Nicollin : « Si on tape Ancelotti, il sera dans la m… »

Louis Nicollin - -
Louis Nicollin, beaucoup d’observateurs croient aux chances de Montpellier de s’imposer à Paris, dimanche. Et vous ?
Je reste les pieds sur terre. Quand j’entends Papin ou Pirès qui nous donnent favoris, je n’y comprends rien. Ce sont pourtant des grands joueurs. Je pense qu’ils le disent parce qu’ils ont quelque chose contre Paris.
C’est tout de même un match important pour la qualification pour la Ligue des champions, non ?
Ça, je n’y crois pas trop mais si ça vient, on prendra. Tu te rends compte ? La musique au Stade de la Mosson… Je n’y ai jamais pensé. Je regarde l’OL et l’OM mais ça ne me passionne pas plus que ça. Chaque année, je suis invité à la finale. J’étais à Wembley l’année dernière, mais bon…
Comment allez-vous organiser votre soirée, dimanche ?
D’habitude, je ne vais pas en déplacement. Là, je suis obligé d’y aller. Mais je vous dis la vérité, je suis stressé. En début de saison, j’avais dit que si on terminait septième ou huitième, je serais un président heureux. On aurait un budget équilibré. Nous voilà deuxième mais on sait que ça risque de ne pas durer. On risque de se retrouver septième ou huitième alors qu’on a vécu pendant la moitié de la saison à la deuxième place. Les joueurs en sont capables. L’année dernière, de quatrième on est passés quatorzième…
« Ce sera difficile de garder Giroud »
Avez-vous pu jauger l’état de votre équipe ?
Cette semaine, je les ai vus une fois, je vais les revoir demain (vendredi, ndlr). Mézy (Michel, conseiller du président) me dit qu’ils sont très sereins et décontractés. C’est un match comme un autre. Mais quand on est footballeur, ce sont des matches qu’on veut jouer. Le stade va être plein, c’est extraordinaire. Je plains René (Girard, l’entraîneur) pour faire son équipe.
En cas de qualification pour la Ligue des champions, n’avez-vous pas peur d’avoir de grosses difficultés sur la scène européenne la saison prochaine ?
Je ne sais pas si on y sera. Si on y est, on jouera à onze contre onze. Regardez l’Apoel Nicosie cette année. Je ne pense pas qu’ils soient plus forts que la Paillade.
Il s’agira du premier match à pression de Carlo Ancelotti sur le banc parisien. En avez-vous conscience ?
Je ne crois pas qu’il connaisse Montpellier (rires). Il a dû découvrir parce qu’il n’est pas con. Il a dû regarder des cassettes et voir qu’il y avait deux ou trois joueurs qui ne sont pas mal. Il a appris le français, c’est tout à son honneur mais je préfère rire avec Rolland (Courbis). Si on le tape, il sera dans la merde…
Si Montpellier termine deuxième, pensez-vous pouvoir retenir des joueurs comme Younès Belhanda ou Olivier Giroud ?
Pour Giroud, ce sera difficile parce qu’il a une clause pas si importante aux alentours de 15 ou 16 millions. Il a encore deux ans de contrat mais avec cette clause... On ne fera pas n’importe quoi. Si on fait une grande saison, qu’on augmente à fond les joueurs la saison suivante et que ça ne marche pas, tu fais comme Lens : tu te retrouves à la rue. Regardez où est Monaco ? Ce sont des ânes de ne pas avoir pris Courbis ! Je trouve le Prince très sympa et je ne comprends pas qu’il laisse partir son club en c… comme ça.
« Belhanda, il a deux Hazard dans les jambes »
Craignez-vous quand même de perdre de nombreux joueurs ?
On ne va pas avoir une équipe de peintres l’année prochaine. Belhanda, il a deux Hazard dans les jambes. A part Giroud qui a une clause, tous les autres ont de longs contrats. Mais on ne va pas faire de bras de fer. Mapou (Yanga-Mbiwa), je l’adore, mais s’il veut partir et qu’on y trouve notre compte, il partira.
Vous pourriez éventuellement recruter André-Pierre Gignac…
Ne rigolez pas avec ce type. Il est dans un club où il n’aime pas jouer. C’est un affectif. Il gagne beaucoup de sous, c’est sûr, mais peut-être qu’il devrait faire une croix dessus.
Vous rendez-vous compte que vous êtes l’un des derniers dinosaures du football français ?
Avec Le Graët, on doit être les deux plus vieux à s’occuper du football. Il a même commencé avant moi à Guingamp. C’est vrai que ça dure. Ça ne rapproche pas de la première communion. J’ai passé des grands moments avec Tapie (Bernard, ancien président de Marseille) et avec Bez (ancien président de Bordeaux) qui bégayait, c’était grandiose ! J’ai aussi connu Roger Rocher (ancien président de Saint-Etienne), il y avait des personnalités. J’aime mon club, je vis avec mon club. Les gens qui sont sympas, je les reçois bien au match retour.