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OL-ASSE : cinq souvenirs des derbies à Gerland

OL-ASSE : les Lyonnais champions de France en 2006

OL-ASSE : les Lyonnais champions de France en 2006 - AFP

Depuis le 28 octobre 1951, 54 derbies entre Lyon et Saint-Etienne ont été joués à Gerland. Le dernier avant le déménagement au Grand Stade, ce dimanche (21h), sera le 15e dans la capitale des Gaules de notre correspondant en Rhône-Alpes, Edward Jay. Ses cinq plus grands souvenirs.

14 avril 2000 : Lacombe en prof’ chambreur

Il n’est pas resté dans les annales (0-0), mais personnellement, c’est mon premier derby, alors que je suis arrivé à Lyon depuis deux ans. Et l’amateur de football, né de façon « neutre » en Savoie, en a forcément entendu parler. Mais jamais je n’ai assisté à un derby à Gerland. Forcément, cela me fait quelque chose. Je découvre l’avant, la montée en puissance, l’antagonisme, les petites histoires avec Bernard Lacombe, l’entraîneur à l’époque, qui fait des conférences de presse à rallonge dans une pièce près de son bureau, à une poignée de mètres des vestiaires. Nous sommes quelques journalistes à suivre cela. En tant que bizut, il me plante le décor avec beaucoup de « chambrages » : « Toi, de toute façon, depuis la Savoie, tu ne sais rien… Tu vas apprendre. » Quinze ans plus tard, je sais ce que c’est…

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21 décembre 2000 : Delmotte en père Noël

Je chambre Christophe Delmotte depuis ce soir-là, car il est le « père Noël » de l’OL. Il surgit de nulle part pour une tête plongeante à la dernière minute qui donne la victoire, le 21 décembre, à l’OL (2-1). Une photo immortalise la tête qu’il fait une fois qu’il s’aperçoit que le ballon est au fond des filets. Il dit ne pas se reconnaître… Mais c’est bien lui ! Christophe Delmotte, l’un des footballeurs les plus sympathiques.

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30 avril 2006 : Wiltord et Govou en décorateurs

C’était la question (journalistique) de la semaine : comment les Lyonnais, fraîchement champions de France depuis une semaine, allaient fêter ce cinquième titre devant leur public ? Malgré l’insistance auprès de tous mes relais, rien ne filtre. Car rien n’est en fait décidé. Et tout se fera au dernier moment. Sylvain Wiltord et Sidney Govou lancent l’idée de se grimer en rouge et bleu dans l’après-midi. Et prennent un peu par surprise le groupe en amenant de quoi se maquiller visages et cheveux.

A l’échauffement, c’est l’hallucination… Gérard Houllier, avait lequel je réalisais chaque année le livre de la saison, m’a dit qu’il s’en était étranglé ! Sans parler de la tête du président Aulas, qui a découvert le spectacle à la causerie, deux heures avant le match. Derrière, les Lyonnais font le métier et s’imposent 4-0 pour mieux montrer à leurs meilleurs ennemis que pendant ces années-là, c’est qui les plus forts ?

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25 septembre 2010 : Aulas en pompier

A la fin du match, je me dis que la soirée ne fait que commencer… Je quitterai Gerland vers 2h du matin et partirai dans la foulée à Tel Aviv pour un match de Ligue des champions. Le derby le plus long. Lyon est 17e de Ligue 1. Lyon va mal. Son entraîneur, Claude Puel, débute de longs mois de calvaire. Il règne un vrai parfum de tempête, de quitte ou double. Et pourtant, quelques semaines avant, l’OL de Claude Puel a atteint les demi-finales de la Ligue des champions. Mais la nouvelle saison qui commence est déjà fragilisée par une entame manquée : trois défaites en six matches. Et voilà que l’ASSE arrive à Gerland en tant que leader du championnat. Le monde à l’envers dans le paysage français, eu égard aux moyens financiers, puisque Lyon vient notamment d’engager Yoann Gourcuff pour 22 M€.

Vingt-neuf tirs lyonnais et deux tirs stéphanois plus tard, les Verts gagnent sur un malentendu, un coup franc de Payet (0-1). Le 100e derby signe la fin de 21 derbies sans défaite pour l’OL à Gerland, depuis 1994. Jean-Michel Aulas va devoir jouer les pompiers devant les journalistes pour protéger (déjà) son coach. Puis empêchera l’embrasement de la tribune des Bad Gones en allant à leur rencontre et en les calmant avec une formule choc : « Les Stéphanois, la Ligue des champions, ils la jouent à la PlayStation ». Les forces de l’ordre peuvent respirer. Le président de l’OL leur a évité une évacuation musclée de fans qui ne voulaient pas quitter le stade de Gerland, vexés par la victoire des voisins.

19 avril 2015 : l’avant-dernier à toute vitesse

J’en ai perdu la voix sur le début de match échevelé. Cela allait tellement vite ! Rarement, Lyon a produit autant de jeu, notamment sur la première mi-temps. Cela me rajeunit de quelques années, celles de la domination de l’ère Paul Le Guen et Gérard Houllier. Mais le scénario rappelle aussi tout ce qu’est un derby : une expulsion lyonnaise (Rose, 29e) et un match nul (2-2) heureux pour les Verts, qui ce soir-là privent un peu plus l’OL d’un possible titre. Lyon n’était pas encore très loin du PSG. Mais ça, c’était avant…

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Edward Jay