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Les insultes en prison, les pensées suicidaires de son fils... les extraits du livre de Tony Vairelles

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Jeudi paraîtra l’autobiographie de Tony Vairelles intitulée "Balles au centre", en référence à sa récente condamnation à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour violences avec arme. Il raconte son séjour en prison et le chaos provoqué par sa situation.

Deux semaines seulement après avoir été reconnu coupable de "violences avec arme", Tony Vairelles va sortir son autobiographie "Balles au centre" (Hugo Sport), jeudi, écrite avec le journaliste Romain Jacquot. Le livre est prêt depuis un an, assure-t-il, mais attendait la fin du procès pour voir le jour. Il sera l'invité de l'émission Rothen s'enflamme sur RMC ce jeudi, à partir de 18h.

Celui-ci a eu lieu au tribunal correctionnel de Nancy en mai et s’est soldé par une condamnation à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour une fusillade survenue en 2011 à la sortie de la discothèque "Les 4 As", à Essey-lès-Nancy. Ses trois frères ont également été condamnés à des peines de prison ferme: 5 ans dont 2 avec sursis aussi pour Fabrice Vairelles et 3 ans dont deux avec sursis pour Jimmy et Giovan, tous jugés pour avoir ouvert le feu et blessé trois vigiles.

Depuis sa condamnation, l’ancien attaquant vit avec sa femme et ses deux enfants à Bordeaux, après avoir passé cinq mois en détention provisoire en 2011 à la prison de Metz, ville rivale de son club formateur, Nancy. Il raconte son arrivée remarquée dans l’établissement pénitentiaire.

"J'entends des insultes de partout: 'Vairelles enc...'"

"D'ailleurs, très peu de temps après mon arrivée, je reçois une bordée d'injures, écrit-il dans son livre. Au centre pénitentiaire de Metz-Queuleu, quand tu sors pour la promenade, tu longes tout l'immeuble du grand quartier. Et là, j'entends des insultes de partout: ‘Vairelles enc…’ et j'en passe… Tu ne peux pas baisser la tête, tu ne peux pas faire celui qui a peur, sinon t'es mort. Tu ne peux pas, non plus, avoir une mauvaise réaction. Si tu fais un doigt ou un bras d'honneur, tous les prisonniers risquent de le prendre pour eux, même ceux qui ne t'ont rien fait. Ce serait irrespectueux vis-à-vis de ces gars qui ne demandent rien, tranquilles dans leur coin."

Il raconte sa rencontre avec un autre détenu, Thierry Coignard, pratiquant le slam, un art qui enthousiasme l’ancien joueur. Il détaille surtout le calvaire vécu par sa famille pendant sa détention et notamment son fils, Guydjo, alors âgé de 7 ans.

"Au début, ma femme et mes parents viennent au parloir sans Guydjo. Je n'ai pas envie que le petit de six ans découvre ça, l'univers carcéral. Mais Audrey finit par l'emmener parce qu'il est en train de dépérir et de grossir. À force de ne pas me voir pendant plusieurs semaines, Guydjo croit qu'on lui cache quelque chose, il en vient même à penser que je suis mort… Un jour, Audrey le retrouve en pleurs sous la douche, en train de dire : "Je veux rejoindre Papa au Paradis." Je l'ai seulement appris après la prison, sinon je serais devenu fou, je crois! Même chose avec la lettre au père Noël écrite par Guydjo qui ne veut qu'un cadeau : son papa. Ou encore pire, ce jour où ma femme ne trouve plus Guydjo, un mercredi après-midi de retour à la maison juste après un parloir."

"Le plombier vient de passer pour réparer une fuite, il repart avec sa camionnette, poursuit l’ancien joueur de Lens. Audrey appelle le petit pour le goûter, pas de réponse… S'ensuit un interminable moment de panique, les scénarios les plus inimaginables et les plus dramatiques tournent en boucle dans la tête d'Audrey : le plombier, la camionnette… Elle crie de plus en plus fort, mais rien. Elle hurle dans notre rue et là, tout en haut de la colline qui surplombe notre maison, Audrey aperçoit Guydjo avec son sac à dos, acheté quelques jours avant, à sa demande, avec une lampe de poche, des gâteaux et une boussole. Et Guydjo qui lui dit: "Je pars délivrer Papa…" Cela me donne encore des frissons quand j'en reparle aujourd'hui."

Vairelles retrace aussi son parcours et dévoile quelques anecdotes sur son passage en équipe de France (huit sélections, un but entre 1998 et 2000) notamment. "Un jour, avec les Bleus, on est invités à la soirée des Trophées de l'UNFP, situe-t-il. On patiente en coulisses avant de monter sur scène. Je suis en compagnie du gardien Lionel Letizi, mon ami. Je lui raconte comment ça se passe lorsque je vais en courses à Lens, à quel point ça me fait plaisir d'avoir ce contact avec les supporters. Et là, il y a Zinedine Zidane qui entend la conversation. Zizou n'en revient pas, je me souviens de sa phrase: "Tu fais encore tes courses au supermarché, toi, Tony ?" Surpris de ma vie "normale", en fait."

Quand Zidane s'étonne que Vairelles fasse ses courses au supermarché

"En même temps, Zinédine Zidane, lui, est dans une autre galaxie depuis ses deux buts en finale de la Coupe du monde 1998 face au Brésil (3-0), rappelle-t-il. Autant j'aurais aimé avoir le parcours et la réussite de footballeur de Zidane, autant je n'aurais pas apprécié d'avoir sa vie, sans relations directes avec les supporters, sans pouvoir être proches des gens. Lorsque tu deviens une icône mondiale, tu ne t'appartiens plus, c'est magnifique et triste à la fois."

Il évoque aussi cet échange qui avec un certain Cristiano Ronaldo qui n’avait pas eu lieu en 2002 alors qu’il évoluait à Lyon. "Pour tenter de me faire venir, le Sporting va formuler à Lyon une proposition d'échange contre deux joueurs, explique-t-il. Dans la conversation, Laszlo Bölöni me donne le nom des deux joueurs de Lisbonne en question. Et parmi eux, il y a... Ronaldo! Ce nom me fait tilt! Cristiano n'est pas du tout célèbre à l'époque, il est trop jeune mais son nom retient tout de suite mon attention et pour cause, c'est le même nom que Ronaldo, le fenomeno brésilien, le joueur vedette du moment sur la planète. J'aurais donc pu être échangé contre deux joueurs dont Cristiano Ronaldo."

NC