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Montpellier-Nantes: ce qu'il s'est passé en coulisses lors des incidents à La Mosson

Désabusés par les résultats du MHSC (8 victoires, 5 nuls et 25 défaites en championnat depuis le 16 janvier 2022), les ultras héraultais se sont fait entendre dimanche, lors de la défaite concédée face à Nantes (0-3).

Une nouvelle défaite, la 12ème de la saison, deux joueurs expulsés, Khazri et Wahi, et une interruption de quinze minutes suite à l’action des Ultras pailladins: l’après-midi du MHSC a viré au cauchemar ce week-end.

Excédée par les dernières performances de son équipe, notamment la claque niçoise (défaite 6-1), la Butte Paillade avait prévu de marquer le coup avant match. La fureur des supporters héraultais s'est matérialisée par une grève des encouragements et des banderoles installées dans le parcage par des membres de la Butte Paillade ou de l’Armata. On pouvait y lire des messages, le plus souvent insultants, parfois homophobes, que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a fermement condamné ce lundi matin.

Après ce boycott, la Butte a fait exploser une bombe agricole dans le parcage à la 15e minute de jeu, laquelle a détruit une rangée de sièges, comme pour signifier à tout le monde que la fête était finie. Ce retour remarqué à grand renfort de fumigènes lancés sur la pelouse, au niveau de la surface de réparation de Jonas Omlin, a entraîné la suspension de la rencontre pendant 17 minutes. Le temps de ramener les joueurs aux vestiaires et d'appeler au calme par l’intermédiaire de Pierre-Marie Grappin, responsable de la sécurité du club.

Certaines personnes au club se sont d’ailleurs étonnées qu'une telle décision ait été prise aussi vite, alors que la situation ne semblait pas échapper aux arbitres, et qu'aucun dispositif de crise (prévu depuis les incidents de OL-OM la saison dernière) n’avait été déclenché. La préfecture de l’Hérault n’a d’ailleurs pas été sondée sur la suite à donner ou non à la rencontre.

Le pire a été évité

A la mi-temps, la tension est montée d’un cran dans le parcage. De violentes bagarres ont éclaté entre les ultras. Nombre d'entre eux avaient l'intention d'envahir la pelouse à la fin de la rencontre en cas de nouvelle défaite, quand d’autres souhaitaient tout simplement quitter le stade. Les forces de l’ordre ont été mobilisées, tout comme les stadiers. C’est finalement la désertion des tribunes qui a été l’option choisie. Les quelques ultras restant ont pu échanger quelques mots avec Jonas Omlin venu discuter avec eux au coup de sifflet final. Les joueurs (Teji Savanier, Jordan Ferri ou Faitout Maouassa notamment) ont fait demi-tour face à la montée des sifflets.

En zone mixte, les Nantais, comme Fabien Centonze, reconnaissaient que cette coupure avait fait du bien aux Canaris : "Cela a été très difficile surtout en début de match où on a pris l’eau, on ne va pas se mentir. On subissait les offensives de Montpellier puis cette coupure nous a fait du bien. Elle nous a permis de nous remobiliser." Christopher Jullien, seul joueur de Montpellier à s’exprimer, regrettait l’attitude des supporters : "Qu’ils montrent leur rancœur, c’est leur droit, c’est le football. Après je le répète il y a deux types de personnes : ceux qui voient le négatif et les autres. Donc si eux voient le négatif, nous on va se concentrer sur le positif. J’ai joué à Fribourg, avec qui je suis descendu, et jusqu’à la dernière, ils nous ont encouragé. Aujourd’hui, c’est notre douzième homme, il faut qu’il soit avec nous. Aujourd’hui s’ils veulent nous tirer dessus, ok tirez-nous dessus. Il reste 19 matches pour se sauver reste juste à savoir si on aura notre douzième homme avec nous ou pas."

Un huis clos partiel à venir

Ce fameux douzième homme sera absent pour les prochaines rencontres. La Tribune Etang de Thau (lieu du parcage de la Butte Paillade) était sous le coup d’une fermeture de deux matches avec sursis suite aux incidents survenus à Toulouse. Le club s’attend aujourd’hui à ce que la Tribune soit fermée pour la venue du PSG (1er février), de Brest (12 février) voire Lens (26 février).

En revanche, un huis clos total est inenvisageable pour les dirigeants montpelliérains. Ceux-ci ont d'ailleurs tenu à réagir ce matin au message de la ministre, partageant sa consternation: "Le MHSC condamne avec la plus grande fermeté les propos homophobes tenus dans certaines des banderoles déployées en tribune lors de MHSC – FC Nantes."

"Si des banderoles 'pour exprimer le mécontentement des supporters' avait été autorisées dans un contexte sportif compliqué, en aucun cas ce genre de propos ne peut être toléré", a ajouté le club dans un communiqué.

Le parquet annonce l'ouverture d'une enquête

Des investigations sont en cours et des plaintes seront déposées le cas échéant.

Le procureur de la République de Montpellier a annoncé l'ouverture d'une enquête "des chefs d'injures publiques à raison de l'orientation sexuelle, introduction, détention et usage de fusée ou d'artifice dans une enceinte sportive et jet de projectile présentant un danger pour la sécurité des personnes dans une enceinte sportive".  L'enquête a été confiée à la sûreté départementale.

Julien Landry