L’OM n’abdique pas

Loïc Rémy - -
Finalement, Frédéric Antonetti avait vu juste. Questionné sur l’actualité tumultueuse de l’OM quelques heures avant le choc disputé ce vendredi, le technicien rennais avait rappelé que Marseille « avait été une des équipes qui avait posé le plus de problèmes » à ses joueurs lors de la phase aller. Que les joueurs phocéens ne seraient pas affectés plus que cela par la mise en examen et la liberté sous contrôle judiciaire de leur partenaire brésilien Brandao. Et donc, que Rennes devait se méfier du réveil attendu du champion de France en titre, balayé un peu moins d’une semaine plus tôt sur sa pelouse par Lille (2-1). 94 minutes plus tard, temps additionnel compris, le groupe de Didier Deschamps, bien aidé par le huitième but cette saison en L1 de Loïc Rémy, de la tête à la 24e en conclusion d’un centre d'André Ayew, a fini par donner raison au technicien breton. Et donné l'opportunité à Mbia, Ayew et Andrade d'agiter un maillot olympien floqué au nom de... Brandao. Un geste que n’a pas interdit ni condamné Deschamps. « Chacun a son interprétation, mais c'est un des nôtres, ça part d'un bon sentiment » commentera simplement le guide olympien.
Marseille n’a pas fait que poser des problèmes aux Rennais. Si les pensionnaires du Stade de la Route de Lorient, réputés imprenables chez eux et forts avant cette journée de cinq victoires consécutives, ont concédé leur deuxième défaite de l’exercice à domicile, ils le doivent également à leur incapacité à hisser le rythme lorsque cela était nécessaire. Condition sine qua non pour perturber le schéma tactique hissé vendredi soir par Didier Deschamps. Conscient du manque de muscle de son entrejeu face au LOSC, « DD » avait choisi de placer Mbia en sentinelle devant la défense, de titulariser Taiwo sur le flanc gauche et de faire glisser Heinze dans l’axe aux côtés de Diawara.
Les larmes de Jordan Ayew
L’autre but de l’entreprise ? Soulager Lucho Gonzalez de ses prérogatives offensives et réveiller la vista du milieu de terrain argentin, aidé dans ce sens par la présence de Benoit Cheyrou. L’OM n’a pas été plus inspiré, plus serein, à l’image des gestes défensifs mal maîtrisés de Taiwo ou l’essuyage de crampons de Mbia sur Dalmat en première période (37e). Marseille n’a rien eu de tout ça, renvoyant le jeu indigent souvent recensé cette saison en championnat. Du moins, pas avant la seconde moitié de son choc en Bretagne. Le moment choisi par Douchez pour confirmer sa forme internationale, s’interposant avec brio devant Rémy (56e), Mbia (65e) et Gignac (70e). Mais le portier rennais doit s’incliner sur une frappe à bout portant de Lucho, bien servi par l’entrant Jordan Ayew (79e), qui fond en larmes dans la foulée. L’OM, sous les yeux attentifs de Sir Alex Ferguson, plie enfin un match qu’il aura pris le temps, son temps, pour maitriser. « Logique » concédera sans peine en zone mixte Frédéric Antonetti.
« On a fait une grosse prestation collective, savoure de son côté Didier Deschamps. Ce n'était pas évident au lendemain de notre défaite face à Lille, et après les problèmes extra sportifs qu'a connus le club avec l'affaire Brandao. Tout le monde croyait qu'on allait s'écrouler, et on est toujours là. C'est une très bonne chose de se maintenir dans la course. Et sans un grand Douchez, on aurait pu marquer plus. » L’addition aurait pu être plus lourde, en effet, si la barre du portier rennais (90e+2) n’avait pas renvoyé un missile de Taiwo. « Il faut rendre hommage à l'adversaire, poursuit Antonetti. Le scénario nous a été défavorable. Le premier but nous fait mal. On a beaucoup de progrès à faire techniquement. C'est un apprentissage. » Vendredi soir, la casquette de prétendant au titre semblait trop lourde à porter pour les jeunes Bretons. « Il n'y a qu'à regarder notre budget, on n'est pas programmé pour terminer dans les trois premiers, rappelait Antonetti avant la rencontre. Des équipes comme Marseille, si. » Ce vendredi soir, l’OM est 3e à un point de Lille et de… Rennes. Jusqu’au bout, le technicien breton avait vu juste.