Guingamp à la croisée des mondes

Lionel Mathis - -
Un chiffre suffit à lui seul a expliqué le phénomène guingampais. Le budget de l’En Avant Guingamp, 14e de Ligue 1 avant de défier le Paris Saint-Germain ce samedi dans son stade du Roudourou, est de 20,5 millions d’euros. A quatre millions près, cela correspond au salaire annuel de Zlatan Ibrahimovic (16,2M€). Mais ce n’est pas tout. C’est aussi deux fois plus que le budget de cette ville des Côtes-d’Armor (11 M€). Vous avez dit ville de foot ? Allez, on enfonce le clou. Si la cité bretonne compte 7200 habitants, l’En Avant compte près de 10000 abonnés !
« Je crois que ce n’est jamais arrivé dans l’histoire d’un club, sourit Brigitte, responsable de la boutique de l’EAG. Tout le monde est étonné de l’impact que l’on a dans la France entière et même à l’étranger puisque on a des commandes de partout. « En Avant Guingamp » a été aussi repris comme une expression ! » Si l’équipe de Jocelyn Gourvenec étonne, ce succès ne doit rien au hasard. Créé il y a plus de 100 ans, l’EAG a longtemps tiré profit de la politique d’un certain Noël Le Graët. L’actuel patron de la Fédération française de football fut maire de la ville de 1995 à 2008 et président de l’En Avant jusqu’en 2011.
Mathis : « Un choc de deux mondes »
Comme l’explique très bien Annie Le Houérou, celle qui a pris les rênes de la ville après NLG, la réussite de Guingamp tient beaucoup à l’obstination et à la fierté toujours bien placée de ses habitants. « Les Guingampais, naturellement, ne lâchent rien, affirme-t-elle. On l’entend souvent au match. C’est un travail de fond. Etape après étape, on réussit. Il y a une détermination, c’est dans notre nature. Il ne faut jamais lâcher. C’est ce que je dis aussi aux gens, y compris ceux qui sont en difficulté et dans des situations fragiles. C’est quand on lutte qu’on gagne des batailles. »
Alors, même si la visite du club de la capitale excite autant qu’il suscite la crainte, et même si le million d’euros dépensé par le promu en transfert l’été dernier fait bien rire à côtés des 114 M€ lâchés par le PSG, personne, à Guingamp, ne fait de complexe. Surtout pas les joueurs de Gourvenec. « Bien sûr que c’est un choc de deux mondes, admet le milieu de terrain Lionel Mathis. Mais je crois que Paris fait un choc de deux mondes contre chaque équipe, à part peut-être Monaco. On va essayer de jouer notre football, d’être solide. Ce n’est pas du tout une révolte ou une vengeance du petit contre le gros. » On n’est pas obligé de le croire totalement…
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