Larqué : "Paris veut grandir trop vite"

Jean-Michel Larqué - DR
« On ne peut pas comparer les deux défaites parisiennes de la semaine. Là, en face, ce n’était pas une équipe du même standing que le Barça. Perdre à Barcelone (3-1) n’est pas une catastrophe ou un scandale, même si ça dépend de la façon, car c’est une grande équipe. Mais perdre à Guingamp (1-0) dans ces circonstances, en manquant une nouvelle fois complétement la première période, où les Parisiens ont été totalement absents des débats… On pense que ça va marcher en mettant la pression sur l’entraîneur. Résultat, la phrase de Nasser Al-Khelaïfi disant qu’il ne fallait plus perdre d’ici la fin de saison n’aura duré que l’espace de 48 heures. Faire des prédictions comme ça ne sert à rien. Je pense même que Jocelyn Gourvennec s’est servi de cette phrase pour motiver ses joueurs. Nasser Al-Khelaïfi a joué contre son camp et Gourvennec n’est pas le dernier entraîneur qui va se servir de cette phrase.
« On se demande quand Thiago Silva retrouvera son niveau »
Plutôt que de parler de projet de jeu, ce qui ne veut pas dire grand-chose, c’est le projet de club qui m’interpelle. A Paris, on veut grandir très vite, trop vite même. Pour grandir trop vite, il y a un moyen : prendre des produits interdits, des hormones de croissance. Mais après, il y a des conséquences. La PSG sous l’ère qatarie reste un club jeune, très jeune. On voudrait une progression linéaire et presque à la verticale. Le décollage de la fusée Ariane ! Eh bien de temps en temps, sur les fusées, on reporte des départs ou on arrête le projet pour revenir dessus. Là, on a l’impression qu’il faut que le PSG écrase tout sur son passage. Je regrette mais en face, il y a des adversaires qui ne l’entendent pas de cette oreille. Des prestigieux, comme le Barça, ou des plus modestes, comme Guingamp, mais qui ont aussi le droit de se défendre.
Je me répète mais c’est le projet de club qui m’interpelle. Je veux bien qu’on me dise que c’est un extraordinaire recrutement de faire venir David Luiz, qui pendant deux ans ne jouait pas en défense centrale à Chelsea, pour faire de lui et Thiago Silva la charnière référence de France, d’Europe, du monde et de l’univers. Je peux tout entendre mais j’émets des doutes et je pense qu’on a le droit de le faire. Ces doutes, ils sont encore clairement là aujourd’hui. David Luiz n’est pas aidé par un Thiago Silva qui n’était pas bon trois mois avant la Coupe du monde, pas bon pendant la Coupe du monde et pas bon six mois après. On se demande quand il reviendra à son niveau… »