La Ligue 1 cartonne chez les jeunes... mais souffre du piratage, selon une étude

Alors que les quatre clubs français pourraient se qualifier pour le prochain tour de la Ligue des Champions, une étude Ipsos montre l’intérêt grandissant de la Ligue 1, démentant certaines idées reçues. La situation dramatique des droits TV domestiques peut laisser penser que les fans s’éloignent du foot français, les chiffres très positifs tempèrent cette vision. Même si les canaux illégaux de consommation de la Ligue 1 sont en nette augmentation, l’intérêt pour la Ligue 1 progresse et notamment chez les jeunes.

Depuis le début de saison, après que les deux diffuseurs DAZN et BeIN se soient engagés dans la précipitation à quelques jours du début du championnat en août, la LFP et Foot Unis tiennent à sonder leurs fans pour mesurer la popularité du foot français et mesurer l’évolution de la cote de le Ligue 1. Ils ont donc mis en place un baromètre avec l’institut Ipsos pour "prendre la température" chez les fans de foot. Avec des chiffres à rebours d'un éventuel désintérêt de la Ligue 1, sur fond d’échec des négociations des droits TV domestiques et l’enquête du PNF sur les conditions du deal avec CVC.

Les jeunes, grands fans de la Ligue 1… mais beaucoup trop de manière illégale

Selon ce baromètre Ipsos, 36% des Français s’intéressent à la Ligue 1 cette saison, soit 4 points de plus qu’il y a 4 ans. Si on rentre dans le détail, ce chiffre monte jusqu’à 45% chez les moins de 35 ans, 10 points de plus qu’il y a 5 ans. L’augmentation de l’intérêt pour la Ligue 1 est plus forte chez les jeunes. Parmi ceux qui regardent les matchs de Ligue 1, la tranche d’âge qui les regarde le plus c’est celle de 16-24 ans (68%), que ce soit de manière légale (37%) ou illégale (28%). La petite musique régulièrement entendue d’un soi-disant éloignement de la jeunesse pour le championnat de France semble ici clairement démentie.

Le grand souci, c'est le piratage. 37% des personnes ayant regardé de la Ligue 1 en 2024-2025 l’ont fait de manière illégale, explique l'étude. Lors de Marseille-PSG, plus d’un téléspectateur sur deux ont regardé la rencontre de manière illégale, selon des chiffres déjà avancés par RMC Sport. Encore plus problématique : près d’1 téléspectateur sur 3 qui regarde la Ligue 1 illégalement a commencé à le faire depuis cette saison. C’est donc un phénomène en nette augmentation qui inquiète au sein de la LFP. D’ailleurs, aujourd’hui, la Ligue 1 est la compétition de football la plus piratée, devant la Ligue des champions, signe malgré tout d’une certaine attractivité, mais aussi de l'invisibilité de l'offre actuelle. Autre marqueur qui va dans ce sens : le succès digital de la Ligue 1. La barre des 50 millions de followers est sur le point d’être dépassé pour les comptes officiels de la L1. La fin d’année 2024 est d’ailleurs assez marquante avec 370 millions de vidéos vues, un record. La Ligue comptabilise 2,5 millions d’actifs sur les plateformes digitales sur le dernier trimestre 2024. Un chiffre souvent décrit comme étant la base des vrais fans de Ligue 1 en France, potentiellement prêts à payer pour regarder du foot à la télévision.

L’anomalie des droits tv domestiques, seul indicateur dans le rouge

La LFP associe cet intérêt aux bons chiffres sportifs de la Ligue 1 et des clubs français. La moyenne cette saison de 2,9 buts par rencontre est un record. Le parcours européen des clubs français est aussi inédit. En 28 matchs de Ligue des champions, les clubs français en ont gagné 15. Soit 53% de victoires. Un record. La fréquentation des stades est aussi la grande satisfaction de cette saison. Il n’y a jamais eu autant de personnes dans les enceintes françaises. La moyenne de spectateurs s’élève à 27 800 soit 86,7% de remplissage, il s’agit là aussi d’un record.

Le défi pour la LFP désormais, c’est de beaucoup mieux valoriser tous ces bons chiffres dans les futures négociations des droits TV domestiques alors que les dirigeants de DAZN réfléchissent à demander une renégociation de leur contrat, déçus du faible nombre d’abonnés (moins de 500 000). "La valeur du championnat de France se vérifie dans beaucoup d’indicateurs sauf sur celui des droits tv domestiques. C’est une anomalie. Si ce n’était pas le premier poste de recettes de beaucoup de clubs, ce ne serait pas très grave. Mais ça l’est et on se doit de résoudre vite ce problème", confie un président de club. Si la clause de sortie des diffuseurs actuels devait être activée en décembre prochain, reste à savoir quelle solution la LFP trouvera pour monétiser les droits tv de la L1 à la hauteur de sa popularité visiblement grandissante.

Loïc Briley