Marseille, la pression en bandoulière

Mathieu Valbuena - -
L’Olympique de Marseille n’est pas un club comme les autres. A l’image du PSG, seul véritable équivalent en France, évoluer sur la Canebière peut transcender un joueur et lui offrir des émotions uniques quand tout va bien. Mais quand tout va mal, la sublimation du positif peut rapidement virer à la soupe à la grimace taille XXL. Entre une série de trois défaites consécutives (2-1 à Lyon en Coupe de la Ligue, 5-4 contre Nice en Coupe de France, 2-0 à Monaco en L1), des supporters à cran aux critiques plus que virulentes (tags insultants, appel à harceler des joueurs), dont certains ont abandonné les travées du Vélodrome, un groupe miné par les rivalités, des questions sur l’avenir – par exemple, quel entraîneur l’an prochain ? – et un mercato hivernal où les seules recrues se nomment pour l’instant Albert Emon (voir encadré) et Brice Dja Djédjé, le club phocéen semble plutôt voguer en eaux troubles depuis le début de l’année.
Et la pression de monter, monter, monter. Même pour les habitués de la maison. « Le chemin est encore long mais ce serait bien pour tout le monde, l’ensemble des gens qui aiment le club et ceux qui y travaillent, de retrouver un peu de tranquillité. Parfois, c’est un peu lourd, reconnaît l’entraîneur José Anigo. Je vois des clubs, certains ont perdu contre des CFA et ont aligné trois ou quatre défaites, et c’est toujours un long fleuve tranquille pour eux. Il n’y a jamais un éclat de voix ou plus de trois lignes. L’OM est un club qui est toujours mis en lumière et on vit avec. Mais de temps en temps, on aimerait aussi pouvoir travailler un peu plus sereinement. C’est la base pour faire de bonnes choses. »
Anigo : « Ici, on ne peut pas se reposer »
André-Pierre Gignac confirme : « Marseille, c’est l’extrême, tout bon ou tout mauvais. » Un environnement où le public ne laisse rien passer et qui rend parfois difficile la simple exécution de son football. « Attendez au moins que je rate mon premier contrôle pour m’insulter, s’en amuse Gignac. Pas dès que je rentre sur le terrain ! » Pour apaiser les tensions, une rencontre joueurs-supporters a eu lieu mardi soir à la Commanderie. Parfois inhibitrice, la pression médiatico-populaire possède au moins un avantage : rappeler les brebis galeuses du terrain à leurs devoirs. Comme lors de la réunion qui s’est tenue mardi soir entre supporters et joueurs au centre Robert Louis-Dreyfus.
« Quand tu t’installes dans un certain confort, tu peux oublier des choses, explique Anigo. Il faut juste leur rappeler le taux d’exigence qu’il faut avoir dans ce club. Si je ne le faisais pas, vous (les journalistes, ndlr) le feriez. Et sinon, les supporters s’en chargeraient. Quand on est ici, on ne peut pas se reposer, faire un match et juste surfer dessus. Il faut toujours remettre tout en jeu. » A commencer par ce mercredi (19h) contre Valenciennes, dans un match en retard de la 21e journée qui entame une série de trois matches de championnat à domicile (Toulouse le 2 février, Bastia le 8) déterminante pour la fin de saison marseillaise. « Gagner deux fois d’affilée à la maison, ce n’est pas facile, alors trois fois… », avertit Anigo. Pour réussir le défi, les Marseillais aimeraient pouvoir se tourner vers un allié logique : le public. « J’espère que les supporters seront présents, lance Gignac. On a besoin d’eux. » L’OM et sa pression interne, mariage toujours autant d’actualité. Pour le meilleur comme pour le pire
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Albert Emon, première
A la veille de la réception de Valenciennes, les Marseillais ont eu droit ce mardi à un entraînement en fin de journée au centre Robert-Louis-Dreyfus. Après avoir pris part à une réunion de travail pour bien caler le rôle de chacun dans ce staff désormais élargi, le nouvel entraîneur adjoint Albert Emon a dirigé la séance – débutée par des exercices balle au pied avant une mise en place tactique – avec José Anigo et Franck Passi. Un retour aux sources pour l’ancien joueur et entraîneur de l’OM. Une arrivée en forme de bonne nouvelle pour le club phocéen, à en croire les principaux intéressés. « C’est quelqu’un qui connait bien le foot, explique José Anigo. Savez-vous en quelle année Albert a signé sa première licence à l’OM ? 1968. Historiquement, il a un petit vécu. En tant qu’entraîneur, il a un parcours pas mal. Son expérience est bénéfique à tout le monde, y compris moi. Je voulais déjà qu’il vienne au mois de décembre quand le président m’a donné les fonctions. Ça n’avait pas pu se faire, mais là, il a pu se libérer avec Ajaccio. Je suis content qu’il soit avec nous. »