Ligue 1: Brest, Rennes, Nantes, Angers, Lorient... comment les clubs de l'Ouest tentent de passer la crise financière?

Ils ont beau avoir goûté avec succès à la Ligue des champions et à sa cash machine, les dirigeants du Stade Brestois ont vite ramené tout le monde sur terre. Le club finistérien sera l'an prochain encore et toujours l'un des plus petits budgets du championnat et sa force de frappe sur le mercato reste comme les années précédentes, quasi nulle. Le club des frères Le Saint table en effet sur un budget extrêmement resserré pour la saison à venir et ce malgré les revenus estimés à 50 millions d'euros tirés de la Champions League. Comment est-ce possible? Car en enlevant les coûts, les déplacements, l'organisation des matchs à Roudourou, les primes diverses, il ne resterait au mieux qu'une vingtaine de millions d'euros.
Brest avec un budget à la baisse malgré la Ligue des champions
Une somme conséquente pour un club comme Brest mais qui permet seulement d'assurer la saison à venir en épongeant les habituels déficits et le trou des droits TV budgétisés par le club à zéro. Brest a, qui plus est, l'habitude de présenter un budget extrêmement prudent. Dans le Finistère, on ne joue pas avec l'argent qu'on n'a pas. Le club n'a pas dérogé à la règle. Une prudence bienvenue qui a permis de passer la DNCG sans soucis en début de semaine dernière.
Dans les faits, le budget du club brestois devrait être diminué passant de 45 millions à 30-35 millions. Le club compte aussi baisser drastiquement la masse salariale avec un levier: réduire son groupe professionnel à seulement 23 joueurs dans l'idéal et 25 au maximum. Tant que les droits TV restent à zéro, Grégory Lorenzi le directeur sportif a déjà annoncé que le club ne pourrait pas ou à la marge faire d'investissement sur un joueur. Ils viseront des joueurs libres et des prêts.
"On a surpayé des joueurs, surtout des joueurs moyens", déplore Angers
"Il n'y aura pas de transferts payants. On n'a pas les moyens". Du côté d'Angers, le propriétaire Said Chabane se montre encore plus clair et transparent. Le SCO est sur un fil et pour survivre à cette intersaison, il faudra "une cure". "Il y a une situation d'alerte sur le foot français. On a surpayé des joueurs, surtout des joueurs moyens. On arrive au bout. On atteint le fond donc il faut reconstruire et arrêter de faire n'importe-quoi", a t-il détaillé dans une forme de mea-culpa que partagent contraints et forcés de plus en plus de dirigeants du foot français. Le club angevin va donc baisser son budget à 25 millions d'euros et veut passer sa masse salariale de 25 millions à 14 millions. Il faudra une vente en juin et une en juillet pour assurer la trésorerie. Le capitaine Himad Abdelli et le gardien Yahia Fofana ont un bon de sortie et sont de bonnes valeurs marchandes. Angers qui peut aussi remercier... Manchester City. Le transfert de l'ex-angevin Rayan Ait Nouri devrait rapporter au SCO jusqu'à 11,5 millions d'euros payables sur 4 ans grâce à des clauses lors du départ du joueur formé au club à Wolverhampton en 2020. Un peu d'oxygène bienvenu.
Lorient veut se débarrasser des gros salaires et viser des jeunes à forts potentiels
Champion de Ligue 2 et de retour dans l'élite un an plus tard, il n'y aura pas d'effet Ligue 1 au niveau des finances pour le FC Lorient. Les Merlus espèrent au moins présenter un budget similaire à celui de la saison dernière soit environ 55 millions d'euros. Se débarrasser des gros salaires a été érigé en objectif prioritaire (Bamba Dieng, Jean-Victor Makengo, Isaak Touré...). Pour être compétitif, Lorient va devoir recruter à tous les postes mais comme beaucoup de clubs, çà se fera à moindre coût ciblant les prêts de jeunes joueurs à forts potentiels.
A Nantes, les salaires des recrues plafonnés à 50.000 euros?
Donner sa chance aux jeunes. Et si l'une des solutions pour encaisser cette crise se trouvait en interne? Le 20 mai dernier, Waldemar Kita évoquait la nouvelle feuille de route de son club dans le communiqué annonçant le départ d'Antoine Kombouaré. "Repartir de l'avant en prônant le beau jeu et en faisant confiance à la formation" pouvait-on lire. Faire émerger et performer des jeunes du centre de formation, voilà une alternative quand les finances ne suivent pas. Elle permettrait en plus de renouer enfin avec l'ADN historique des Canaris oublié depuis trop d'années. Sera-t-elle suivie des faits? Le jeune Louis Leroux a par exemple montré la voie la saison dernière. Le FC Nantes table sur un budget de 80 millions alors que Kita affirmait il y a peu avoir réinjecté plus de 40 millions dans le club. L'enveloppe pour le recrutement dépendra des ventes. 40 millions sont recherchés avec des départs potentiels de Nathan Zézé, Douglas Augusto, Alban Lafont, Moses Simon (approché par le Paris FC) ou Mathis Abline voulu par l'OM mais recadré par le propriétaire jaune et vert ("Abline n'ira pas à l'OM sauf si ils paient une fortune 50 millions d'euros"). La grille de salaire va aussi être revu à la baisse avec des rémunérations qui pourraient être plafonnés à 50.000 euros pour les nouvelles recrues, quelques rares salaires tournant toujours autour des 100.000 euros.
Rennes veut vendre avant de pouvoir acheter: le tube de l'été en Ligue 1
Pour finir, un peu plus au nord, privé de Coupe d'Europe pour la deuxième saison de suite et avec des droits TV budgétisés comme tous les clubs à zéro, le Stade Rennais va devoir faire face à un trou financier important à combler de l'ordre de 30 millions d'euros minimum estimés. En conséquence, le budget sera en baisse. Il était aux alentours de 100 millions d'euros. Il pourrait être rabaissé à moins de 80 millions. Le club rouge et noir a passé l'étape DNCG sans soucis lui-aussi en début de semaine dernière grâce évidemment à la famille Pinault qui rassure et assure toujours un soutien solide et sans faille et grâce à des prévisions de ventes importantes. Le club rennais est toujours un excellent vendeur avec une balance arrivées-départs largement dans le vert ces dernières années (+20 millions l'an dernier, +60 il y a deux ans).
Ce début de mercato est d'ailleurs productif dans le sens des départs avec les ventes de Lorenz Assignon à Stuttgart pour environ 15 millions d'euros et Adrien Truffert à Bournemouth officialisé ce lundi pour la même somme. On peut rajouter les bonus débloqués par Désiré Doué qui se rapprocheraient des 10 millions d'euros plus quelques millions supplémentaires sur le transfert définitif de Mathys Tel vers Tottenham. Un beau transfert est également attendu pour Arnaud Kalimuendo suivi en Allemagne et en Angleterre et dont le départ devrait rapporter au moins 25 millions.
Mais Rennes a encore devant lui un énorme chantier avec un dégraissage massif indispensable pour équilibrer le vestiaire et la masse salariale du club. Car le club a encore aujourd'hui pas loin de 40 contrats pros. L'objectif est de ramener ce chiffre à 25 en s'appuyant sur les jeunes professionnels du centre de formation. C'est le chantier prioritaire du directeur sportif Loic Désiré en poste officiellement depuis le mois dernier.
Christopher Wooh, Mikayil Faye, Hans Hateboer, Mahamadou Nagida, Andres Gomez, Kyogo Furuhashi notamment plus les retours de prêt des Leo Ostigard, Albert Gronbaek, Fabian Rieder, Glen Kamara, Baptiste Santamaria, Ibrahim Salah, Warmed Omari, Bertug Yilidrim, Henrik Meister... la liste est énorme de joueurs à gérer. Un ou deux pourraient être gardés (Gronbaek, Rieder) les autres sont à exfiltrer. Vendre est la priorité numéro 1 avant de se renforcer. Une phrase qui sonne plus que jamais comme le tube de l'été dans les clubs de Ligue 1.