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Lorient: "bon gendre", "amoureux de football" et vacances avec Franck Haise... Régis Le Bris, histoire d'une révélation

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Surprenant 3e de Ligue 1 après neuf journées, Lorient est la sensation de ce début de saison. A sa tête, les spectateurs français découvrent Régis Le Bris, 46 ans, qui vit sa première expérience sur un banc de touche professionnel, après dix saisons à la tête du centre de formation des Merlus. Portrait.

"On a ce joueur-là qui nous pose problème ! Très important la connexion. Toi tu es connecté avec Lolo." Sur le terrain d’entraînement de Kerlir, Régis Le Bris donne de la voix et montre la voie. Le jeune entraîneur du FC Lorient interrompt l’exercice et interroge ses joueurs : "Quel choix fais-tu dans cette situation ?" L’échange s’étend aux garçons les plus proches de la scène. Il est comme ça, Le Bris. Il n’avance pas seul. Son projet est une co-construction pour que la maison tango ne tangue pas. Avec 19 points pris sur 24 (meilleur départ en Ligue 1 dans l’histoire du club) et une troisième place derrière Paris et Marseille avant le coup d’envoi de la neuvième journée, l’entraîneur natif de Pont-l’Abbé a réussi son entrée dans l’élite.

Une dynamique de progression

Au club depuis dix ans, Régis Le Bris a tracé son chemin avec une formation à Rennes puis une carrière de joueur interrompue à 27 ans. Patrick Rampillon, l’ancien responsable du centre de formation se souvient d’un garçon sur la retenue. "Je l’ai eu vers 15 ans comme joueur puis après avec les U17. Il était discret mais il bossait. Quand on lui posait une question sa réponse faisait tilt." Rapidement le Breton se tourne vers la formation à Wasquehal avec les U14 fédéraux, puis à Rennes pendant huit ans avant d’arriver à Lorient. Parallèlement, il mène ses études à Staps et sa thèse intitulée "Analyse biomécanique de la course à pied par une méthode accélérométrique".

Aujourd’hui, Le Bris se considère comme le relai d’une histoire initiée par Christian Gourcuff chez les Merlus. "Je participe à la continuité d’un projet club mais je suis loin d’être le seul. Je le vis depuis dix ans et cette continuité à partir du moment où l’on parvient à la faire durer on peut en bénéficier de saisons en saisons. On travaille sur des erreurs qu’on a commises et qu’on cherchera à ne plus commettre. Certes il peut y avoir des aléas de mauvais résultats mais le club reste serein dans une dynamique de progression donc ça nous fait avancer."

"Il aurait fait un bon gendre"

Au club justement, Régis Le Bris s’appuie beaucoup sur les joueurs qu’il a formés, à l’image de Julien Ponceau. "Je le côtoie depuis 5-6 ans comme directeur de centre et entraîneur de la réserve. C’est un coach très ouvert à la discussion. Il impose ses idées mais nous demande nos alternatives car nous sommes sur le terrain. Il prône beaucoup de jeu. Il sait très bien s’adapter. Il est très exigeant mais c’est un amoureux de football qui sait ce qu’il veut et ça nous pousse tous vers le haut."

Le Finistérien est un adepte de la communication même si certains précisent qu’il met de la distance quand on ne le connaît pas bien. Un de ses anciens collègues s’amuse, en soulignant sa gentillesse, qu’"il aurait fait un bon gendre". Il aime aussi casser la routine et perturber ses joueurs comme lors de ce stage de préparation où il avait demandé à Ponceau et au groupe de prendre un papier et un crayon pour écrire anonymement n’importe quelle question. "En stage on fait beaucoup de regroupements pour se poser des questions, apprendre à se connaître, avec ce système il n’y avait aucun sujet tabou."

Le joueur à 100% de ses capacités

Patrick Rampillon se réjouit d’avoir travaillé à Rennes avec Le Bris, Stéphan ou Haise, cette génération de jeunes entraîneurs de Ligue 1. "Ils sont novateurs au niveau pédagogique et ont le pouvoir de faire arriver le joueur à 100% de ses capacités. Quelle est la différence entre l’effectif de Lorient cette saison et l’année dernière ? C’est à 90% le même, donc Régis a su apporter un plus. Il a réveillé les joueurs en les titillant. Le petit Diarra par exemple s’est bonifié entre l’année dernière et cette saison."

De cette génération, Franck Haise est le plus proche de Régis Le Bris. Plus que collègues, les deux hommes sont amis. Au point de partir ensemble en 2011 en vacances en famille au Canada alors que les Le Bris avaient besoin de soutien. "On a commencé par jouer ensemble sur ma fin de carrière pendant trois ans, puis nous avons eu dix ans de travail commun entre Lorient et Rennes. Je savais qu’il réussirait et obtiendrait le meilleur de son équipe parce qu’il est intelligent. Il sait ce qu’il faut utiliser. Il sait les forces. Ce qu’il peut faire et ne pas faire. Je connais aussi l’importance de son staff. Il est bien entouré."

Vendredi, à la question sur les dangers qui pouvaient menacer son groupe et la dynamique actuelle, Régis Le Bris a pointé la baisse de vigilance qui peut accompagner les bons résultats. Le garçon vanté pour son humilité et sa capacité à ne pas s’enflammer a tout de suite rassuré l’auditoire: "J’ai perçu très rapidement que ce n’était pas le cas dans notre groupe. On est plusieurs à les réguler, les joueurs y compris." Un constat qui ne surprend pas son ami Franck Haise: "Ils font un travail exceptionnel depuis trois mois. Je suis sûr que ça va continuer à avancer et que vous prendrez toujours beaucoup de plaisir à regarder les matchs de Lorient." Suite du spectacle ce dimanche à 13h face à Lille.

Pierre-Yves Leroux et Jean Bommel