Martel : « Ça ne s’arrêtera pas avec Mammadov »

Gervais Martel - AFP
Gervais Martel, ça fait quasiment un mois que vous n’avez pas pris la parole. Pourquoi ?
Je comprends que les gens soient en attente d’un ensemble de choses. Maintenant, je ne peux pas non plus réunir la presse et dire « attendez, ne vous inquiétez pas… on est mardi, l’argent (les 4 millions pour le recrutement, ndlr) va être là vendredi ou plus tard ». Force est de constater que l’argent n’est toujours pas arrivé mais je ne reste pas inactif. Je suis en liaison avec Hafiz Mammadov, qui a des problèmes internes que je ne peux pas développer parce que je ne les connais pas. Ce sont des problèmes internes au pays. Il semble dire que ça à l’air de s’arranger mais moi j’ai pris aussi contact avec l’état azerbaïdjanais pour connaître la situation puisque nous avons sur le maillot le sponsor « Azerbaïdjan Land of Fire » (promotion du pays). Si vous me demandez à quel moment la situation va bouger, je ne sais pas.
La situation dans laquelle se retrouve aujourd’hui le RC Lens interpelle, vous en avez conscience ?
Aujourd’hui, on est dans une situation que je n’avais pas prévue. D’un côté, Hafiz Mammadov a mis 20 millions d’euros (pour la saison dernière, ndlr) et sans lui le club serait mort. S’il avait mis de l’argent pour Sheffield Wednesday ou pour l’Atlético Madrid, on pourrait être inquiet. Aujourd’hui, le seul club où Mammadov est actionnaire majoritaire, c’est le RC Lens. Aujourd’hui, Hafiz ou l’Azerbaïdjan feront face à la situation. Moi, mon objectif est que Lens se porte bien sportivement. Les gens qui parlent de dépôt de bilan, je les laisse parler…
Pourquoi Hafiz Mammadov est-il si discret ?
Moi j’ai le respect des institutions. Hafiz pensait qu’il y avait un problème de management dans le club, il ne comprenait pas qu’étant un des initiateurs de la DNCG et longtemps à la tête de l’UCPF, je ne pouvais pas avoir de passe-droit. Sauf qu’à Bakou, ce n’est la même façon de fonctionner. Je l’ai régulièrement au téléphone et il m’envoie des SMS après les matches. J’ai entendu des choses invraisemblables sur lui - qu’il était en prison par exemple - alors qu’il était en Turquie la semaine dernière. Pour autant je ne cautionne pas cette situation. Je suis président du club et Mammadov ne se mêle pas de la gestion du RC Lens.
Est-il possible que l’argent n’arrive jamais ?
C’est impossible ! On a une caution bancaire qui a été signée avec le pays. Pour les fameux 4 millions d’euros, c’est fin octobre et pour les 14 millions d’euros, c’est au mois de janvier. Ils auront 5 jours pour effectuer le virement, sinon ça se passera devant le tribunal international financier. Je ne suis pas inquiet… Mammadov peut-il lâcher le club ? Ça sera compliqué puisqu’il possède la majorité des actions (60%) et il faudrait trouver une issue avec l’Azerbaïdjan. C’est un pays neuf qui investit beaucoup dans le sport : les Jeux Olympiques Européens, le Grand Prix de Formule 1 en 2015. Il est aussi candidat à l’Euro 2020, avec de grandes chances d’être retenu par l’UEFA.
Est-ce que le voyage en Azerbaïdjan, en mai dernier, avec François Hollande vous a aidé ?
Ça m’a permis d’avoir des contacts qui me servent aujourd’hui. N’oubliez pas la France est le 7ème fournisseur de l’Azerbaïdjan. Ce n’est pas neutre… Ça fait partie d’une bonne entente comme avec le Qatar, sauf que la Banque of Qatar est à Paris et que la Banque d’Azerbaïdjan est à Bakou. Peut-être que ça va évoluer un jour. Ceux qui croient qu’avec Hafiz Mammadov, ça va s’arrêter, se trompent…