Lyon, le temps des vaches maigres

Jean-Michel Aulas - -
En subissant son 11e revers de la saison en championnat mercredi à Toulouse (3-0), soit une première depuis la saison 1997-1998, Lyon s’est replongé dans un passé peu glorieux. La défaite au Stadium place les Rhodaniens à 6 points de Lille (3e) et laisse entrevoir une non-qualification pour la prochaine Ligue des champions. Habitué de l’épreuve depuis 12 années consécutives, l’OL va donc très certainement y perdre son rond de serviette. Jean-Michel Aulas, qui a bâti année après année la réputation de son club sur ses performances en C1, ne préfère pour le moment pas envisager le pire. « Il reste logiquement et de manière lucide une possibilité de pouvoir jouer la 3e place », lâche-t-il.
Sur le plan économique, ne pas terminer sur le podium entraînerait des bouleversements importants pour le club rhodanien. Chaque année, la Ligue des champions a rapporté en moyenne 22 millions d’euros. Avec l’arrivée d’Al Jazira sur le marché des droits TV, les clubs français pourraient même toucher la somme record de 40 M€ la saison prochaine. Le manque à gagner pourrait être considérable pour Lyon, qui perd de l’argent depuis 3 saisons : 35 M€ en 2010, 28 M€ en 2011, puis encore cette saison. Coté en bourse, l’OL a vu la valeur de son action être divisée par 5 depuis 2007. Ne pas être présent sur la scène européenne accentuerait gravement ce phénomène. « C’est un levier sur lequel les dirigeants lyonnais comptaient beaucoup et qui permettait d’apporter de la trésorerie, explique l’économiste Pascal Perri. Cela signifie que les actionnaires vont devoir remettre au pot s’ils veulent garder le même niveau de vie économique. »
Une Champion’s League dépendance
En attendant la livraison du Stade des Lumières en 2014, enceinte de 60 000 places qui devrait rapporter 30 M€ par an, le septuple champion de France va donc devoir mettre en place un véritable plan d’austérité. « Lyon est un club Champion’s League dépendant. En l’absence des recettes de cette compétition, il a du mal à équilibrer son budget. Le club a besoin de recettes commerciales et de billetterie qu’il ne peut pas avoir aujourd’hui à Gerland », rappelle Vincent Chaudel, économiste du sport. La santé sportive du club risque donc d’être dégradée. Moins attirant pour recruter, l’OL va très certainement devoir se séparer de quelques têtes d’affiche pour remplir ses caisses et alléger sa masse salariale. Ederson va partir. Aly Cissokho devrait suivre le mouvement.
D’autres joueurs possèdent une forte valeur marchande. Avec Lisandro Lopez, Yoann Gourcuff et Michel Bastos, le banc lyonnais dépassait ainsi les 60 M€ (à l’achat) contre le TFC. « Plus que pour la saison prochaine, je m’inquiète pour l’avenir, glisse Luis Fernandez. Je sens qu’il n’y a pas la capacité à rebondir. » Membre du carré magique de Luis Attaque, Ali Benarbia voit quant à lui l’avenir plus sereinement. « Lyon, en faisant confiance à sa formation, s’était préparé à ça », souligne-t-il. La jeune garde lyonnaise sait donc ce qu’il lui reste à faire pour que son club retrouve son lustre d’antan.