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L’AC Ajaccio en pleine tempête

Alain Orsoni

Alain Orsoni - -

L’ACA traverse une période délicate, marquée par l’assassinat de deux proches du club ces dernières semaines. Le président Alain Orsoni a évoqué un possible départ de Corse. Dans ce contexte brûlant, les joueurs d’Alex Dupont se sont inclinés face à Sochaux samedi en L1 (0-1). Reportage.

Samedi matin, à Ajaccio. Plusieurs milliers de personnes défilent dans les rues de la ville. En silence, l’air triste et le visage fermé. L’heure est au recueillement dans le sud de la Corse. Tous sont venus rendre un dernier hommage à Jacques Nacer, le président de la chambre du commerce et de l’industrie, assassiné trois jours plus tôt. Une disparition qui a endeuillé l’Ile de Beauté. Et particulièrement l’AC Ajaccio. Nacer était secrétaire général et membre du conseil d’administration du club de Ligue 1. C’était également un proche d’Alain Orsoni, le président de l’ACA et figure historique du Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Ce dernier s’est exprimé vendredi pour dénoncer une « campagne de presse » mettant en avant sa proximité avec Nacer mais aussi avec l’avocat Antoine Sollacaro, un ancien conseiller du club, abattu le 16 octobre. Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a exhorté Orsoni à « parler car il sait des choses ». Une sortie que le principal intéressé n’a pas vraiment appréciée. Estimant être devenu « une cible », Orsoni a confié qu’il envisageait de quitter l’AC Ajaccio.

C’est dans ce contexte pesant que les joueurs d’Alex Dupont reçoivent Sochaux samedi soir lors de la 13e journée de Ligue 1. Sur le chemin du stade François Coty, les supporters évoquent la situation d’Orsoni. La plupart d’entre eux le soutiennent. « Il n’a fait que des bonnes choses depuis qu’il est arrivé en 2008, rappelle l’un d’eux. C’est un bon président. Il nous a fait retrouver la Ligue 1. Il faut qu’il reste ». En revanche, dès que les caméras s’approchent, les bouches se font beaucoup moins loquaces. La foule se disperse, sans un mot. « Vous êtes fous ! Vous voulez qu’on me voie à la télé ? Tout le monde me connait ici, lâche un quadragénaire. Avec ce qu’il se passe, on préfère faire attention ». Alain, père de famille, accepte tout de même d’évoquer la situation. « Il n’y a rien d’anormal, assure-t-il. On vient pour supporter notre équipe. Je me sens en sécurité. C’est de la bêtise d’avoir peur d’aller au stade.

Dupont : « Pas de pression particulière »

François Coty n’est pas plein pour la réception des Lionceaux. Près de 5 000 fans sont malgré tous présents. En tribunes, le président Orsoni brille par son absence. Une minute de silence est respectée en mémoire de Nacer. Sa photo s’affiche sur l’écran du stade. Tous les membres du club se réunissent pour former un rond au niveau du banc de touche. La tribune nord, où se regroupe l’Orsi Ribelli, le premier groupe de supporters du club, déroule une banderole avec l’inscription « Riposa in Pace » (Repose en paix). « L’ambiance est quand même un plus calme que d’habitude » remarque un journaliste corse. Le coup d’envoi est donné. Ajaccio s’incline finalement 1-0.

En marge de la rencontre, aucun dirigeant de l’ACA n’accepte d’évoquer les récents événements pour « ne pas sombrer dans le sensationnel », selon leurs propres termes. Silence radio. Ou presque. « On a pu s’entrainer normalement ces derniers jours, souffle l’entraîneur Alex Dupont. Il n’y a pas eu de pression particulière autour de l’équipe, absolument pas ». Un constat appuyé par Arnaud Maire, le défenseur central : « Les joueurs de football, on est un peu dans notre bulle. On commente un peu l’actualité mais on sait rester à notre place. Ça fait deux fois que ça arrive. On est tous concerné puisque ce sont des gens qu’on fréquente un peu au quotidien. Ce n’est pas évident à gérer, mais une fois que le match démarre, on est assez professionnel pour se mettre dedans ». Pour l’instant. En espérant que le climat redevienne un peu plus sain dans les prochaines semaines.

Georges Quirino (avec A.J.), à Ajaccio