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Le PSG va-t-il écraser la concurrence ?

Nasser Al-Khelaifi

Nasser Al-Khelaifi - -

Grâce à l’argent des Qataris, le club de la capitale semble à l’aube d’une période dorée. A l’inverse, les autres formations de Ligue 1 sont dans l’obligation de faire des économies. Un déséquilibre qui pourrait aboutir à une situation de monopole.

L’annonce de Nasser Al-Khelaïfi a fait l’effet d’une bombe dans le football français. Le président du PSG a confié à la Gazetta dello Sport que Qatar Sport Investments envisageaient d’injecter une centaine de millions d’euros sur le marché des transferts pendant « cinq ou six ans ». Avant de réduire progressivement la voilure. Un investissement colossal qui a de quoi inquiéter ses rivaux de Ligue 1. « Ce genre d’annonces concerne d’habitude des clubs anglais, glisse Michel Seydoux, le président du LOSC. Ça surprend. Aujourd’hui, c’est assez difficile d’être capable de concurrencer des annonces pareilles. Ce qui compte le plus, c’est la qualité du spectacle. Il y a quelques années, il était décrié. Tous les clubs ont fait énormément de progrès pour redonner un grand suspense à la Ligue 1. Si on retrouvait un club qui domine d’une façon écrasante, ça serait extrêmement pénalisant pour le spectacle. »

Personne n’a oublié le règne sans partage de l’OL dans les années 2000. A l’heure où l’Hexagone se sert la ceinture et où François Hollande brandit la menace d’une augmentation d’impôts, le portefeuille sans fond des Qataris fait craindre un remake, version PSG. « C’est probable, redoute Jean-Louis Triaud, le président de Bordeaux. Si Monaco monte en première division dans les années à venir avec le soutien de son milliardaire russe, les autres clubs joueront pour la troisième place. L’argent n’est pas une condition suffisante mais c’est une condition indispensable. Ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à trouver des cousins au Qatar ou d’autres investisseurs. C’est la loi du business. »

Perri : « Une bonne nouvelle pour la L1 »

Un business qui pourrait également donner des idées à d’autres généreux mécènes. « C’est plutôt une bonne nouvelle pour la Ligue 1, estime l’économiste Pascal Perri. L’argent attire l’argent. Paris n’est pas un club comme les autres. C’est une capitale internationale, une marque mondiale. Qu’il y ait un grand club à Paris, c’est plutôt une bonne idée. Demain, il y aura peut-être d’autres investisseurs à Lyon ou à Marseille. »

En attendant, Paris risque d’asservir la L1 pour mieux se hisser parmi les cadors du Vieux Continent. Une feuille de route bien tracée dans l’esprit des Qataris. « Il y a une chaîne de télévision (Al Jazeera) derrière tout ça, rappelle Perri. C’est une stratégie multiple de capture de l’image et du spectacle. Avec l’achat d’une belle vitrine qui s’appelle le PSG. Leur ambition, c’est d’intégrer le dernier carré européen dans cinq ou six ans. » Au détriment de la concurrence domestique ?

A.J. avec A.A.