Kombouaré-Deschamps, mémoires de canaris

Kombouaré-Deschamps - -
Il y aura un peu d’émotion, dimanche soir, lorsque les mains d’Antoine Kombouaré et celle de Didier Deschamps se serreront, quelques minutes avant le coup d’envoi du « classico ». Comme un air de camaraderie. Les deux hommes auront forcément une pensée pour les quatre années de vie commune qu’ils ont passées, à la fin des années 80, du côté de Nantes. « Je les ai vu arriver avec leur pelle et leur seau, si j’ose dire, se remémore Loïc Amisse. Antoine arrivait de son île. Il était bien empoté. Il avait quatre-cinq kilos en trop ! ».
Le premier Kanak à pousser les portes de la Jonelière ne passe pas inaperçu. Son futur partenaire en jaune, Didier Deschamps, non plus. Repéré fin 1982, un jour de pluie, par Robert Budzinski au sortir d’un match disputé par la Ligue Aquitaine contre Bilbao, le jeune Bayonnais débarque à Nantes. A 15 ans. Sa petite taille fait sourire les éducateurs. Mais sa « tchatche » et son charisme font vite l’unanimité.
Les kilos en trop de Kombouaré
« Même si encore aujourd’hui, il n’aime pas qu’on le lui dise, il était devenu le patron du centre de formation et des équipes dans lesquelles il jouait », se souvient Budzinski. Attaché à sa région – il partagera avec son coéquipier Christophe Frankowski un énorme jambon de Bayonne en souvenir de ses racines – , « DD » n’est pas qu’un simple patron sur le terrain. Il se révèle également un redoutable joueur de cartes, comme s’en souvient Vincent Bracigliano. « Même à ce niveau-là, c’était quelqu’un qui gagnait. C’était un gros travailleur sur le terrain et un gros chambreur en dehors. Didier était un malin. »
Un jeune homme également capable d’assumer les plus lourds tributs. C’est lui qui annoncera à son grand ami Marcel Desailly la disparition de son demi-frère Seth Adonkor, tué dans un terrible accident de voiture. Deschamps était donc mature, intelligent et fédérateur. Déjà. A en croire ses anciens partenaires, il était fait pour entraîner. Question de gènes. Et Kombouaré ? « Antoine, c’était le mec plutôt cool. Du genre la vie est belle », se souvient son colocataire Christophe Frankowski. Une image qui ne colle pas forcément avec celle que renvoie le guide du PSG. « On sent chez lui beaucoup de sentiments forts, poursuit Loïc Amisse. Antoine est une personne intègre et droite. Quelqu’un d’impulsif mais qui peut être très agréable. »
Une description conforme au caractère du Kanak. Et les kilos superflus ? « Loïc est très gentil. Moi, je dirais qu’il avait bien huit ou neuf kilos en trop », précise Christophe Frankowski Avant de conclure en riant : « Antoine, ne m’en veux pas. » Nul doute que le technicien parisien aura d’autres chats à fouetter sur la pelouse du Vélodrome.