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OM-OL: les plus fameux clashs entre Aulas et les présidents de l'OM

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Président emblématique de l'OL depuis 1987, Jean-Michel Aulas aura connu de nombreux homologues du côté de l'OM. De Pape Diouf à Jacques-Henri Eyraud, retour sur quelques joutes verbales entre les présidents, exacerbant à leur manière la rivalité des deux clubs.

Il y a eu une vie à l'OL avant l'arrivée au poste de président de Jean-Michel Aulas en 1987. Et déjà des affrontements avec l'OM. "Les prémices d'une rivalité" en 1950, selon le directeur du musée de l'OL, Stéphane Benas, lors d'un match entre l'OL et l'équipe B de Marseille qui déclarera ensuite forfait. Ou encore la victoire lyonnaise envoyant l'OM en D2 en 1981. Mais tout a changé, vraiment changé, dans les années 2000, 2010. Aulas, arrivé à la tête de l'OL avec le soutien de Bernard Tapie, a transformé le club. Et la rivalité avec Marseille a grandi au fil des duels entre les deux Olympiques.

Diouf en 2009: "Les dernières gesticulations du champion"

Au sommet de son art avec sept titres consécutifs entre 2002 et 2008, l'OL a vu son hégémonie contestée lors de la saison 2008-2009. De son côté, l'OM n'a plus remporté alors le moindre titre depuis 1992 (celui de 1993 a officiellement été retiré après l'affaire VA-OM). Le 17 mai 2009, Marseille reçoit Lyon pour le compte de la 36e journée. Les joueurs de Jean-Michel Aulas savent déjà qu'ils ne seront pas champions pour une huitième année d'affilée, mais peuvent encore jouer les troubles-fêtes alors que Marseille et Bordeaux se disputent le titre. 

"Dimanche, on va assister aux dernières gesticulations du champion", lâche Pape Diouf le président de l'OM, dans le prolongement de plusieurs épisodes entre les deux clubs comme le transfert compliqué du prodige Hatem Ben Arfa, formé à Lyon et parti en 2008 chez le rival. Mais avec un doublé de l'attaquant local Karim Benzema et un but de Juninho, Lyon s'impose (3-1) et douche les espoirs de son concurrent. Pape Diouf et José Anigo confieront alors en privé que ce titre aurait eu une saveur particulière cette saison-là avec Eric Gerets en tant qu'entraîneur. Président depuis l'automne 2004, Pape Diouf est dans la foulée remercié et quitte ses fonctions. 

Jean-Claude Dassier lui succède à la tête de l'OM en juin 2009 et obtient le titre dès la première saison avec Didier Deschamps, qui dispose d'une aura suffisante pour calmer les tensions. Mais poussé par les bons résultats de son équipe, le nouveau dirigeant olympien n'a pas hésité tout de même à aller au clash avec Aulas, voulant "sortir du tête-à-tête entre Thiriez et Aulas" et n'hésitant pas à pointer du doigt l'influence selon lui du président lyonnais sur les instances du foot. La deuxième saison du mandat Deschamps se ponctuera par une deuxième place derrière le Lille de Rudi Garcia, mais devant Lyon. 

Le dossier vidéo de Labrune 

Après cette période assez calme dans l'histoire commune des deux olympiques, Vincent Labrune, intronisé en juin 2011, alimentera largement cette rivalité avec Jean-Michel Aulas au cours de son passage, jusqu'en 2016. Lors de la saison 2014-2015, Labrune va même jusqu'à compiler un dossier vidéo, envoyé à la FFF, sur les erreurs d'arbitrage dont l'OM aurait été victime en les comparant avec celles qui auraient avantagé l'OL. Le motif de cette tendance paranoïaque? Lyon s'apprête quelques mois plus tard à rentrer dans son nouveau stade, le "Parc OL", et aurait besoin de la manne financière provenant d'une qualification en Ligue des champions pour rester à l'équilibre. Labrune et de nombreux supporters sont alors persuadés que l'OM a été désavantagé au détriment de l'OL. Aulas dénonce alors une "délation jamais vue". 

Aulas: "J'ai dit à Labrune que c'était un guignol"

A l'intersaison 2015, le président lyonnais se trouve une passion pour les joueurs de Marseille. Jérémy Morel débarque directement depuis la Provence, Mathieu Valbuena arrive lui après un passage en Russie. Seul le dossier Nicolas Nkoukou capote. "De la même façon que le PSG n'a pas 100 millions pour acheter Lacazette, l'OL n'a pas les moyens d'acheter Nkoulou", taille Labrune. Mais le point culminant reste cette rencontre du 20 septembre 2015, marquée par le retour de Mathieu Valbuena au stade Vélodrome.

Banderoles hostiles, flots d'insultes, potence où le milieu offensif est représenté comme un pendu dans les tribunes du Virage Nord... La rencontre déborde et est momentanément suspendue à l'heure de jeu après une pluie de projectiles. Profondément agacé, Jean-Michel Aulas montera au créneau après le match (1-1). "J'ai dit à Vincent Labrune (le président de l'époque de l'OM, NDLR) que c'était un guignol et qu'il durerait moins longtemps qu'il ne l'imaginait dans le football parce qu'on ne peut pas se permettre de jouer avec la sécurité des gens et s'amuser à jouer au pitre. C'est irresponsable". 

Eyraud face à "Don Giovanni Michele"

Avec l'arrivée en 2016 de Franck McCourt, le nouveau propriétaire américain de l'OM, Jacques-Henri Eyraud succède alors à Vincent Labrune au poste de président. Si "JHE" est plus discret que son prédécesseur face aux micros et aux caméras, cela ne l'a pas empêché d'avoir quelques passes d'armes aussi avec son homologue lyonnais. Mais une récurrence: Eyraud critique aussi Aulas sur le sujet de l'arbitrage. Comme après l'OM-OL de mars 2018, le plus tendu de tous, conclu sur une bagarre générale. 

"Il a bâti un réseau d'influence, de pouvoirs (...). Je veux croire que cette influence s'exerce dans le respect d'une morale et de principes", sous-entend Eyraud, renommant Aulas "Don Giovanni Michele" dans une interview à La Provence en 2018. "Vulgairement, je dirais qu'il a pété les plombs car je suis choqué par ces attaques personnelles", contre-attaque rapidement Aulas. Mais du côté des dirigeants marseillais, on s'interroge aussi parfois sur certaines sanctions administratives, notamment sur celles pour les fumigènes où l'OM a été plus sanctionné que l'OL.

C’est cette saison-là que l’OM va en finale de Ligue Europa, à Lyon. La chanson "Aulas, on va tout casser chez toi" fait fureur. Mais l’OM perd. "J’ai une pensée pour l’OM qui a tout perdu dans notre stade", déclarera Aulas. La saison suivante, le 12 mai 2019, l'OL s'impose 3-0 au Vélodrome. "Je l’ai croisé dans l’ascenseur, Eyraud était catastrophé", se réjouit Jean-Michel Aulas, qui sous-entend qu'il ne lui parle pas car il n'est ni le patron, ni le propriétaire, au contraire de Frank McCourt. Un boss absent. Ce soir-là, alors que l'OL est assuré de disputer la prochaine Ligue des champions, le discours d'Aulas enfonce le clou. Il rappelle qu'il est un "enfant de Marseille" et parle d'un "club avec une histoire". L'affront est total: l'OM est alors plus défendu par le président de l'OL que par le sien. En privé, Aulas lâche qu’il n’aime pas Eyraud, son arrogance, et qu’il est un peu fleur bleue dans le foot. 

"Il vaut mieux avoir le président Aulas avec soi que contre soi"

C'est pourtant bien à Eyraud que le président lyonnais demandera conseil avant d'embaucher Rudi Garcia. Le choix, très surprenant, qui rend cet OM-OL de novembre 2019 encore plus bouillant, vu l'accueil que le Vélodrome va réserver à son ex-coach. Dès sa conférence de présentation, Garcia a montré la couleur. "J'étais un peu seul, a confessé le nouveau coach de l'OL sur son passage marseillais. Je ne suis pas là pour brosser dans le sens du poil mes dirigeants, parce que j’en ai passé l’âge, mais je pense qu’il vaut mieux avoir le président Jean-Michel Aulas avec soi que contre soi." Il a quand même encensé Eyraud vendredi, à deux jours de son retour à Marseille. Où beaucoup de supporters, notamment la jeune génération, considèrent que la rivalité avec l'OL est désormais plus forte que celle face au PSG, trop déséquilibrée. Mais les Marseillais insistent sur un point pour dimanche: ils fêtent en priorité les 120 ans du club et cette histoire doit prendre le dessus sur le retour d’un homme qui n’était que de passage à Marseille.

Guillaume Lepère avec FGe