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Le jeu de Lille décrypté

Sous les ordres de Rudi Garcia, Lille est impérial.

Sous les ordres de Rudi Garcia, Lille est impérial. - -

Le LOSC n’en finit plus de séduire et de gagner. Quels sont les secrets de leurs succès ? Philippe Redon, instructeur FIFA et ancien sélectionneur du Cameroun, dissèque le jeu des Dogues avant leur déplacement, mercredi (19 heures) à Sochaux.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Lors des sept dernières journées de Ligue1 1, les Lillois ont enregistré sept victoires et marqué vingt-neuf buts. Trois buts marqués minimum par match ! Seul Nantes, avec le même ratio, a fait mieux, en enchaînant huit victoires lors de la saison 1978-79. Le LOSC n’en finit plus de surprendre. Les Dogues sont passés de la 15e place à la deuxième (à sept points du leader bordelais) en neuf journées. Leur dernière défaite en championnat remonte au 29 novembre, à Montpellier (0-2), lors de la 14e journée.

Depuis, les hommes de Rudi Garcia sont invincibles en Ligue 1. Ils pratiquent surtout un jeu aussi agréable qu’efficace. « En fait, Lille possède les deux paramètres fondamentaux pour réussir dans le football : le temps et l’espace », souligne Philippe Redon, instructeur FIFA et ancien entraîneur (ex Lens, Liberia, Cameroun). « C’est une équipe qui attaque sans se déséquilibrer », poursuit notre expert. « Regardez le match face au PSG (victoire 3-1 lors de la 20e journée). Lorsque les attaquants lillois ont le ballon, leurs défenseurs ne se contentent pas de regarder. Ils prennent les joueurs adverses en individuel pour anticiper sur la future perte de balle de leur partenaire, afin de stopper toute possibilité de contre-attaque. »

Pressing insoutenable

Cela demande évidemment une concentration énorme durant quatre vingt dix minutes. Mais aussi l’acceptation d’un projet de jeu très exigeant. Pour l’instant, c’est le cas et les Lillois sont irrésistibles. Seule question, pourront-ils durer longtemps sur ce rythme ? « Le coût énergétique du jeu lillois aujourd’hui n’est pas phénoménal, soutient Philippe Redon. C’est pour ça qu’ils tiennent. Et puis les joueurs sont toujours très proches les uns des autres, très groupés. Ils réduisent les espaces au maximum et sont capables de faire baisser le niveau de jeu de l’équipe qu’ils affrontent pour mieux imposer le leur. »

Sur le terrain, ça donne un pressing insoutenable. « Agressé » par des morts de faim, le porteur du ballon adverse doit être capable d’avoir intégré toutes les informations avant même d’avoir reçu la passe. Sinon la balle est perdue et réutilisée aussitôt. Pour Philippe Redon, les Lillois cultivent une compréhension parfaite des déplacements, une circulation fluide, une implication totale et un talent indéniable. Depuis juin 2008 et l’arrivée de Rudi Garcia, un groupe travaille ensemble, se parle, s’engueule, progresse sans jamais faire l’économie de litre et de litre de sueur…