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Ligue 1: le Stade Rennais entre nostalgie et incertitudes

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Englué dans les profondeurs du classement – à la 14e place à quatre points seulement du premier relégable – le Stade Rennais vit une saison pour le moins compliquée. Bien loin en tous cas des ambitions affichées par le club breton. Le déplacement à Monaco ce samedi n'apparait pas comme idéal pour se relancer.

Après la défaite concédée dans le derby face au Stade Brestois lors de la dernière journée (1-2), le public du Roazhon Park a fait entendre sa colère, huant son équipe, certains ultras allant même jusqu'à tenter d'envahir la pelouse. Alors certes, les Rennais n'ont sûrement pas rendu leur plus mauvaise copie de la saison. "L'équipe a tout donné jusqu'à la dernière minute, on a été supérieur à l'adversaire, je n'ai rien à reprocher à mes joueurs, on aurait dû gagner ce match, j'estime qu'on évolue favorablement en terme d'organisation et le physique de l'équipe s'améliore chaque semaine", a d'ailleurs tempéré jeudi en conférence de presse Jorge Sampaoli, arrivé sur le banc rennais mi-novembre, sans avoir réussi à créer véritablement l'électrochoc espéré (3 victoires pour 6 défaites toutes compétitions confondues).

Si le technicien argentin estime qu'il lui faut donc encore un peu de temps pour mettre en place ses principes, les supporters, eux, ne cachent pas leur impatience. Ils ont surtout du mal à comprendre où va le Stade Rennais. "Il y a plus de la moitié de l'effectif qui a changé, la plupart des titulaires actuels n'étaient pas là la saison dernière, beaucoup de recrues étrangères ne connaissaient pas la Ligue 1, cela fait beaucoup de changements en si peu de temps" s'interroge Mathys, un supporter rennais croisé le long de la Vilaine.

Bourigeaud et Terrier ont laissé un grand vide

Force est de constater que la mayonnaise n'a pas pris. "La situation est compliquée, là il y a le feu, on n'avait pas connu ça depuis longtemps au Stade Rennais" complète Gabin. "On a joué la Coupe d'Europe pendant six saisons d'affilée, malheureusement le fait qu'on ne se qualifie pas en fin de saison dernière a provoqué de nombreux départs, notamment des cadres comme Bourigeaud et Terrier, des joueurs qui se donnaient à fond sur le terrain et qui aimaient le club." Pour les supporters, ces départs ont fait perdre une part de l'identité rennaise. "L'âme du club est partie avec ces joueurs-là. Ce sont des joueurs qui avaient l'envie et "la gnaque" et qui étaient proches de nous" explique Marceau, un jeune supporter rennais empreint de nostalgie devant la magnifique fresque représentant Benjamin Bourigeaud, à deux pas du Roazhon Park, symbolisant à quel point le milieu de terrain a marqué le public breton durant ses sept années rennaises.

Le mercato estival 2024 est aussi pointé du doigt. Les onze recrues n'ont pas apporté la plus-value escomptée. En ligne de mire, le directeur sportif franco-italien Frédéric Massara. Sur les quatre joueurs partis cet hiver, trois étaient d'ailleurs arrivés lors du mercato d'été. Le symbole d'un recrutement raté, et qui à ce jour a pourtant coûté 114 millions d’euros au club. "On a la chance d'avoir un actionnaire (François Pinault) avec un gros portefeuille, mais il faut utiliser cet argent à bon escient, en trouvant des joueurs qui vont marquer l'Histoire du club" poursuit Marceau.

Le mercato n'est peut-être pas terminé

Le président Arnaud Pouille, dont l'arrivée en octobre 2024 a contribué à révéler l'instabilité de la gouvernance, a pour objectif de ramener de la sérénité. Une sérénité avec les supporters déjà. "J'ai proposé une réunion avec les représentants des supporters pour avoir leur sentiment, j'estime que c'est ensemble que nous allons sortir de cette situation, nous ne sommes plus au temps des reproches mais de l'union, l'écusson est au-dessus de tout et nous devons être ensemble" a martelé cette semaine Jorge Sampaoli, annonçant au passage que le mercato hivernal n'était probablement pas terminé (le technicien espère finaliser l'arrivée d'un ailier).

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Une sérénité sportive ensuite, pour mettre fin à la série de défaites (quatre consécutives avec l'élimination en Coupe de France, onze en Ligue 1 depuis le début de saison). "On est venu dans ce club pour jouer le haut de tableau" ne cache pas l'attaquant Amine Gouiri, arrivé à l'été 2022. "C'est le football, il y a des hauts et des bas, mais le classement actuel est inacceptable, on en est conscient et on en est les premiers responsables. Ce qu'il faut à l'heure d'aujourd'hui c'est gagner des matchs." Le déplacement en Principauté ce samedi pour y affronter l'AS Monaco – 4e au classement – revêt déjà un caractère crucial dans l'opération redressement que compte bien entamer le Stade Rennais.

Christophe Lécuyer