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Gourcuff, les dessous d’une baisse de salaire

Yoann Gourcuff à l'échauffement

Yoann Gourcuff à l'échauffement - AFP

Fantomatique depuis quatre ans avec l’OL, Yoann Gourcuff a accepté de baisser son salaire pour sa dernière année de contrat… sans prolonger. RMC Sport vous plonge dans les dessous de ce choix qui fait parler.

A force, les supporters l’ont surnommé « le fantôme de Gerland ». Hommage à sa production. En un peu plus de quatre ans à Lyon, Yoann Gourcuff a surtout marqué les esprits par ses absences : 13 blessures, près de 500 jours à l’infirmerie et 104 matches disputés sur les 212 de Lyon depuis son transfert en août 2010. Le tout pour un coût de… 11,5 millions d’euros par saison pour le club, salaire, amortissements et charges compris, et un salaire progressif sur ses cinq années de contrat qui le mène actuellement à un montant mensuel de 515 000 euros bruts.

Devant un tel bilan, voir le joueur accepter une baisse de salaire pour sa dernière saison de contrat paraît logique. Mais la manière pose débat. La nouveauté ? Le fait de baisser son salaire… sans prolonger, ce qui lui laisse l’opportunité d’être libre en juin prochain. D’habitude, les deux vont avec. Pas pour le fils de Christian. Si sa baisse de salaire et ses modalités restent « secret défense » du côté du club, elle existe bel et bien et ne tient pas de la seule « communication à visées multiples » pour calmer des supporters lassés et rassurer des actionnaires inquiets. « Et on ne parle pas de 10 ou 50 000 euros mais de sommes bien plus importantes », explique-t-on dans l’entourage du joueur.

Le staff de Fournier en a déjà marre

Exigée en haut lieu, cette baisse trouve aussi son origine dans une promesse de l’avocat du joueur, Didier Poulmaire, l’homme qui s’occupait à l’époque de la carrière de Laure Manaudou, que Gourcuff allait prolonger, même s’il n’y a jamais eu « d’accord tacite » sur la question selon les proches de Yoann. Une promesse finalement retoquée par l’intéressé. Dans le bureau présidentiel lyonnais, ce contretemps est mal passé. Du coup, le conseiller de l’ancien Bordelais a tenté d’ouvrir les yeux à son poulain afin de lui faire comprendre l’impasse dans laquelle il se trouve après tant de blessures à répétition. Sans oublier que plus personne ne veut travailler avec ce joueur toujours en marge du groupe : le staff de Fournier en a déjà marre après… deux mois.

Entre les gros yeux de Jean-Michel Aulas, chafouin, et ceux de Poulmaire, Gourcuff saisit donc l’opportunité de calmer les esprits avec cette baisse certainement liée à un avenant au contrat initial, levier juridique grâce auquel tout est possible, notamment autour de la notion de matches joués ou de rémunération à tiroirs. Tout en espérant que les gens n’oublieront pas cet effort financier dans les mois à venir.

Grand prince ou démago ?

« Yoann s’inscrit dans le projet du club, confie-t-on dans son entourage. Il n’était pas tenu de faire cet effort, rien ne l’y obligeait. C’est un acte fort d’un garçon responsable, un acte de solidarité. On lui a dit que s’il faisait ce geste-là, ça aiderait le club. Il donne un coup de main dans une situation pas évident pour l’OL et un contexte pas facile pour le joueur. »

Concernant la prolongation, Gourcuff et son équipe ont demandé à ce qu’il n’y ait plus de discussions avant la fin du premier trimestre 2015 afin de laisser l’intéressé travailler avec sérénité pour se remettre physiquement et aider le club sur le terrain. Alors, grand prince ou démago ? « Quand on voit l’investissement sur ce garçon et les matches qu’il a faits, je trouve presque ça normal, juge Eric Di Meco, membre de la Dream Team RMC Sport. Mais classe ou démago, j’ai du mal à répondre. On ne connaît pas les modalités. Il y en a pas beaucoup qui font ça. Mais des joueurs dans sa situation, il n’y en a pas beaucoup non plus. »

A.H. avec E.J. à Lyon