Hantz : « Thauvin sera un très grand joueur »

Invité des Grandes Gueules du Sport, dimanche sur RMC, l’entraineur bastiais Frédéric Hantz est revenu la bonne période de son club, qui a presque assuré son maintien en enchaînant une troisième victoire consécutive contre Brest (4-0). Il revient également sur l’éclosion du jeune attaquant Florian Thauvin, auteur d’un nouveau doublé face aux Bretons.

Frédéric, vous avez fait un pas de géant vers le maintien en battant Brest (4-0), samedi soir.

Je pense. Avant le match de Lyon (victoire 4-1), j’avais dit que l’équipe du bas qui gagnerait trois matchs se sauverait. Je ne vais pas dire le contraire aujourd’hui alors qu’on vient de le faire. On n’est pas dans le calcul arithmétique tous les jours. Chaque victoire permet au club de grandir. On vient de gagner deux fois chez nous en mettant quatre buts et sans incident. Il faut le signaler parce qu’on n’en parle pas assez quand il ne se passe pas grand-chose à Bastia. L’équipe et le club grandissent et j’espère qu’on peut avoir d’autres ambitions que de viser la 17e place pour la fin de saison. On a un groupe quasiment au complet. « Micka » Landreau nous a fait beaucoup de bien défensivement depuis qu’il est arrivé. Le groupe avance, progresse et on a des atouts offensifs exceptionnels, avec jeunes de grand talent. Restons concentrés pour donner encore de beaux spectacles et finir le mieux possible la saison.

Parmi ces jeunes de talent, il y a bien évidement Florian Thauvin, qui a inscrit un deuxième doublé d’affilée contre Brest mais qui va quitter le Sporting pour Lille en fin de saison….

Malheureusement pour moi… Mais lui est dans une progression exceptionnelle. Il est arrivé il y a deux ans. C’est Paul Antonetti qui est allé le chercher à Grenoble quand le club déposait le bilan et que les joueurs étaient libres. Beaucoup d’équipes souhaitaient le prendre. Nous lui avons proposé un contrat professionnel alors que les autres lui proposaient un contrat stagiaire. On l’a intégré au groupe professionnel. Ça a été très difficile pour lui parce que, athlétiquement, il était encore un peu frêle. C’était un esthète. Il était beaucoup dans la beauté du geste et pas beaucoup dans l’efficacité. Il a passé quasiment six mois en CFA 2. Et l’an dernier, en Ligue 2, il a commencé à jouer sur la deuxième partie de saison. Cette année en Ligue 1, il s’éclate complètement parce qu’il arrive à maturité physique. Mentalement, c’est très costaud et il a un talent énorme. Compte tenu de ses aptitudes et de sa capacité à rester serein, je pense sincèrement qu’il sera un très grand joueur français.

« Florian, il ne se soucie que du football »

Avez-vous vu rapidement que vous aviez affaire à un joueur spécial ?

Aujourd’hui, la phase critique est quand le joueur rentre dans le groupe professionnel. Il y a des joueurs qui ont un très grand talent chez les jeunes mais beaucoup de choses se passent quand ils arrivent dans le milieu professionnel : la relation avec les autres, les aspects financiers, les médias... Certains explosent dans le mauvais sens, c’est-à-dire qu’ils n’arrivent pas à assumer tout ça. Mais quand un joueur arrive à être efficace sur six mois ou un an avec les adultes, dans un environnement hostile, et qu’il s’exprime avec un tel talent et tant de facilité de manière répétée, on peut dire que ce sera quasi définitif. Pour moi et de manière évidente, Florent Thauvin sera un très grand attaquant et un très grand milieu offensif du football français. Là, il a passé le cap. Après, il y a l’attitude du joueur. Il y en a qui s’enflamment et peuvent plonger parce qu’ils sont fragiles psychologiquement. Florian, je le côtoie depuis deux ans maintenant. On travaille avec lui et j’ai des adjoints, Pierre-Yves André et Frédéric Née, qui sont d’anciens grands attaquants et le font travailler offensivement. On sent, par rapport à son attitude vis-à-vis du travail et son talent de base, qu’il va continuer d’avancer. Tant pis pour nous, tant mieux pour lui.

Vous a-t-il demandé conseil avant de choisir Lille ?

Non, Florian est très bien entouré par rapport à ses choix de carrière. Après, moi, quand j’ai un bon joueur, je fais tout pour le garder. Je ne lui conseille pas d’aller ailleurs.

Il y a aussi des arguments économiques qui rentrent en ligne de compte…

Pour lui, tout a compté. Il y a l’aspect sportif, le fait qu’il voulait rester en France, dans un club où il puisse passer un palier. Il y a aussi des clubs anglais qui s’intéressaient à lui. Après, sur l’aspect financier, il y a des gens qui s’occupent de lui. Moi je trouve que c’est un très bon deal, un bon choix. J’aurais préféré que l’on attende un peu mais je ne maitrise pas et c’est toujours délicat. Bastia a besoin de liquidités, comme beaucoup de clubs en France. Peut-être que d’avoir fait son choix en janvier lui a enlevé un poids par rapport à son avenir. S’il est bien actuellement, c’est parce qu’il est libéré de ça. Son avenir est clair et il ne se soucie que du football.

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