Montpellier, champion au bout de la nuit

Olivier Giroud - -
Montpellier est décidément une équipe à part cette saison. Une équipe championne, déjà. La meilleure de France au terme d’un championnat maîtrisé et officiellement sacrée ce dimanche après sa victoire dantesque à Auxerre (2-1). Une équipe à l’image de René Girard, son entraîneur : talentueuse, hargneuse et pleine de cœur. Une équipe qui, au fil des journées, a pris en épaisseur pour se muer en véritable machine à gagner. Mais aussi une équipe qui aime décidément jouer avec les nerfs de ses supporters.
Car après 20 minutes de jeu sur la pelouse de l’Abbé-Deschamps, les Héraultais se font une sacrée frayeur. Alors qu’au coup d’envoi, ils possèdent 3 points d’avance sur le PSG et 89% de chances d’être sacrés, tout est proche de basculer. Sur un corner, Olivier Kapo prend le meilleur sur Mapou Yanga-Mbiwa et ouvre le score pour l’AJA (1-0, 20e). Un coup de tonnerre suffisant pour glacer le sang d’un Louis Nicollin ultra-tendu sur le banc de son équipe.
Après quelques éclats de voix de René Girard pour remotiver ses troupes bousculées par des Icaunais pourtant déjà relégués, les joueurs du MHSC vont rapidement se remettre dans le droit chemin. Sur un service parfait de Camara depuis le flanc droit, John Utaka ne tremble pas et égalise (1-1, 32e). Un but qui, s’il enflamme immédiatement la Place de la Comédie, fait grimacer les dirigeants parisiens dans les tribunes du Moustoir, à Lorient.
Une tribune évacuée
Et puisqu’il était également écrit que le sacre montpelliérain ne ressemblerait à aucun autre, il a mis du temps à se dessiner. Beaucoup de temps. Primo, parce que les supporters auxerrois ont décidé de faire durer le « plaisir ». Jetant des projectiles sur la pelouse, les fans icaunais ont retardé d’une bonne dizaine de minutes le coup d’envoi de la seconde période, puis encore plus longtemps à 20 minutes du coup de sifflet final, obligeant l’évacuation d’une des tribunes.
Secundo parce que les Parisiens, d’abord menés, ont fini par l’emporter à Lorient (2-1). Le premier titre montpelliérain a donc été long à se dessiner, au bout d’une soirée interminable, marquée par la bêtise d’une minorité des supporters auxerrois. Mais c’est finalement le football, le vrai, qui a fini par avoir le dernier mot, après le 2e but de John Utaka synonyme de victoire et de titre (1-2, 76e).
Trente-deux ans après son arrivée à la tête du club pailladin, alors en DH, la formation de Loulou Nicollin décroche donc le 1er titre de champion de France de son histoire. Sur le podium 37 journées sur 38 et leaders depuis la 29e journée, les Héraultais remportent leur duel face au Paris Saint-Germain, brillant 2e. Une victoire qui tient encore plus du miracle après la nouvelle dimension prise par le club de la capitale depuis cet été. Treizième budget du championnat, le MHSC a joué le rôle du Petit Poucet face à l’« ogre parisien ». Et comme dans les plus belles histoires, il a fini par prendre le meilleur pour glaner un titre que joueurs et supporters ont déjà commencé à savourer à Auxerre. Après ce succès historique, la fête risque de durer tard dans la nuit. Ou tôt, c’est selon.