Décision ce mercredi pour Atal
Alors que Youcef Atal est poursuivi pour "provocation à la haine à raison de la religion", la décision du tribunal correctionnel de Nice sera rendue ce mercredi à 13h30. Le défenseur niçois est poursuivi pour avoir partagé une vidéo appelant à "un jour noir sur les juifs", sur fond de conflit entre Israël et le Hamas.
Lors du procès au tribunal correctionnel de Nice le 18 décembre, le parquet avait requis dix mois de prison avec sursis pour provocation à la haine à raison de la religion, 45.000 euros d'amende et la publication de la condamnation pendant un mois sur la page d'accueil du compte Instagram du défenseur, qui dépasse les 3,2 millions d'abonnés.
Quand Youcef Atal donne un indice sur son avenir au tribunal
Les deux mains bien accrochées à la barre, Youcef Atal s’est laissé quelques secondes lundi pour répondre à la question suivante: "Comptez-vous rester à l’OGC Nice?" Même le président du tribunal judiciaire de Nice a tenté d’en savoir plus lors de son procès, vainement. "Je ne préfère pas répondre", a rétorqué, non sans gêne, l'international algérien.
Le latéral droit de 27 ans sera rapidement fixé sur son sort sportif et judiciaire. Le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende, le délibéré a été fixé au 3 janvier. Présélectionné pour la CAN par Djamel Belmadi, Youcef Atal a aussi vu sa suspension de sept matchs, ordonnée par la LFP, être levée au soir de Nice-Lens (2-0), mercredi.
"La procédure disciplinaire prendra fin après le match de Lens, il sera alors à nouveau à disposition", expliquait Francesco Farioli au début du mois. Rentré au pays se ressourcer quelques jours, Youcef Atal sait que c’est un mois charnière qui s’annonce dans sa vie d’homme et de joueur de foot. Les dirigeants niçois ne comptent plus sur lui et sont à la recherche de son successeur. Le principal intéressé ne dispose plus que de six mois de contrat avec Nice et dispose de touches en Turquie, avec Besiktas notamment, et au Moyen-Orient. Si le Gym souhaite un départ dès cet hiver, certains acheteurs sont tentés de patienter pour le récupérer gratuitement.
M.Tilliette
Le jugement mis en délibéré
La justice a confirmé que le jugement du procès Atal était mis en délibéré. La décision sera rendue le 3 janvier 2024 à 13h30.
L'avocat d'Atal dénonce un traitement injustifié de la justice
L'avocat de Youcef Atal a poursuivi sa défense du footballeur niçois.
"Si vous connaissez un petit peu les choses, les joueurs de l'équipe d'Algérie, beaucoup, refusent de jouer à Tel Aviv en Israël. On a analysé son matériel informatique et téléphone et alors, fait rare, on n'a rien trouvé", a continué Maître Vey dans sa défense de Youcef Atal. "Qu'est qu’on a pour dire qu'il a intentionnellement répercuté ce message, dont on ne contexte pas qu'une formule peut être lue comme incitation à la haine. Elle est à la toute fin. Certes le début n'est pas un message de paix mais un message de solidarité."
Et de se plaindre de l'arrestation du défenseur pendant la procédure: " Pourquoi aller le matin au stade et essayer de le choper devant tous ses camarades? Pardon le parquet de Nice mais ce n'est pas vraiment nécessaire. On le convoque, il se présente, il s'explique."
L'avocat d'Atal demande la relaxe du joueur
Après le réquisitoire de la procureure, l'avocat de Youcef Atal a pris la parole pour réclamer la relaxe de son client dans cette affaire.
"35 secondes c'est long sur une vidéo comme ça. Je ne vais pas faire l'exercice rhétorique d'attendre 35 secondes pour reprendre ma phrase mais imaginez-le. L'algorithme Instagram est tellement complexe qu'il est compliqué d'affirmer que l'on tombe sur des vidéos d'imam parce qu'on regarde des vidéos d'imam", a lancé Maître Antoine Vey. "Quand on a une personne qui une fois que la vidéo est signalée, l'a retirée et a publié un message d'excuse. Il ne faut pas faire le procès de celui qui a fait la vidéo. On lui prête une solidarité à des propos diffusé dans tous les réseaux mais celui qui les porte n'est pas ici au tribunal. Si on veut aller au bout de la logique, interdisons ce type de vidéo sur Instagram."
Et l’avocat de Youcef Atal d’ajouter: "Il n’est pas discutable que dans le monde dans lequel on vit, ces gens tout à fait normaux ont gagné une responsabilité qui dépasse presque celle de notre institution judiciaire. Leur message est sans doute plus relayé que la décision que vous allez prendre."
"Youcef Atal n'est ni un homme politique, ni un théologien, un religieux... Jean-Marie Le Pen n'a jamais eu l'amende maximale pour les propos qu'il a tenu", a enchaîné Maître Antoine Vey.
L'avocat d'Atal en appelé à la clémence du tribunal pour son client.
"Quand la souffrance est immense, avec ces attentats et guerre que vous avez cités, on lui en met beaucoup sur le dos", a noté Me Antoine Vey. "On attend que les juges soient un rempart vis à vis de ces thèses et de ce climat."
De la prison avec sursis requise contre Atal
La procureur en termine et annonce les sanctions demandées contre Youcef Atal. Le footballeur algérien de Nice voit le ministère public réclamer:
- 10 mois de prison assorti d'un sursis simple
- une amende de 45 000 euros
- la diffusion de la décision de justice sur Instagram pendant une durée d'un mois.
Le vif discours de la procureure contre Atal
Madame le procureur enchaîne à son tour avec sa plaidoirie contre Youcef Atal.
"Les mots ont un poids. Relayer ce type de message entraîne des actes de violences réels qui ont déja endeuillé toute la France et d'autres pays", a estimé la représentante de l'Etat. "Ce n'est pas un imam modéré. Contrairement à ce que j'ai pu entendre à plusieurs reprises, à aucun moment il n'est question de paix dans cette vidéo. Il a publié un message 'free palestine' avec une écharpe aux couleurs de la Palestine. On est donc dans un contexte que monsieur Atal connait et maitrise. La video a clairement un caractère violent et elle dure 35 minutes, pas 1 minute, 1 heure ou 3 heures... Mais 35 secondes! Une vidéo qui lui a été soumise par l'algorithme."
Et d'ajouter: "Dans un premier temps sa réaction est opportuniste en retirant la vidéo après échange avec son employeur."
On est clairement sur quelqu'un qui commet des faits et ne les assume pas aujourd'hui, n'a pas conscience de la portée des faits. Il ne faut pas les banaliser", a lancé la procureure.
Youcef Atal la regarde et écoute attentivement, comme il l'a fait lors des plaidoiries des cinq avocats des parties civiles.
"Monsieur Mahmoud al-Hasanat, je ne le connaissais pas et sans doute personne ne le connaissait ici avant qu'une personnalité publique ne relaie ses propos, a conclu madame le procureur. "Il y a plus de trois millions d'abonnés et le compte est public, on peut aussi donc accéder à son contenu sans le suivre."
La plaidoirie de la LFP qui dénonce des propos "clairement discriminatoires"
L'avocat de la LFP a rappelé la réaction rapide de l'instance pour traiter le cas Atal et le sanctionner de sept matchs de suspension.
"Dans la décision de la commission de discipline, la Ligue a traité cette affaire et de facon extremement rapide. Les propos relayés par Monsieur Atal sont clairement discriminatoires. On a considéré que disciplinairement il fallait sanctionner ce comportement", a signifié le représentant de la Ligue. "Il n'a pas fait appel et a admis cette sanction justifiée et adaptée sans doute. Il apparait dans le dossier qu'il n'est pas allé chercher la vidéo, l'algorithme d'Instagram l'a proposé sur son téléphone. Quand on connait comment cela fonctionne... On me propose des vidéos de football, quand je regarde du football. De la politique quand c'est de la politique, de la cuisine quand c'est de la cuisine et là c'est un prêche bien précis. Ce n'est pas anodin."
Les plaidoiries des parties civiles contre Atal
Les plaidoiries des parties civiles se sont enchaînées. Si le CRIF ou la LFP ont demandé un euro symbole au titre des dommages et intérêts, en regrettant totu particulièrement d'avoir vu le joueur relayer la vidéo d'un prédicateur à ses millions d'abonnés sur les réseaux sociaux. La LICRA a demandé une somme plus importante sans la communiquer.
Après un message offensif de l'avocat de la LICRA Nice Côte d'Azur qui a notamment signifié qu'il aurait "aimé que monsieur Atal prenne une position moins lâche et viennent plaider coupable jusqu'au bout plutot que d'insulter leur intelligence", il a demandé 1.500 euros de dommages et intérêts.
"On n'est pas dans une démarche de repentance mais dans une stratégie d'évitement. Ca me blesse et ça blesse les personnes que je défends", a encore estimé le représentant de la LICRA Nice Côte d'Azur. "Le message n'est pas ambigu. C'est un message partisan dans un contexte de guerre et de commission d'attentat. Nous servir ça, c'est insulter l'intelligence de millions de gens."
Un constat similaire de la part de l'avocat de l'OJE, Organisation juive européenne qui dénonce la défense de Youcef Atal: "Ce n'est pas de l'évitement, c'est de la dissimulation. On ne nous apporte aucune réponse. Le but est de laisser penser qu'au fond c'est de l'imprudence. Le like de l'athlète de MMA, le partage d'un prédicateur... On peut faire une gradation en fonction de la gravité des choses ou avoir une approche différente et dire 'Non c'est grave'. J'ai des frissons quand je lis ce prêche. Quand j'entends 'un jour noir sur les juifs', j'entends nuit de cristal, j'entends génocides... Tout est lié et fait partie de la même nébuleuse. C'est juste que dans cette bande organisée on se sépare les rôles."
Atal toujours payé par Nice
Suspendu par Nice après sa publication problématique, Youcef Atal continue de percevoir son salaire et l'a confirmé lorsque l'avocat de la LFP lui a posé la question ce lundi.
Dans les faits, l'Algérien touche toujours son salaire fixe mais pas les primes.
Avec MT
Atal explique ne pas avoir compris tous les mots de la vidéo polémique
La parole est à la défense, Me Antoine Vey. Il pose la question à Youcef Atal, vous parlez un arabe algérien, est-ce le même arabe que celui parlé dans la vidéo ?
L'avocat de Youcef Atal, Maître Vey, demande à son client s'il parle le même arabe que celui utilisé dans la vidéo antisémite. Le défenseur du Gym répond clairement que "non".
Son avocat l'interroge sur son degré de compréhension de l'arabe littéraire. Là encore Youcef Atal confirme ne pas en saisir toutes les nuances.
"C'est un peu comme le français, il y a des choses que je comprends, d'autres que je ne comprends pas", a assuré le joueur de 27 ans lors de son témoignage.
"Pas mon but d'envoyer un message de haine mais bien de paix"
La procureure demande à Youcef Atal s'il a pris conscience des possibles répercussions d'un tel partage.
"C'est pour ça que j'ai enlevé. C'était pas mon but d'envoyer un message de haine mais bien de paix."
Et Youcef Atal d'enchaîner après une relance de la procureure: "Je vous ai répondu parce que je ne voulais pas envoyer un message de la haine, juste de la paix. Que les gens souffrent pas."
Atal assure ne pas avoir regardé la vidéo en entier
Le témoignage de Youcef Atal à la barre se poursuit, et le footballeur de Nice est interrogé sur la régularité des ses publications extrasportives sur ses réseaux sociaux.
"Je partage aussi des vidéos ou photos pas en lien avec le foot", a indiqué l'Algérien. Avant de marteler quand on lui dit qu'il est difficile de croire qu'il n'a pas regardé la vidéo en entier avant de la relayer: "Mais c'est la vérité, je l'ai pas regardée en entier."
La procureure de le relancer sur un argument similaire après un like polémique en 2022. Cette fois Youcef Atal a préféré botter en touche.
"J'aimerais pas répondre à cette question, a estimé le Niçois. "Quand j'ai fait ça des gens m'ont parlé par rapport à ce que j'ai fait."
Atal ne repartagerait pas la vidéo
L'avocat de la LICRA interroge le joueur. "Vous n'êtes pas qu'un joueur de football, vous avez le droit de vous exprimer et d'avoir une opinion. Je vous reproche aujourd'hui de ne pas avoir le courage parce qu'on ne peut pas avoir de débat. Dans notre dossier, il y a des photos de vous avec une écharpe de la Palestine."
"J'ai fait la photo avec une écharpe parce qu'en Algérie tous mes coéquipiers soutiennent la Palestine", répond Atal.
"Vous dites être allé jouer à Tel Aviv et que ça n'a pas posé de problème. En quoi faire un match de football à Tel Aviv serait problématique pour vous si vous n'êtes qu'un joueur de football?"
"Je ne suis pas antisémite, je ne suis contre personne", répond Atal.
L'avocat de la LFP demande au joueur s'il repartagerait pas cette vidéo aujourd'hui. Le joueur répond que non et explique.
"On m'a suspendu dans le foot et c'est le truc que j'aime le plus. Pour ça, je regrette d'avoir fait ça et je n'ai rien contre les autres. Comme je le dis depuis le début, je voulais juste passer un message de paix." L'avocat de LFP s'étonne de cette réponse. "C'est parce que vous avez été sanctionné que vous regrettez?"
'Non, je n'ai pas vu jusqu'à la fin", redit Youcef Atal.
L'avocat de la LFP ne le lâche pas. "Et en la voyant jusqu'à la fin, pourquoi vous ne la repartageriez pas?"
"Parce qu'à la fin, il y a ce jour noir contre les juifs. Mais je ne suis pas contre les juifs ni contre personne."
Atal explique qu'il n'a pas écrit son message d'excuses
L'échange se poursuit. "Que signifie pour vous 'un jour noir pour les juifs?'", demande le président.
Réponse d'Atal: "Je ne suis contre personne, chacun a le droit de faire ce qu'il veut. Moi j'étais touché parce que je ne veux pas que les gens souffrent, je ne veux pas que des gens meurent. Je ne suis ni contre les juifs, ni contre les chrétiens... Je suis avec la paix"
"Avez-vous rédigé le message d'excuses?", poursuit le président.
"Non ils me l'ont envoyé, je l'ai lu, je l'ai envoyé. C'est ce que je voulais dire."
Atal explique alors comment les excuses ont été postées sur son compte Instagram. "C'est moi qui les ai partagées avec mon Instagram. J'ai quelqu'un qui travaille avec moi parce que je ne sais pas écrire le français."
Le président rebondit: "C'est votre agent ou vous qui a écrit?"
Réponse du joueur: "Moi je lui ai dit le message et lui l'a écrit."
Atal décrypte la vidéo qu'il a partagée
Youcef Atal revient sur le contenu de la vidéo à l'origine de l'affaire. "Il demande à Dieu d'arrêter tout ça, que des gens souffrent, sont en train de mourir pendant la guerre. Ensuite, il dit en arabe 'j'espère que Dieu guidera la main'... Cette partie-là, je ne l'ai pas vue".
Le président intervient alors. "Elle dure 35 secondes la vidéo, c'est court 35 secondes."
La partie civile lit la traduction des propos dans la vidéo et demande " Il est où le message de paix, Monsieur?"
Réponse de Youcef Atal: "J'ai entendu la vidéo en arabe et je pensais vraiment que c'était un message de paix."
L'émotion et les regrets de Youcef Atal
Le joueur a visiblement l'air très ému. Le président continue son interrogatoire. "Vous m'avez l'air sensé. Pourquoi vous n'avez pas réfléchi avant de republier?"
"Je pensais vraiment que c'était un message de paix, c'est la vérité. Avec du recul, je me dis que c'est des trucs importants et j'aurai dû regarder la vidéo jusqu'à la fin. Je regrette par rapport à ça. Je voudrais juste rajouter que je ne suis contre personne, je ne suis que footballeur. Je suis contre la haine. On a déjà joué en Israël (contre le Maccabi Tel Aviv, ndlr), j'ai joué là-bas sans aucun problème."
L'échange entre le président et Youcef Atal se poursuit
Le président précise que vous Youcef Atal n'est "pas du tout connu des services antiterroristes". Il interroge le joueur.
"J'ai une question mais qui n'est pas polémique du tout. On parle des événements à Gaza et pour lesquels vous avez conscience du drame qui se passe. Vous avez publié un tel message quand les commandos du Hamas sont entrés en Israël?"
Atal répond. "Non, je n'ai pas partagé de message mais je suis contre toute violence. Mon message c'était pour que les gens ne souffrent pas".
Le président évoque ensuite la sanction décidée par l'OGC Nice, qui a suspendu son joueur jusqu'à nouvel ordre. Atal explique. "Oui, j'ai été sanctionné par mon club et convoqué par la commission de discipline. J'ai écopé de 7 matchs de suspension, il m'en reste un."
"Je ne suis qu'un joueur de foot": Atal plaide la légèreté
Youcef Atal continue de plaider la légèreté. "Moi, je ne suis qu'un joueur de foot, je n'essaie pas de rentrer dans la politique. J'ai partagé sans regarder jusqu'à la fin puis j'ai envoyé un message d'excuses. Des excuses sincères."
Le président s'interroge sur les raisons de ce retrait et de ces excuses. "Qui vous a appelé pour enlever?", lui demande-t-il.
"C'est le club, le directeur sportif qui m'a appelé. J'ai enlevé la vidéo et envoyé un message d'excuse", explique Youcef Atal.
Atal "n'a pas eu le réflexe" de vérifier qui était l'auteur de la vidéo
Le président interpelle le joueur. "Quand vous voyez un homme que vous ne connaissez pas, on a tous les mêmes réflexes, on tape son nom sur Google. Vous n'avez pas eu ce réflexe, Monsieur?"
Le défenseur niçois répond: "Non, je n'ai pas eu ce réflexe. J'ai vu la vidéo et je l'ai postée pour que les personnes ne souffrent pas. Je ne me suis pas intéressé plus à la personne. Au début, il parlait des gens pour qu'ils ne souffrent plus et j'ai partagé."
Le président explique qu'"en 30 secondes sur internet j'ai vu que ce monsieur avait mis des messages sur les caricatures de Mahomet. Je crois même qu'il avait traité le président de la République de 'laquais'. Il y a aussi des informations qui le lient à l'attentat qui a fait trois morts à Nice (celui de Notre-Dame, ndlr)."
"Je n'ai pas votre habitude des réseaux sociaux et j'arrive à avoir ces informations", lance-t-il.
Les explications de Youcef Atal
Le défenseur de Nice explique maintenant devant le tribunal correctionnel comment il en est venu à partager la vidéo qui l'amène devant la justice ce lundi.
"J'ai partagé la vidéo parce que j'ai pensé que c'était un message de paix et que les gens sont en train de souffrir pendant cette guerre. Malheureusement, je regrette de ne pas l'avoir vue jusqu'à la fin. J'ai partagé parce que je pensais que c'était vraiment un message de paix. Je veux que les gens arrêtent de souffrir. Ça n'est pas dans mon intention d'être contre n'importe quelle personne. Malheureusement je n'ai pas fini la vidéo."
Le président rappelle les faits
Le président prend la parole afin de rappeler les faits. "C'est une affaire qui va démarrer par plusieurs signalements faits au tribunal. En premier lieu, le préfet des Alpes-Maritimes et parallèlement, le même jour, le maire de Nice. Après ça, la PJ est saisie puis vous êtes auditionnée devant les services de police. Une exploitation de votre compte Instagram va être faite. La vidéo a été supprimée et un message d'excuse publié".
"Les enquêteurs précisent qu'aucun message sur ce compte n'est en faveur du Hamas, seulement des messages de soutien au peuple palestinien", rappelle le président.
Pour l'avocat de la défense, Atal "a fait ses excuses en français parce qu'il est poursuivi en France"
La parole est à l'avocat de la défense Me Antoine Vey.
"Il a fait ses excuses en français parce qu'il est poursuivi en France. S'il l'était en Ukraine, il l'aurait fait en ukrainien", estime-t-il.
"Le critère n'est pas de savoir si le public français peut se sentir visé, mais de savoir si vous avez un critère de rattachement suffisant pour que vos juridictions puissent juger cette affaire", conclut-il.
La séance est suspendue quelques minutes pour se pencher sur la question.
Pour la LFP, Youcef Atal ne pouvait pas ignorer qu'il serait lu en France
C'est au tour du représentant de la LFP de s'exprimer. Pour lui, Youcef Atal pouvait ne pas avoir conscience de l'impact de son partage, mais ne pouvait ignorer qu'il serait lu en France.
"Est-ce que le lieu donne un impact moindre (au message, ndlr)? Du point de vue des autorités du football, un message discriminatoire à raison de la religion, l'ethnie ou la race est une atteinte à la dignité humaine où qu'on se trouve. Les propos ne sont pas acceptables et sont antisémites. Ce ne sont pas les propos de Monsieur Atal, mais il les a relayés."
L'Organisation juive européenne dénonce "un faux débat"
L'Organisation juive européenne, partie civile dans ce procès au même titre que l'Organisation juive de France, la Licra et le Crif, dénonce"un faux débat" autour de la compétence de la loi française dans cette affaire.
"Il a un compte Instagram à trois millions d'abonnés. La première personne à avoir déclenché cette affaire est niçoise. Le message d'excuse public publié en français a été fait après des échanges avec son directeur sportif niçois", liste le représentant de l'organisation.
La Procureure balaie les arguments des avocats du joueur
Les arguments de Maître Antoine Vey ne convainquent pas la Procureure, qui estime que la loi française est bien compétente pour juger Youcef Atal.
"Le lieu de domiciliation de Monsieur Atal est à Nice, donc la compétence des juridictions française s'applique", estime-t-elle.
"On est sur une publication sur les réseaux sociaux d'un joueur inséré sur le territoire français depuis 5 ans. Son public est notamment un public de l'OGC Nice. Quelqu'un qui vit à Nice et va occasionnellement en Algérie. Le fait que la vidéo soit en arabe n'a pas d'importance car en France, il y a une population arabophone. Le message vise la communauté juive, particulièrement importante en France. Ça ne vise pas un pays en particulier mais le monde entier. Les faits interviennent peu de temps après les attaques du Hamas en Israël. Monsieur Atal n'en est pas à sa première publication, il a déjà commis des faits et des publications qui ont posé problème. Ça intervient dans un contexte particulier avec un passif particulier."
"Ça voudrait dire qu'il y aurait une impunité sur les réseaux sociaux pour des messages menaçant en langues étrangères envoyés depuis l'étranger", conclut-elle.
L'avocat de Youcef Atal estime que la loi française n'est pas compétente dans ce dossier
Maître Antoine Vey soulève une question juridique: celle de la compétence de la loi française à juger ces faits. "Il y a une forme d'erreur matérielle. Les faits ne se sont pas produits à Nice ni sur le sol français (Atal était en sélection algérienne, donc depuis l'étranger, ndlr). La vidéo a été publiée en langue arabe, il l'a republiée sans commentaire à destination d'un public arabophone. Rien ne rattache les faits au peuple français. La question de savoir si l'on tombe dans la loi française mérite d'être posée", explique l'avocat.
"Le seul critère qui rattache ce débat à la France, c'est qu'il est un joueur de l'OGC Nice", conclut Me Vey.
Youcef Atal coopératif
Youcef Atal, tout de noir vêtu se présente à la barre à 13h48, il est venu avec une interprète. Il fera appel à elle lorsqu'il y aura une incompréhension. Ses avocats sont Tom Michel et Antoine Vey.
"Oui, je vais répondre à vos questions", déclare le joueur.
Youcef Atal est arrivé au tribunal correctionnel de Nice
Le défenseur niçois est arrivé au tribunal correctionnel de Nice pour y être jugé pour provocation à la haine.
Atal suspendu "jusqu'à nouvel ordre" par l'OGC Nice
Le Gym a pris la décision de suspendre "jusqu'à nouvel ordre" le latéral algérien. Il a écopé en parallèle d'une suspension de sept matchs par la LFP. Atal verra sa suspension être levée par la LFP mercredi 20 décembre après le match contre Lens.
S’il s’entraîne toujours dans les installations de l’OGC Nice pour rester en forme, l’international algérien ne participe pas aux entraînements collectifs et sait que ses jours sont comptés sur la Côte d’Azur.
Bonjour à tous
Après l'attaque du Hamas et le début des bombardements d'Israël sur Gaza, Youcef Atal, défenseur algérien de l'OGC Nice, avait partagé une vidéo appelant à un "jour noir" pour les juifs: déjà suspendu par son club, il est jugé lundi pour provocation à la haine devant le tribunal correctionnel de Nice.
Dans l'attente de ce procès - pour lequel il encourt jusqu'à un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende -, Atal a été placé sous contrôle judiciaire avec une caution de 80.000 euros et interdiction de quitter le territoire national, sauf pour des motifs liés à son activité de footballeur professionnel.