Nantes: Le récit tragique de Fabio sur la disparition de Sala

C’est un nouveau récit poignant sur Emiliano Sala, mort après le crash de son avion dans la Manche en janvier dernier alors qu’il effectuait avec le pilote David Ibbotson, porté disparu, la liaison entre Nantes et Cardiff, la ville de son nouveau club. Dans une interview accordée à ESPN, Fabio a confié comment lui et ses partenaires avaient appris la terrible nouvelle de l’accident de l’ancien attaquant du FCN, qui était venu dire un dernier au-revoir au club avant de rejoindre les Seagulls.
"Emiliano a déjeuné avec nous le lundi et mes derniers mots ont été 'si je peux t’aider sur quoi que ce soit à Cardiff, n’hésite pas s’il te plaît, car je connais le club et la ville'. Il a acquiescé et m’a dit qu’il m’enverrait un texto."
"Nico, viens voir"
Le latéral brésilien explique comment le groupe a été mis au fait de la gravité de la situation. "On est arrivé à l’entraînement le mardi matin et Nico (Pallois, ndlr), notre défenseur central, a dit à Anthony, qui travaille au club, pendant le petit-déjeuner: "tu peux vérifier à quelle heure Sala est arrivé à Cardiff parce qu’il n’a pas répondu à mes textos. Il m’a prévenu quand il était dans l’avion, et m’a dit qu’il me dirait quand il serait arrivé". Nico n’était pas inquiet. Nous nous sommes assis pour petit-déjeuner puisque nous mangeons tous ensemble à Nantes."
"Le coach a pleuré devant nous"
"Anthony est revenu et a dit: 'Nico, viens voir'. Puis il a dit: 'l’avion a disparu'. Nico était détruit. Puis Anthony a prévenu tout le monde. Les gens ont commencé à pleurer. Quand tu entends que l’avion a disparu, tu crains que quelque chose de terrible soit arrivé. Tu veux croire à autre chose, mais... Le coach était très énervé et les joueurs sont rentrés chez eux. La préparation pour le match de Coupe de France (face à l’Entente Sannois-Saint-Gratien) s’est arrêtée. Le coach se fichait de perdre des points ou de recevoir une amende: il a dit qu’on ne jouerait pas. Le coach a pleuré devant nous. Quand Sala est parti, il était très proche de lui."
"Je suis rentré chez moi, j’ai pris ma famille dans mes bras et embrassé mes filles, poursuit-il. Le match suivant a été décalé et le suivant était contre Saint-Étienne à domicile. Cette soirée fut tellement intense émotionnellement. Tout le monde pleurait avant le match, moi y compris. Nous avons joué un match dans ce contexte, avec les fans qui chantaient le nom de Sala encore et encore. Je me suis fait expulser, les arbitres sont plus sévères en France. Ce qui est arrivé à Emiliano est tragique. Quand tu es footballeur, tu vois plus tes partenaires que ta propre famille puisque tu t’entraînes tous les jours et tu travailles tout le temps. Un jour, votre ami est là et, le lendemain, il ne l’est plus."
"Il n'avait pas besoin de revenir"
La plaie est évidemment très profonde. Dans l’interview, Fabio confie également comment il a conseillé Sala sur son transfert à Cardiff, puisque le latéral brésilien y a évolué pendant deux saisons (2014-16). Il souligne aussi que l’attaquant argentin "n’avait pas besoin de revenir parce qu’il nous avait déjà dit au revoir".
"Il est arrivé comme un inconnu et est devenu l’arme principale de l’équipe"
"Ce n’est pas comme s’il revenait pour récupérer sa famille. Il est revenu parce que Cardiff venait de jouer à Newcastle et les joueurs avaient deux jours de repos. Emiliano savait qu’il avait deux jours et il voulait dire au revoir au club, parce que les fans l’aimaient. Il était là depuis quatre ans. Il est arrivé comme un inconnu et est devenu l’arme principale de l’équipe. Il n’était pas techniquement incroyable, mais il a travaillé dur pour l’équipe, il se battait pour tous les ballons, il ne s’arrêtait jamais de courir. Les fans l’adoraient."