La Ligue 1 ne reprend pas: les conséquences à l’international

L’Allemagne a repris depuis maintenant une semaine, l’Italie, l’Espagne et l’Angleterre ont officialisé une date de reprise, même les championnats scandinaves, russes ou portugais ont annoncé le retour du football. Le consensus prend en Europe, quasiment tout le monde se prépare à retourner sur les terrains.
Tous, pas vraiment. La France, avec les Pays-Bas et la Belgique, résiste. En signant l’arrêt officiel de la Ligue 1 le 30 avril dernier, le foot français ne se donne aucune chance, la saison 2019-2020 ne reprendra pas et on ne verra plus de matchs avant août prochain.
Des pertes au moins supérieures à 500 millions d'euros
Selon Jean-Michel Aulas, l’arrêt pourrait coûter jusqu’à 900 millions d’euros aux clubs de l’Hexagone et cela provoquera un véritable cataclysme économique. Mais, à l’opposé de ces prédictions alarmistes, la LFP estimait, dans un rapport paru mardi dernier lors de son Assemblée générale, une perte de "seulement" 589 millions d’euros.
En plus, même certains dirigeants, notamment Bernard Caïazzo de Saint-Etienne, espéraient une reprise des autres championnats, afin que ces derniers remplissent les caisses, touchent les droits TV et viennent ensuite, sans contrainte, acheter des joueurs français.
Ainsi, pas d’inquiétude à la Aulas, la covid-19 ne sera qu’un simple souffle chaud, une petite crise à l’horizon, rapidement résorbée par le prochain mercato et surtout la prochaine saison, génératrice de colossaux droits TV à plus de 1,153 milliard d’euros.
Une réputation en crise
Que les autres reprennent pendant que la Ligue 1 reste fermée, pas grave, il n’est pas question de revenir sur cette décision. Pourtant, on ne pourrait que s’en inquiéter. Au-delà de la stricte valeur économique, qui provoquerait une dévaluation des joueurs français arrêtés pendant quatre mois, estimée à plus de 28%, soit au moins 300 millions de pertes pour les clubs vendeurs, c’est la réputation franco-française qui va en pâtir.
Alors que les matchs de Bundesliga ont battu des records d’audience au moment du redémarrage, alors que le public va se ruer sur les rencontres de Serie A et de Liga, alors que le monde entier aura les yeux rivés sur l’Angleterre et son championnat le 17 juin prochain, personne ne s’intéressera à la France.
Et c’est bien cela qui pourrait être problématique. Actuellement, les droits TV internationaux de la Ligue 1 ne valent que 80 millions d’euros, contre 1,5 milliard en Premier League, 897 millions en Liga et plus de 300 millions en Serie A et en Bundesliga. C’est un gouffre qui sépare le "Big-Four" de la France. Et cette situation ne pourra pas être améliorée avec ce qu’il se passe.
Les droits TV internationaux de la Ligue 1 auront du mal à augmenter
La LFP cherche, depuis maintenant quelques années, à développer sa marque à l’international, en délocalisant le Trophée des champions en Amérique du Nord, en Afrique et en Asie, en ouvrant un bureau à Pékin, afin de toucher et sensibiliser le marché Chinois, en multipliant les événements à l’étranger, sauf que rester à l’arrêt risque de détruire ces belles actions.
Pour Pierre Maes, spécialiste des droits TV et auteur du livre "Le business des Droits TV du foot", "la France restera derrière. […] Sa réputation reste faible par rapport aux autres grands championnats, et pendant que tout le monde reprend, elle sera incapable de l’améliorer et de la soutenir".
Selon lui, "espérer dépasser durablement les 80 millions d’euros semble impossible, en l’état actuel des choses. […] Déjà la crise bouleverse toutes les économies et en plus, la notoriété et la visibilité de la France en prend un sacré coup. Dès demain, un Chinois pourra retrouver les matchs anglais, espagnols, italiens, mais pas les matchs français. Il n’y était pas habitué et ne s’y habituera pas".
L’avenir semble donc clairement noirci pour la Ligue 1 …