L’OM n’oublie pas les quartiers Nord

José Anigo - -
« Il faut que toute cette violence s'arrête. Je suis prêt à aller dans les cités, à mener des actions, développer de vraies idées pour que la partie nord de la ville, tellement riche humainement, ne se sente plus laissée à l'abandon.» Touché par la mort de son fils, Adrien, assassiné il y a 8 jours lors d’un règlement de comptes, José Anigo ne veut plus laisser les jeunes et les habitants des quartiers Nord de Marseille à l’abandon. Le directeur sportif de l’OM souhaite voir une implication à 100 % du club phocéen dans cette partie de la ville.
Si l’initiative est louable, l’OM peut-il vraiment mener à bien cet ambitieux projet ? Le champion de France 2010 est déjà très actif en matière d’actions sociales. D’abord via sa fondation OM Attitude, créée en 2000 et qui se porte au soutien des enfants malades, des hôpitaux de la ville et de la lutte contre le cancer. Par ce biais, ensuite, de partenariats avec des associations comme « Action contre la faim », « Ela », « 1000 sourires ». Ou encore de cette action, tous les mercredis, nommée « l’OM dans ma ville », sorte de village gonflant itinérant (financé en partie par le club à la création de cette initiative, au début des années 2000) aux couleurs de l'OM, proposant des activités socio-éducatives et des animations pédagogiques autour de la pratique sportive.
Sans compter la part de rêve et la bonne image que l’OM souhaite diffuser dans la ville. « Mon rôle c'est de montrer, à travers le club, que tout ne va pas mal à Marseille, au contraire, confirme le président olympien Vincent Labrune à RMC Sport. Réduction des déficits, situation financière remarquable vis-à-vis de ses concurrents, résultats sportifs, réputation au niveau des instances et des organes de contrôle (DNCG, LFP), recrutement, hausse des abonnements, du sponsoring : tous les signaux envoyés par le club vers l'extérieur sont ceux d'une entreprise bien gérée, qui se porte bien. Et qui est plus que jamais porteuse de rêve et d'espoir pour la cité. Il y des choses qui vont bien à Marseille, des secteurs qui bougent et évoluent positivement: l'OM en fait partie. »
Yagoub : « Pas à l'OM d'éradiquer la violence »
A Consolat, (15e arrondissement de la ville), le quartier d’enfance de José Anigo – qui y a d’ailleurs un stade à son nom - on attend tout de même un peu plus de la part des joueurs professionnels. « Ils devraient venir voir des petits, ça leur ferait plaisir, pense René, un des éducateurs du GF Consolat, le club emblématique des quartiers Nord avec 400 licenciés. Si les joueurs professionnels parlaient un peu plus aux enfants, ça se passerait très bien dans les quartiers. » Tout comme les autres petits clubs du Nord de la ville, le GF Consolat aimerait voir plus d’implication des pros auprès des jeunes, ainsi que plus de petites attentions (ballons, maillots, matériel).
« On se serre la ceinture car on n’a pas les moyens de faire ce qu’on veut, confie le directeur sportif Karim Yagoub. L’OM est un club référence. S’ils prennent la décision de franchir le pas, ils peuvent apporter un grand soulagement aux clubs de quartier. » Sans pour autant jouer les gendarmes. « L’OM a un rôle social, c’est sûr, insiste Yagoub. Mais ce n’est pas à l’OM d’éradiquer la violence dans les rues de Marseille. Elle a toujours existé dans la ville, depuis les années 1930 et les anciens gangsters. Elle s’y est implantée et, avec la pauvreté, elle s’est gangrénée. Ce n’est pas le rôle de l’OM mais c’est celui des politiques. » A chacun son combat.
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