Juninho : « Les Marseillais ont plus de classe »

Dans un entretien exclusif accordé mercredi à RMC, le capitaine lyonnais est revenu en longueur, avec passion et sincérité, sur la saison en demi-teinte de l’OL et… sur ses adversaires.

Juninho, comment allez-vous ?
J’ai commencé à m’entrainer avec le groupe ce matin, je vais être en condition pour jouer mardi contre Nantes. J’ai eu un début de pubalgie, mais avec le staff on a décidé de m’arrêter une semaine, ça m’a fait du bien. Je vais d’abord jouer une mi-temps contre Grenoble en amical.

L’Olympique Lyonnais a vécu une saison difficile. Quelles raisons donnez-vous à ça ?
Un jour il fallait que ça arrive, on a fait sept saisons extraordinaires. Il y a beaucoup de raisons. On a marqué moins de buts. On dépend beaucoup de Karim (Benzema), moi-même j’ai moins marqué, cinq buts en championnat, alors que j’en marquais dix avant. On a eu de la difficulté à la maison, c’est quelque chose d’inhabituel pour nous.

Le groupe lyonnais a aussi du faire face à une avalanche de blessures…
Oui, on a eu beaucoup de blessés et des blessures lourdes (Govou, Réveillère, Clerc). L’entraîneur a eu des difficultés pour définir une équipe type. On n’a presque jamais eu la même équipe.

Mentalement, ce groupe avait-il les épaules pour décrocher un nouveau titre ?
Cette équipe ressent un peu plus la pression. On a moins de personnalité par rapport aux attentes du haut niveau. Les saisons précédentes, on avait des joueurs qui géraient bien les critiques. On n’a pas été bien sur le terrain parce qu’on a douté. Comment expliquer qu’on fasse 1-1 avec le Barça (match aller à Lyon en 8e de finale de la Ligue des champions) et que deux mois plus tard on n’arrive plus à gagner en championnat ? Pour moi c’est psychologique.

Vous voulez dire que l’OL avait le niveau pour aller plus loin, notamment en Ligue des champions ?
On exagère un peu trop avec Lyon. Regardez le Bayern ou Madrid en Liga… personne n’a tenu tête au Barça. Lyon n’a raté qu’une mi-temps en Ligue des champions, c’était contre eux, au match retour (Camp Nou, 2-5).

Vous avez 34 ans, vous avez joué la quasi-totalité des matches cette saison. Puel vous a-t-il bien géré ?
Je me suis senti bien pendant toute la saison. L’an dernier malgré le doublé, j’ai eu du mal entre janvier et mars. L’entraîneur n’a pas eu beaucoup de choix avec les blessés, et ses décisions ont été bonnes. Il n’y a eu aucun problème dans la gestion du coach.

Vous êtes le capitaine, vous êtes un Lyonnais historique. Quelle relation entretenez-vous avec votre entraîneur ?
J’essaie de ne pas être trop proche de lui. Il n’y a pas de relation d’amitié. C’est l’entraîneur qui décide, c’est lui le chef.

Claude Puel a-t-il commis des erreurs ?
Sa méthode va payer prochainement, c’est quelqu’un de très exigeant, très discipliné. Mais il lui faut du temps pour trouver ses marques, c’est normal. La première saison, il découvre les joueurs, l’environnement. La différence avec Lille, c’est que l’an dernier, Lille termine 7e et ça ne fait pas de problème. Nous on va terminer 3e et ça fait l’effet d’une bombe.

Quel est votre avenir ?
Je n’ai pas encore décidé. Là, je fais tout pour garder la place de 3e pour la Ligue des champions. Je me sens très bien. On va discuter pendant les vacances. Une qualification en C1 ne serait pas déterminante, je suis bien dans mon club. Je peux faire 20 matches, 30 matches. Mais si je pars, il n’y aura aucun regret.

Quelles sont vos relations avec le président Jean-Michel Aulas ?
J’ai senti le président un peu derrière cette année, notamment à Bordeaux. On avait l’habitude de le voir plus monter au front. A Valenciennes, il a fait le choix de protéger l’entraîneur pour sa première saison. Peut-être certains sont-ils moins performants, mais c’est difficile pour moi de prendre position en tant que capitaine. Je voudrais quand même dire, que les joueurs français sont plus protégés que les étrangers par la presse. Ça fait un peu mal, d’entendre par exemple, Christophe Dugarry (consultant Canal+) parler du « vieillissement » de l’équipe. Il désignait Cris et moi, c’est dur… parce qu’on a beaucoup donné pour l’OL.

L’OL n’a-t-il pas raté son mercato d’hiver ?
On attendait tous l’arrivée de joueurs avec de la personnalité, comme Ricardo Oliveira (l’attaquant brésilien de Saragosse), Cris avait parlé avec lui, on pensait que c’était fait. Mais Ederson, Pjanic, et Delgado vont apporter beaucoup.

Qui mérite d’être champion cette année ?
Marseille mérite de gagner le championnat. Ça fait deux saisons qu’ils le disent haut et fort, ils ne se cachent derrière personne, leurs joueurs disent qu’ils vont jouer pour gagner le championnat. C’est différent des Bordelais où les joueurs se sont cachés derrière un grand entraîneur, ancien grand joueur, ancien champion du monde. Ils ont le même nombre de points que Marseille, mais ils ne parlent pas du titre, je trouve ça bizarre. Avant de jouer contre nous, ils avaient un discours, mais après notre match, Chamakh est venu avec un discours complètement différent. Les Marseillais ont plus de classe. Bien sûr que Bordeaux a travaillé pour gagner, mais il y a eu deux erreurs d’arbitrage ces derniers temps qui vont peut-être faire la différence, c’est six points de gagnés contre Lyon et contre Rennes, bon… Bien sûr, il y a beaucoup de talents, mais je dis ce que j’ai ressenti sur le terrain. Depuis deux ans, l’attitude des Marseillais est celle de joueurs compétitifs.

La rédaction-Luis Attaque