Evian en cure d’assainissement

Patrick Trotignon - -
En Haute-Savoie, les fêtes de Noël sont souvent synonymes de neige, de ski et de tables bien garnies. Mais cette année, juste avant de déguster chapon et bûche, les Haut-Savoyards se sont payé une petite crise. Pas de foie, mais de gouvernance. Convoquée ce lundi, l’assemblée générale d’Evian-Thonon-Gaillard a accouché du départ de Patrick Trotignon de son poste de président. En place depuis cinq ans, il sera remplacé temporairement par Joël Lopez, l’un de ses collaborateurs, qui occupait le poste de directeur délégué. Le nouveau patron du club sera ensuite « choisi par le conseil d’administration en concertation avec Franck Riboud, président d’honneur et PDG du Groupe Danone, principal sponsor de l’ETG FC », comme l’indique un communiqué.
Le départ de Trotignon marque une pause (un arrêt ?) dans les tensions qui pourrissaient la vie du seul club à avoir battu le PSG cette saison en Ligue 1 (2-0). Trotignon paie sa brouille avec les actionnaires majoritaires (Esfandiar Bakhtiar et Richard Tumbach), qui enrageaient face à son autonomie grandissante, notamment quand il s’octroyait, sans accord, des primes personnelles à plusieurs zéros avant la virgule. « Je suis contraint de quitter un club et un projet qui me sont et me resteront si chers, déclare Trotignon. J'ai cru et je crois toujours que l'ouverture du capital de la SASP et de HSFD était, et est la solution la plus féconde et la plus efficace pour affronter l'avenir, hors de toute appropriation du club. Je n'ai pas réussi sur ce plan et j'en suis triste. » Mais plus que la présidence, c’est toute la gouvernance d’Evian-Thonon-Gaillard qui pourrait être remise en cause dans les prochaines semaines.
Dupraz désormais manager général
Franck Riboud, PDG du groupe Danone et proche de Trotignon, pourrait annoncer le retrait d’une partie de son aide au club, soit un million d’euros destinés à l’équipe professionnelle, dont il est partenaire mais pas actionnaire. Pour s’engager avec Grenoble, actuellement en CFA ? « Danone souhaite démentir la rumeur selon laquelle le groupe envisagerait le sponsoring du club de Grenoble ou de toute autre équipe », répond le géant de l’agro-alimentaire. Danone devrait d’ailleurs garder un pied à l’ETG, en aidant toujours financièrement le centre de formation. « Au sein de ce nouveau conseil d’administration, il y a une très bonne ambiance. On a rendu hommage à M.Trotignon et au groupe Danone. Il n’y a pas de chasse aux sorcières. Il ne faut pas de bagarre. Si je peux apaiser tout ça… », a déclaré le chef étoilé Marc Veyrat, nouvel administrateur du club.
Ce départ forcé de Trotignon devrait en tout cas mettre fin à une ambiance délétère qui pèse depuis quelques mois sur la gouvernance, sportive cette fois-ci. En froid avec son désormais ex-président et proche de la porte fin août, Pascal Dupraz, entraîneur et fils du fondateur du club, devrait désormais pouvoir travailler plus sereinement. L’assemblée générale tenue ce lundi a même élargi ses fonctions puisque le technicien est désormais manager général, « en charge de toute la politique sportive du club ainsi que du recrutement des joueurs ». Dans un communiqué, l’ETG a indiqué que ces changements faisaient entrer le club « dans une nouvelle ère ». Celle d’un calme retrouvé sur les bords du lac Léman ?
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|||Dupraz : « Les fossés se sont creusés »
Invité de l’Intégrale Sport, Pascal Dupraz, entraîneur d’Evian-Thonon-Gaillard promu manager après l’éviction du président Patrick Trotignon, est revenu sur les circonstances de ce remaniement. « Les propriétaires ont décidé de me nommer manager général et je vais épauler Joël Lopez (nouveau président, ndlr). Je suis au service du club depuis 23 ans, j’ai déjà occupé ces fonctions lorsque l’équipe jouait dans les divisions inférieures et je vais continuer à œuvrer pour ce club et cette région à forte identité. On va tenter de poursuivre ce qui a été fait sous la présidence de Patrick Trotignon, explique-t-il. De par son absence de prise de position, j’ai essayé de trouver un consensus. J’ai toujours essayé de faire en sorte que les choses se tempèrent et s’arrangent mais les fossés se sont creusés. Je dois accepter la mission qu’ils m’ont confiée tout en saluant le travail de Patrick Trotignon. »