Orange, le foot sans images

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Depuis l’attribution du match de samedi soir à Orange, le petit monde du football voit rouge. Le nouveau diffuseur, qui est venu empiéter sur les plates-bandes de Canal+, est difficile d’accès. Pour qui veut voir l’affiche de 21h sur Orange Foot, il faut être abonné à la TV Orange, c'est-à-dire faire partie du 1,4 million de clients qui déboursent un minimum de 39, 90 euros par mois pour un pack Téléphone + Internet + TV via ADSL ou satellite. Mais à cette offre standard, il faut rajouter 6 euros par mois pour voir l’affiche du samedi soir, soit au final une enveloppe de 45,90 euros. Pour les non-abonnés, la facture s’envole, allant de 48,90 euros à 54,90. L’ardoise et l’attente deviennent carrément salées pour les abonnés d’autres opérateurs qui voudraient aller chez Orange.
L’incursion d’un nouveau diffuseur payant n’a pas tardé à provoquer une levée de bouclier chez les amateurs de ballon rond. Sur internet les forums de contestation se sont multipliés. A titre d’exemple, le manque d’accessibilité du match de samedi soir est devenu le sujet de prédilection des internautes de l’After Foot de la radio RMC et les auditeurs frustrés prennent d’assaut le standard de l’antenne, le 3216. Par ricochet, la grogne a gagné les clubs qui s’estiment pénalisés par la confidentialité d’Orange Foot. Paris, Lyon, Bordeaux et Marseille ont ainsi fait part de leur inquiétude à Frédéric Thiriez et à la Ligue de football professionnel. A la LFP, même si on se veut discret, on ne cache pas qu’on « est un peu déçu » par l’effet Orange sur la retransmission télévisée du championnat.
Orange voit son intérêt ailleurs
Les responsables d’Orange se sont bien fendus de quelques opérations de communication dans la presse, ces derniers jours, pour fêter leur premier mois en L1, le diffuseur-opérateur affirme être droit dans ses bottes. « Nous sommes des industriels et pas des diffuseurs pur et dur », affirme-t-on ainsi. Orange se sert du football pour développer son implantation dans les foyers. C’est ce qui s’appelle une « stratégie à long terme ». Et tant pis pour les amateurs traditionnels de football qui s’insurgent contre le surcout lié à la multiplication des abonnements. Orange a dit Niet à toute baisse tarifaire de son offre. Sans état d’âme, l’opérateur renvoie les consommateurs mécontents à la hotline d’Orange : « Aux fans qui se sentent perdus, appelez le 1014 et on vous expliquera tout »… Autrement dit, prenez ou partez. Orange, qui a déboursé 135 millions d’euros par an jusqu’en 2012 pour le lot du match de 21h samedi, n’attend par un retour sur investissement purement comptable. Dans la stratégie de l’opérateur téléphonique, le foot fait plutôt office d’habillage glamour permettant de populariser la marque Orange, autour de ses déclinaisons (téléphone portable, livebox), ce qu’on appelle du « branding ».
La LFP dans l’embarras
Face à la grogne des téléspectateurs et l’inflexibilité d’Orange, la Ligue de football professionnelle n’a pas de marge de manœuvre ? Initiatrice du saucissonnage des droits télévisés du championnat, afin de contrecarrer l’offensive de Canal+ qui demandait à revoir à la baisse l’appel d’offre, la LFP a été à l’origine du résultat actuel. Suspectée de chercher des solutions pour donner satisfaction aux clubs, la Ligue s’est récemment fendue d’un démenti par communiqué : « Suite aux informations erronées parues le 18 septembre 2008 sur le site www.numerama.com, la Ligue de Football Professionnel dément catégoriquement avoir le projet de diffuser elle-même des images de Ligue 1 sur Internet. Les droits de diffusion des matches de Ligue 1 sur Internet ont été attribués à Canal+ et Orange. » A défaut, l’instance détentrice des droits TV a demandé à Orange d’« améliorer sa communication » à destination des supporteurs. Pas de quoi déstabiliser l’opérateur-diffuseur. Mais si la protestation venait à enfler, la Ligue et Orange pourraient-ils continuer à ne rien faire ?