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La plus belle des délivrances

Louis Nicollin tombe dans les bras de Vitorino Hilton

Louis Nicollin tombe dans les bras de Vitorino Hilton - -

Dans une rencontre marquée par de nombreux et lamentables incidents provoqués par les supporters auxerrois, les Montpelliérains sont passés par tous les stades. Le stress, le doute. Avant de fendre l’armure et libérer leurs émotions.

A Montpellier, la patience est une vertu indispensable. Depuis sa reprise en main par Louis Nicollin en 1974, le Montpellier Hérault Sporting Club n’avait jamais connu la joie d’un titre de champion de France. Et pour devenir le 19e club à figurer au palmarès de l’élite du football français, les Héraultais ont dû patienter très longtemps. Trop longtemps même. Car après une première mi-temps bouclée sans encombre, les supporters auxerrois ont décidé de faire parler d’eux. Pour exprimer leur mécontentement après la descente de leur club en Ligue 2, les ultras icaunais ont d’abord lancé balles de tennis et rouleaux de papier hygiénique en direction de la pelouse, obligeant M. Ennjimi, l’arbitre du match, à retarder d’une dizaine de minutes le coup d’envoi du second acte.

Après quelques minutes de jeu où le score était toujours de 1-1, des fumigènes ont contraint les délégués de la rencontre à stopper une nouvelle fois le match afin d’évacuer une des tribunes de l’Abbé-Deschamps. Conséquence, un retard d’une grosse vingtaine de minutes par rapport à la rencontre du PSG à Lorient. De quoi mettre une pression énorme sur les épaules de René Girard et de ses hommes, qui n’ignoraient plus que les Parisiens s’étaient imposés (2-1). « C’était compliqué, le match a été interrompu plusieurs fois, souligne Geoffrey Jourdren, le portier héraultais. Je comprends les Auxerrois. Il fallait rester concentré, ce n’était pas facile. »

Jeunechamp : « Beaucoup trop d’émotions »

Après être allés chercher une victoire épique lors de la dernière journée face à Lille (1-0), les Héraultais ont récidivé ce dimanche. Après de nombreux atermoiements, le match a repris et il aura suffi de 6 minutes pour que John Utaka ne libère les siens en inscrivant le second but, à la 76e minute. Une performance arrachée avec les tripes et des nerfs très solides. De quoi rendre la joie et la libération des sentiments encore plus intenses. « C’est la délivrance avec ce 2e but car on savait que Paris avait gagné », avoue Jean-François Domergue, le directeur du centre de formation héraultais.

Joueurs et staff ont donc explosé au coup de sifflet final et se sont précipités vers une tribune visiteurs copieusement garnie. Les fans du MHSC n’ont d’ailleurs pas résisté à l’envie d’envahir la pelouse, communiant avec leurs joueurs et portant en triomphe Marco Estrada, en slip sur les épaules d’un supporter. « C’est la joie qui prédomine car on est champion et pour l’instant il y a beaucoup trop d’émotions, lance très touché Cyril Jeunechamp. Le retour à Montpellier, ça va être terrible. »

Un des premiers à se diriger vers les supporters, René Girard a toutefois tenu à reste digne dans la victoire, évitant ainsi de nouveaux débordements. « Faîtes pas les cons hein ?! », lance l’entraîneur le doigt pointé vers un « pailladin ». Après avoir vécu sur le banc de touche une soirée au suspens déconseillé pour les cardiaques, Louis Nicollin a exulté à la fin du match. En bon président, il s’est dirigé en dernier vers ses supporters, qui ont scandé des « Merci Loulou ! ». Passés par toutes les émotions, les nouveaux champions de France ont vécu une soirée qu’ils ne sont, pour de multiples raisons, pas prêts d’oublier.

Alexandre Alain