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Lucho, un titre et un fantôme

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En deux saisons et demie, le milieu de terrain argentin a trop rarement justifié l’indemnité record de 18 millions d’euros déboursée par l’OM en 2009. Sauf durant les six derniers mois de la saison 2010, où il a grandement aidé à offrir le titre de champion à son club. Pour le reste…

« Lucho, c’est la classe mondiale. » Voilà ce que déclarait Deschamps lorsque l’ex-maître à jouer du FC Porto a posé ses valises à la Commanderie en 2009. C’est avec un statut de star et un transfert record pour l’OM (18M€ hors bonus) qu’ « El Comandante » s’engage à Marseille. Il est LE joueur de Deschamps. Celui qui fera grandir l’OM. Deux ans et demi plus tard, alors que Lucho retourne à la case Porto, que doit-on retenir son aventure avec le club olympien ? Le bilan est mitigé. Malgré un titre de champion (2010) et deux Coupes de la Ligue (2010 et 2011), le joueur âgé de 31 ans n’a jamais été le leader technique tant attendu. En dépit de quelques coups de pattes décisifs l’année du titre, difficile d’oublier toutes ces rencontres traversées tel un fantôme.

Lorsqu’il arrive à l’été 2009 en provenance de Porto, l’Argentin, premier étranger capitaine de l’équipe portugaise, se détache difficilement de l’étiquette de plus gros transfert de l’histoire du club. Le joueur tarde à convaincre puis se blesse. Son salaire annuel interpelle. Le mystère Lucho fait vite surface. « Physiquement, en France, c’est plus dur qu’au Portugal », confie-t-il lors de ses très (trop) rares sorties médiatiques. « Il faut lui laisser du temps », défend son entraîneur Didier Deschamps. « DD » est un connaisseur.

3 buts en 30 matches cette saison

Lors de la deuxième partie de saison, Lucho fait enfin honneur à son statut. Dans tous les bons coups, notamment sur coups de pied arrêtés, il est l’un des grands artisans du doublé championnat-Coupe de la Ligue. A son actif, 8 buts et surtout 14 passes décisives toutes compétitions confondues. Et un vestiaire acquis à sa cause : « C’est quelqu’un d’important sur et en dehors du terrain, appuie Steve Mandanda. Il n’a pas forcément besoin de gueuler. Quand il parle, il est écouté. » L’euphorie ne dure que six mois.

A l’image de son équipe, Lucho, orphelin de Mamadou Niang, exilé en Turquie, déchante la saison suivante (seulement 6 passes décisives). Pour ne rien arranger, il est victime en mars 2011 d’une agression à son domicile. La cicatrice ne se refermera jamais. Le traumatisme, trop important pour sa famille, le pousse inéluctablement vers la porte de sortie : « J’ai pensé à faire mes valises, avouera-t-il plus tard. J'avais d’ailleurs émis le souhait de partir de l'OM. » L’été dernier, les discussions avec Arsenal et Malaga échouent. A Marseille, on sait déjà que le joueur n’a plus la tête à l’OM. José Anigo : « Avec son agression, Lucho a eu un coup de blues. C’est normal. » C’est avec des statistiques faméliques (3 buts en 30 matches toutes compétitions confondues) que sa saison et son aventure olympiennes s’achèvent. En cul de sac. Et pourtant tout le monde se sent plus léger : Marseille perd son plus gros salaire et un joueur qui ne donnait plus satisfaction, Lucho quitte une région que lui et sa femme ne supportaient plus, et le président de Porto récupère un élément qu’il adore. Tout en ayant fait au passage une fantastique plus-value…